Une carte - Un personnage - Une histoire

Collectif D'auteurs Atelier Les Cris De L'écrit

Yvette - Atelier du 14 mars 2017

 

Je m'appelle Gabrielle, j'avais 20 ans au moment où fut prise la photographie. Il y avait 2 ans que la longue guerre de 14-18 avait pris fin. 

Malgré l'hécatombe, la vie avait repris doucement mais beaucoup de transformations étaient apparues dans tous les domaines : les femmes, qui avaient joué un rôle primordial pendant que les hommes étaient au front, commençaient à se libérer. Cela s'est vu rapidement, en particulier dans le costume comme vous pourrez le constater en regardant cette photo. 

Je m'étais fait photographiée pour envoyer ce portrait à mon fiancé qui partait en déplacement pour un long moment. 

J'avais soigné ma toilette pour être à la nouvelle mode, celle des « années folles ». 

Finies les robes austères, de couleur sombre, avec un col montant, les manches longues et les jupes jusqu'aux chevilles, finis les corsets qui vous serraient jusqu'à vous étouffer à tel point que vous risquiez la syncope à la fin d'un bon repas. 

Ma robe était en tissus léger, beige clair, avec un empiècement transparent de tulle orné d'un cordonnet satiné harmonieusement disposé. Mon corsage, largement décolleté, faisait ressortir la ligne harmonieuse de mon cou et de mes épaules. Mes bras étaient nus : toutes choses qui auraient fait scandale quelques années auparavant. 

J'avais coupé mes cheveux. Mon grand chapeau encadrait agréablement mon visage. Plus besoin de passer du temps chaque matin à brosser ma chevelure, faire des nattes, des chignons avec un tas d'épingles et de peignes. 

Mon collier, ma ceinture étaient à la dernière mode avec des éléments métalliques : la mode « art déco »… les broderies sur tulle qui ornent mon corsage et mon chapeau s'inspiraient également des dessins des artistes à la mode. 

Le photographe avait placé dans mes mains un livre. C'était le symbole de l'évolution de la femme qui ne restait plus prisonnière des tâches ménagères… qui prenait le temps de se donner du bon temps et pour couronner le tout, j'étais légèrement maquillée…. Auparavant, seules les femmes de mauvaise vie se «barbouillaient» le visage avec des fards agressifs. 

Mon petit coup d'œil en coin reflétait ma pensée : « Il sera étonné de me voir ainsi… j'espère que ça lui plaira ». 

 

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