Une drogue à son nom

laironessa

Je l'aime mais je ne peux plus lui dire, il ne veut plus me voir ou m'écouter alors j'écris sans lui envoyer la lettre afin de vider les larmes de ma conscience.

Il y a eu l'avant toi. Ma construction dans cette nouvelle vie, mes premiers pas seule, ce désir de plaire pour moi et pour personne d'autre. Cette envie de liberté et de bonheur que je ne pouvais pas partager.

Et puis il y a eu cette rencontre avec toi, cette nuit après une journée de plaisir. Je m'attendais à rien, n'avait aucun désir. Tu m'as parlé, tu m'as regardé droit dans les yeux. C'était la première fois qu'on me regardait ainsi droit dans les yeux. Ça m'a touché, perturbé, enflammé. Tu avais un physique assez banal, pas le genre à me faire me retourner et pourtant plus tu me parlais et plus tu me plaisais. Tu as tissé quelque chose entre nous cette nuit-là, tu m'as donné des ailes alors que je ne m'y attendais pas. Je suis rentrée au petit matin sans ton numéro, connaissant uniquement ton prénom. J'ai passé le reste de ma courte nuit à prier que tu fasses le premier pas et que tu demandes le numéro à celle qui m'avait amenée dans ta soirée. J'ai passé quinze jours à penser à toi, à parler de toi l'air de rien, de comprendre que ma vie n'est pas comme dans un film. Et puis on m'a invité à nouveau. Ils étaient trois à me draguer à tour de rôle mais c'était toi que je cherchais dans la nuit. Il y avait trop de monde, trop de bruit et pourtant nous ne cessions de nous frôler. J'ai fait de nombreux pas vers toi, te taquiner, te parler, ne plus te quitter. Je n'ai pas compris alors que tu étais de ces gens qui agissent comme une drogue sur moi. On a conclu un accord et notre couple était scellé. On a quitté le monde pour aller se promener sous la pluie de l'hiver. On a dormi l'un contre l'autre et tu ne voulais pas que je parte quand mon réveil à sonner.  Tout m'avait semblé parfait alors. Comment aborder simplement ces six mois que nous avons passés. Il y avait des hauts et surtout des bas et pourtant on se voyait trois fois par semaine sans jamais se lasser ou trouver le temps long. Je désirais plus et tu voulais prendre ton temps. Je voulais prendre le train et toi flâner à la gare. J'ai perdu mon père et tu as été à côté de moi encore et encore. Je crois que tu n'as jamais su à quel point je t'en remercie encore aujourd'hui. Je prenais soin de toi comme une mère, je t'aimais comme une amoureuse, je te désirais comme une maitresse et nous rigolions comme des amis. C'était ainsi que nous aurions dû définir notre couple, deux bons amis qui couchent ensemble. On se voyait que de nuit ou presque. Je passais de nombreuses minutes à contempler le paysage urbain de la fenêtre de ton salon tandis que tu étais dans la chambre. Je restais au lit pour être avec toi alors que j'étais réveillée depuis plusieurs heures. Je t'ai reproché des choses sans jamais rien te dire. Je ne voulais pas briser cet équilibre. Il y avait toujours ta façon de me regarder droit dans les yeux, ce pour quoi j'avais craqué. Je ne pouvais pas passer une seconde sans que mon corps touche le tiens. Nous mangions les pieds collés l'un à l'autre, tu m'enlaçais lorsque je cuisinais, j'avais toujours mes doigts emmêlés dans tes cheveux soyeux. Toujours en contact jusqu'à ta main toujours posé au même endroit que l'on regarde un film ou que l'on dort. J'adorais ta timidité qui te faisait te cacher après l'amour, te faisait toujours demander si tu pouvais m'embrasser… Et puis j'ai continué à parler de toi encore et encore. Les gens se sont retournés contre moi, contre nous. Dès que je disais ton nom, on me répondait de te quitter. Les autres m'ont fait me questionner là où je ne voyais que soleil et puis un après-midi sans savoir pourquoi, je t'ai donné rendez-vous et je t'ai quitté. Je me souviens que je pleurais, je sanglotais même et toi tu me regardais calmement, en souriant doucement et me demandant d'arrêter de pleurer. Je ne sais même plus ce que j'ai pu te dire, à quel point j'ai dû te blesser. Tu m'as rendu la clef de mon appartement et tu es parti. Je me suis effondrée, j'ai voulu te courir après mais c'était trop tard, tu étais parti.

