Une enfance

Christine Bruyere

1er janvier 1900, 1 heure du matin, il a poussé son premier vagissement.

31 décembre de la même année, entre sa nurse et sa sœur ainée il a fait son premier pas. Cela a été dûment relaté à ses parents.

20 janvier 1903, il a profité de l'absence de sa nurse pour s'aventurer au rez-de-chaussée. Il s'est assis devant la porte d'entrée. Il s'est levé. Il s'est mis sur la pointe des pieds. Il a entrebâillé la lourde porte. Il s'est faufilé dehors. Il a fait ses premiers pas dans la rue.

20 janvier 1903, le soir, son signalement a été donné à la police de quartier.

25 décembre 1904, il a quitté le réduit sordide dans lequel il était séquestré. Il a descendu les escaliers brinqueballant. Il voulait voir le ciel. Ce jour-là, le ciel était bleu. Il a marché dans la rue. Il n'a pas quitté le ciel des yeux. Chancelants étaient ses premiers pas.

25 décembre 1904, la nuit est tombée. Il s'est senti fatigué. Il s'est assis sur le trottoir. Une gentille dame l'a accompagné au poste de police. On lui a donné un morceau de pain ... d'épice. Il a dormi.

26 décembre 1904, l'agent de service n'avait rien à faire. Il s'est amusé avec lui. Il a bien aimé. Il a encore dormi.

27 décembre 1904, un nouvel agent des forces de l'ordre est arrivé. L'enfant ne l'a pas aimé. L'agent a étudié les registres de l'année. Il n'a rien trouvé. Il a pris ceux de l'année précédente. Il a trouvé une déclaration concernant un enfant égaré. Il a fermé le poste de police. Il a pris l'enfant par la main. Il l'a trainé à l'adresse indiquée. C'était dans les beaux quartiers. L'enfant a couru pour faire ces derniers pas.

Devant la porte d'entrée, l'enfant a dit : « Oh ! ».

L'officier de police a sonné.

Le majordome a ouvert, il a dit : « Ah ! ». Il a ajouté : « attendez ! ».

Une petite fille a descendu l'escalier. Elle a dit : « Ah ! C'est toi ! Mais où étais-tu passé ? »

Une dame est sortie du salon. L'enfant l'a regardée. Il a dit : « Non, pas mère ! ».

Il a lâché la main du policier. Il s'est élancé dans l'escalier. Il ouvert la porte de la nurserie. Nounou était là. Elle ouvert ses bras. Il s'y est précipité. Il a dit « Ouh ! ».

Enfin, il a pleuré.

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