Une chance unique que je confesse

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.. .. Elle est à quoi la pizza que tu nous a amené?.. Je lui demande ce qui met fin à ma réflexion et correspond mieux au fil de la soirée.

Viande rôtie et piment.. Elle me fait l’air gourmand en se pinçant les lèvres. Et t’as vu un peu ça ;. Regarde.. Elle rajoute.

Elle déballe une bouteille de Bourgogne. T’as gagné au loto.. Je siffle d’admiration en découvrant l’étiquette.

Attend. Elle continue.  je prends une douche vite fait.. Je suis crade.. toute la journée debout par cette chaleur..

Je glousse en la voyant se lever sans perdre une seconde. Puis je mets de la musique et adoucit encore l’éclairage. Croisant l'heure sur mon portable je constate qu’il va être une plombe du mat'. Après une journée comme celle que je viens de passer je me dis que je devrais être crevé à mort, mais il n’en est rien. Une force enivrante me tient et la nuit d’encre qui nous entoure sert de linceul à la partie de moi qui a souffert. De toute façon je ne vis jamais pleinement alors j’ai l’habitude. La partie de moi qui tient encore debout se contenterait du murmure de l’eau qui coule. Relevant la tête je distingue l’ombre de Sarah pliée en deux et qui se défait du slip à l’abri du rideau de douche. De toute façon c’est tellement petit chez moi qu’il n’y a vraiment rien à cacher. La douche proprement dite se trouve dans un renfoncement assez curieux. Quand au lit vers le fond à droite par rapport à l’entrée, il est vaguement protégé du fait d’une échappée en L que l’on retrouve à l’extérieur de la maison. La grande pièce où je me situe ressemble à un double garage aménagé. Bénéficiant d’un vague arceau de ciment au milieu, j’ai pu dédier une moitié à tout ce qui est cuisine et dans l’autre j’ai planté mon bureau, tournant le dos au fauteuil de simili cuir. Sur celui-ci deux personnes prennent place aisément et comme il s’agit presque toujours de Sarah et moi nous pouvons dire que l’usage réel de cet endroit ne se résume pas à y regarder la télé. D’ailleurs je l’aperçois cette dernière grippée dans sa poussière et mélancolique au-dessus de la caisse en bois qui lui sert de support. Je ne suis même pas certain qu’elle marche toujours, depuis le temps qu’elle n’a pas été allumée. Il n’y a vraiment rien de luxueux dans cette habitation, pourtant je ressens un sentiment de bien-être dès que je passe la porte. Cela ne tient à rien d’autre je crois, qu’ici je suis chez moi. Et aussi pauvre que cela puisse paraître, ma vie et la masure ont réussi à s’entendre, ne serait-ce qu’au travers d’une foule de détails comme la petite table de bois sous la fausse véranda qui me voit prendre mon déjeuner à peu près neuf matins sur dix dans l’année. Il faut au moins une température proche du zéro ou des hectolitres de pluie à n’en plus finir pour me détourner de mes petites habitudes. Modestes sûrement, mais qui me comblent, donc aussi satisfaisantes que n’importe quel caprice de milliardaire. Voilà mon échelle de valeur et c’est bien ainsi que je vois la vie, je suis incorruptible d’une certaine manière. Ma modestie je ne le sais que trop, est toute feinte. Je raconte là des choses qui ne se disent jamais à haute voix. Qu’il est bien plus simple d’écrire. La vie n’étant pas faite pour des sentiments simples et sincères. Cela serait trop moral et prévisible. Dans l'existence nous sommes tous des menteurs et des comédiens, c’est rien que du cinéma. Quoique je n’échappe pas à la règle, et je m’y connais aussi pour ce qui est de jouer la comédie, j’ai la chance d’avoir compris le système. Cela fait de moi quelqu’un à part. Tout Simplement parce que je suis Capable de vivre Pour un Seul vrai Spectateur.. Dans les dimensions de ma maison je tiens un rôle parfait et taillé sur mesure jusque dans les plus petits détails. Je possède une chance unique, que je confesse là pour la première fois (Pour quelle raison ?..).. Dans mon univers je tiens le rôle de ma vie... Avec une modestie de moyens parfaitement adaptée au scénario. C’est dès que je referme la porte derrière moi que ça redémarre, quand je me retrouve seul dans mon décor avec lequel je me suis fondu mais qui aussi a fait l’effort qui lui revenait, et bien là seulement je redeviens vraiment quelqu’un. Tout ça pour dire que la modestie est le plus souvent trompeuse. Chacun joue sa peau à tout instant, et c’est pas rien. Une peau si unique, si personnelle..  Comment imaginer qu’il puisse exister un seul être humain réellement modeste, alors qu’ils sont tous aussi mortels. Enfin, je me trompe peut-être. Et oui, cela doit être ça maintenant que j’y pense plus profondément. Si je m’en tiens à l’allure inconsciente que la plupart se croient malins d’arborer. Comme si on avait le droit de se montrer heureux en enfer.. ..

          http://www.youtube.com/watch?v=a1r21jzpbso&feature=related

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