Il y a alors eu cet après toi. J'ai passé des jours entiers à pleurer, à me traîner. Je ne pouvais pas rester seule, j'étouffais. J'alternais entre mes journées de boulot, mes soirées chez mon meilleur ami, rentrant chez moi uniquement pour m'effondrer dans le lit, pleurer pour m'endormir. Je ne pouvais pas dormir sans un contact alors je me blottissais contre le mur ou je le touchais du bout des doigts, je serais mon oreiller contre moi. J'avais l'impression de me punir moi-même, je ne voyais que cette rupture comme ça, comme une punition. J'ai compris que tu en chiais autant que moi et j'ai été prise d'un doute. Je n'ai pas su quoi faire, je ne voulais pas du regard des autres sur moi. Et puis il y a eu ce jour où tu m'as dit froidement que c'était la meilleure décision. J'ai continué encore et encore ma descente aux enfers, m'habituant à ton absence. Nous ne pouvions pas vivre loin de l'autre alors nous avons voulu nous revoir, en ami. J'avais envie de te toucher, je n'osais plus te regarder. On a décidé de ne pas être ami, que c'était trop dur. On a discuté un peu et tu m'as posé un ultimatum. Je souffrais trop pour repartir en arrière. J'ai enchaînée les jours de désespoir, les envies de rien, les larmes incessantes, le vide. J'ai enchaînée les bêtises afin de me faire du mal pour ne plus avoir à penser à toi. J'ai déménagé pour ne plus voir ton ombre dans mon appartement. J'ai trouvé un homme pour t'oublier mais il ne m'a pas aidé. Je pensais encore plus à toi, je me demandais pourquoi être avec un autre alors que je veux être avec toi. Je t'ai croisé dans le métro, à peine aperçu et mon cœur a fait un bond avant que je ne me mette à pleurer. Nos dâtes importantes, je les attendais avec impatience. Je me souvenais de notre saint valentin, notre rencontre, ce que nous avions fait tel jour et pourquoi. J'ai eu la malchance de tomber sur un manipulateur, un connard de la pire espèce pour qui j'étais une merde sans nom. Il m'a trainé vers le bas et dans le plus profond puits je ne voyais plus que toi. Je t'ai écrit un message car je voulais être en contact avec ma lumière. On s'est donné rendez-vous et j'ai respirée à nouveau. Ça faisait plus de huit mois et pourtant j'avais l'impression de ne jamais t'avoir quitté. J'ai posé mon pied à côté du tiens, j'ai pris ton bras, caressé tes cheveux. J'ai souri grâce à toi alors que ça faisait des mois entiers qu'ils n'avaient pas étés aussi franc. Je me suis aperçu à quel point je t'aimais et que je ne pouvais pas vivre sans toi. Tu étais ma drogue. J'ai quitté l'autre et je t'ai donné à nouveau rendez-vous. J'avais encore besoin d'une piqure de toi qui me faisait planer les deux semaines suivantes. Nous sommes rentrés chez moi et nous avons laissé nos cœurs parler en laissant la conscience au fond de nos verres. Le lendemain, j'ai essayé de me souvenir de ce que tu prenais au petit déjeuner. J'étais en retard, j'ai mis mes escarpins, mon trench et je t'ai regardé. Tu étais devant mes baies vitrées à regarder ce paysage que tu trouvais magnifique. Moi, c'était toi que je trouvais beau. J'ai porté cette nouvelle en moi comme une mère porterait un enfant dans son ventre. Je l'ai couvé, adoré. Toutes les couleurs semblaient revenues. Tu m'as proposé des choses, comme si c'était avant et puis tu m'as assené un coup de poignard, le regard perdu, l'âme en peine. Tu ne voulais pas me faire souffrir et tu avais fait une erreur. Je n'arrête pas d'enchainer les erreurs depuis que je t'ai quitté et pour une fois je faisais quelque chose qui n'en était pas une. Pour toi, ce n'était rien d'autre. J'ai pleurée, sanglotée. J'ai vu ton fantôme devant ma baie vitrée et aujourd'hui je le vois encore. J'ai exprimée toute ma colère contre toi dans une lettre et depuis ce jour tu ne m'as plus rien dit. Moi qui avais compris que tu étais tout et que je n'étais qu'une idiote, je ne t'avais plus. J'ai laissé passer le temps, essayé de t'oublier, refait une énième cure de désintoxication à ton nom. J'ai eu envie de te revoir, d'avoir de nouveau ce liquide dans mes veines. J'ai compris en te voyant que je t'avais définitivement perdu. Nos huit amis n'ont pas suffi à me faire sourire avec franchise. Nous étions éloignés pour la première fois de notre vie. Mes yeux te fuyaient au lieu de te suivre. Tu m'as parlé une seule fois et ça a suffi à me faire pleurer. Tu n'en as rien su, je pense. J'ai vidé mon sac auprès de ton meilleur ami, expié mes fautes, mes erreurs, mes conneries. J'ai avoué que ma vie n'était qu'un flot d'heure inutile et que j'étais un drogué sans sa dose. Il m'a fait prendre conscience de tas de choses. Trop occupée à regarder mon cœur saignée j'en avais oublié que le tiens en avait aussi été réduit en cendre dans l'explosion de ma propre bombe. J'ai compris alors à quel point j'avais pu te blesser, te détruire. Je n'avais jamais pensé que mes conneries auraient pu toucher quelqu'un d'autre que moi et on m'annonçait théâtralement que toutes mes erreurs n'avaient eu pour conséquence de nous détruire et de nous éloigner encore et encore. Tout était de ma faute, tout. Tu n'étais que la brebis blessé d'une louve égoïste. J'ai vu alors que tu te tenais aussi à l'écart des autres, que tu ne parlais pas, ne buvait pas. Nous étions deux idiots amoureux et blessés et j'étais la cause de cette souffrance. Je suis rentrée chez moi sans t'avoir touché une seule fois à part pour te faire la bise. J'ai passé tout le lendemain à pleurer face à la connerie et à la connasse que le reflet du miroir me renvoyait de moi. J'ai pleurée encore et encore et mon seul désir était de te voir, de te serrer contre moi et de te demander pardon encore et encore, des heures entières. Je m'étais aperçue de mon erreur, de toutes mes erreurs et j'en étais désolée. Mais tu n'as pas répondu à mes messages. Je t'ai alors écrit un texto, comment dire en quelques lignes un discours émouvant d'une heure. Je n'ai pas demandé pardon ni fait état de ma pensée, je t'ai juste dit que je te laissais le temps, que les décisions viendraient de toi et que je ne voulais plus faire d'erreurs de peur de briser l'amitié que nous étions en train d'essayer de construire. Tu ne m'as pas répondu et à ce jour je n'ai toujours aucune nouvelle. Je pète encore des plombs à ton sujet, je me réveille en pleur, t'imagine dans mes fantasmes, rêve de toi. Je ne veux plus te voir car je souffre trop mais je suis à deux doigts de prendre ma voiture pour te voir. Mes amies me disent que c'est ça l'amour. Alors l'amour est bêtise et souffrance.

