Un train est passé

Alain Mathieu

Loin du métal,près de la voie,
J'ai senti le frisson,
Le frisson de mon toit,
Ma solitude en émoi

Aujourd'hui,mon dernier jour,
La pointeuse a rougi,
Je n'ai rien fait pour,
A genoux traider à ce puits


Un dernier pas hors de l'usine,
Une clé dans un barillet,
Un moteur qui se résigne
A affronter le manque de prime

Et voici que je m'emmèle les pieds,
Je n'ai plus le coeur à écrire,
Ma main sur mon ame pour ne pas crier
Et surtout, pour ne pas rougir

Ce n'est pas de ma faute
Ni de la leur,ces précieux,
La vie est ainsi fausse,
Mortuaire pour mes aieux

Ma carcasse a fini par se secouer,
Ma guimbarde a fini par vrombir
Les virages ont pris leur pied,
Retenant leur drole de sourire

Alors j'ai fini la ligne droite,
Les barrières bien fermées,
Un grand souffle,les mains moites,
Et ce grand train est passé.

A.Mathieu


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