Un trait noir sur le blanc
pierre-m
Juste un trait noir sur le blanc, comme un coup de crayon en travers de la page. Sans aucun sens ni direction. Je goutte au silence d'un paysage en hiver.
L'ambiance feutrée, molletonnée, renforce la monotonie apparente de ce panorama polaire. Le ciel gorgé de nuages, les arbres emprisonnés dans leur corset de glace, tous les champs autour recouverts d'un épais manteau de neige, dont les plis et les replis sont sculptés par le vent, tout est blanc — Le monde prisonnier d'un camaïeu givré.
Seule une route, un trait noir et torturé qui se déroule et s'enroule en d'infinis lacets, comme un fil de réglisse déplié sur des montagnes de sucre. L'amertume qui embrasse la douceur, la mort qui traverse la vie — Un trait noir sur le blanc.
Une phrase me revient en mémoire : « Ce n'est pas la vérité qui crève les yeux du héros mais la vitesse avec laquelle elle lui parvient. » Comme cette lumière traverse le monde, diffuse et invisible, mais qui nous donne à voir le reste, nous dévoile le blanc, nous fait le cadeau du vivant, et de la mort.
Juste un trait noir sur le blanc.