Je voudrais te dire que j'ai grandi, que j'ai compris. J'ai vu mes erreurs, mes bêtises et je les regrette. Ce que je regrette surtout c'est que tu ais fait les frais de mon idiotie. Je voulais te protéger et je n'ai fait que te détruire. J'ai vu à quel point notre relation n'avait été tissée qu'à travers le regard des autres et non pas à travers mes désirs et que la suite a été de même. Aujourd'hui, je me fous royalement de ce que les gens pensent de moi, pensent de nous. J'ai accepté l'idée que j'étais la seule capable de définir ce qui est bon pour moi et que les autres n'ont rien à me dire. Je voulais te dire à quel point je suis désolée et que j'accepte de taire mon amour pour toi afin de ne pas détruire l'amitié que nous pourrions avoir. Je sais que c'est utopique car tu es ma drogue et je ne peux me passer de toi. Je t'ai menti, j'ai fait celle pour qui tout allait bien, tout était maîtrisé mais c'était faux et je veux que tu le saches. Je regrette de t'avoir menti et de t'avoir envoyé cette lettre sans comprendre que tu étais blessé toi aussi. La vie viendra avec le temps, je ne souhaite plus rien. Je suis jeune, je ne veux pas me marier ou avoir des enfants, pas avant cinq ans. Je veux juste être jeune encore, aimer sans réfléchir, avancer, m'épanouir. Si ce n'est pas avec toi alors ce ne sera avec personne. Soit c'est toi soit je reste célibataire longtemps et j'observerai ton fantôme me dire à quel point la vue de mon balcon est magnifique.

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