Une dernière lettre avant que tu me quittes.
helenac
Bonjour ma Camille…
J’aurais tant de choses à te dire que je ne sais même pas trop par quel bout commencer…
Peut être, devrais je débuter par ces dix ans passés ensemble et par l’inconcevable idée que cela pourrait se terminer comme ça, pour ça, pour si peu…
Et quand on se recule, si on prend le temps de se poser sur le passé, je ne parviens pas à me souvenir de t’avoir connu malheureuse, quotidien ou pas. C’est vrai que depuis un peu plus d’un an, on a un peu déraillé, mais crois tu vraiment que c’est au quotidien que l’on doit reprocher ça ? Pendant 8 ans et demi, tu étais plutôt comblée par ton quotidien, par nos petites attentions mutuelles, par notre confiance, nos partages, nos points communs, nos différences aussi, par une vie assez peu conventionnelle finalement et ce sentiment que jamais l’existance de l’un ne bouffait trop celle de l’autre, même si je m’y suis sans doute un peu trop oublié et que quelque part, j’en subis le contre coup aujourd’hui (ce n’est pas un reproche contre toi, mais contre moi).
Je ne pense pas que tu pourras en dire le contraire et je voudrais juste que tu te demandes depuis quand ton quotidien te pèse tant. Tu devrais assez logiquement en venir à la conclusion que ça date de lui et ce n’est pas un hasard. Alors, bien sûr, tu pourras me répondre que depuis un an, je ne suis plus le même, que je suis plus sombre, plus renfermé, moins drôle ou moins gaie (ah la gaieté !)… que pendant quelques temps je t’ai délaissé, que je n’avais plus le cœur à rien, que j’avais perdu le goût du nous, que j’étais devenu négatif pour tout (même mort ou vif comme dirait Biolay!), et que petit à petit je me détachais… tu pourrais le dire et tu n’aurais pas tord, mais, tu le sais bien aussi, je sens les choses parfois différemment de toi et je savais les mots que vous aviez déjà l’un pour l’autre ou je me doutais de l’issue inéluctable (…oui je mets du vocabulaire classe pour tenter de me mettre en valeur quand même !) de tout ça… Combien de fois, j’ai tenté de te prévenir du danger ? Combien de fois j’ai voulu te faire comprendre que tu allais basculer… mais je n’ai pas réussi à te faire entendre raison et j’ai subis ça comme une monstrueuse (et poilue si tu veux !) trahison au regard de ce que j’avais l’impression de faire pour toi, de ce que je t’avais donné, de ce que nous avions déjà traversé ensemble, de la liberté que je t’avais laissé… si confiant.
Alors oui, j’étais moins bien, comme déchiré entre un immense sentiment d’injustice, un manque de reconnaissance et d’amour et une froide colère qui montait lentement… Je savais très bien ce qui allait arriver mais d’un autre côté j’essayais de m’accrocher à tes propos rassurants à tes mensonges aussi quelque part, même si je n’étais pas dupe… mais parfois, il est plus aisé de se mentir.
Tout ça pour en venir à cette image fruitière : le vers était entré dans la pomme de ton cœur et avait commencé à le ronger gaiement (encore !) dedans. Le quotidien ne nous a rien fait, Camille, c’est ce qu’il se plaît à te faire croire, mais il ne fait que transposer ce que lui a fait de son couple. Il faut dire que traiter sa Femme comme une aide ménagère ne doit pas contribuer à la mettre en valeur. Le quotidien c’est penser à l’autre avant de penser à soi, c’est toujours essayer de faire plaisir à l’autre, c’est faire des choses ensemble sans pour autant être trop attaché l’un à l’autre. Il est bien trop égocentrique pour ça. Nous ne l’étions pas.
Bon, tu as toujours eu ce joli petit égoïsme, mais j’étais important à tes yeux et depuis lui, je ne le suis plus et je ne le supporte pas bien, c’est ça plus que le quotidien qui nous a brisé et il en est bien plus responsable que tu ne veux bien le croire (penses tu réellement qu’il en est à son coup d’essai…).
Car il a ce pouvoir là, celui des gens aisés qui savent qu’ils peuvent facilement dominer les gens, les mettre sous leur emprise de manière naturelle. Il sait comment séduire, il sait comment broyer toutes résistances, comment soumettre quelqu’un à sa volonté, il sait les mots qu’il faut dire, ceux qui font rêver, ceux qui font aspirer à mieux, ceux qui te font croire que tu mérites mieux et que bien sûr… il sera là pour t’offrir ça… J’ai vu mon pote, Marco à l’œuvre avec ton Aurélie et il est de ces gens là. En moins de 3 semaines, il en faisait ce qu’il voulait et encore maintenant, s’il voulait, il pourrait lui dicter ses quatre volontés et la soumettre complètement (tu le sais bien). Et a t’elle été rien qu’une seule fois réellement heureuse avec lui ? Et encore, je savais qu’il saurait arrêter ça avant de faire trop de dégâts…
Ce n’est pas son cas, à lui.
Il est prêt à briser une famille pour son simple égo.
Crois moi, tu ne le connais pas…
Il sera incapable de t’apporter ce dont tu as besoin. Toi, il te faut quelqu’un qui sache t’écouter, te dorloter, soigner tes bobos, vider un peu le verre d’eau quand tu te noieras dedans, te soutenir, être attentif, te réconforter sans arrêt, te faire rire certes, mais être gentil avec toi. Accepter que ta famille est plus importante que tout, que ce bled qui te plait tant, c’est le paradis sur terre et que les dunes y’a pas mieux. Qui sera là, quand tu seras malade ou pas bien, qui te fera la popotte avec plaisir, qui t’emmènera en vacances un peu partout, qui pourra supporter les diverse odeurs qui émanent de tes pieds ou de ta bouche le matin, qui acceptera que tu aies sans arrêt envie d’aventure, qui supportera que les loisirs soient plus importants que le travail…et qui soit là avec toi dans les bons comme dans les mauvais moments.
S’il réunissait tout ça, je te laisserais.
Mais il n’est rien de tout ça.
C’est un séducteur, imbu de lui même et qui te coupera de tout. Il l’a déjà fait, le fera avec toi, puis recommencera. Tout ce qu’il veut c’est que tu sois heureuse, alors qu’il arrête de te bourrer le chou (oh la jolie expression !), de te démolir, de briser tout le monde ici… ou alors qu’il quitte sa pauvre copine, qu’il vienne s’installer ici et qu’il prenne soin de toi (et pas à distance, c’est trop facile…). Tu n’es pas faite pour vivre là bas et puis imagine les belles réunions de famille entre nos amis et lui… Hummm, concours de lancer de fourchettes !
Et puis d’abord, tu es faite pour vivre avec moi, on était très heureux ensemble avant lui, alors il n’y a pas de raison de ne pas retrouver ça… ça peut pas se finir comme ça puisqu’à terme tu serais malheureuse là bas et totalement soumise (ce n’est pas toi ça !) et moi… je me mettrai au vin cuit et au stilnox !
J’ai toujours été là, à chaque coup dur… lui dès qu’il se sent menacé, il s’enfuit et prend un malin plaisir à dire à tout le monde que t’en peux plus et que c’est toi qui t’accroche.
Un mec bien définitivement (et tu en sais vraiment très peu sur lui).
Je serais toujours là.
Je t’aime.