Une fausse-couche? Deux jours de repos et il n'y paraîtra plus
sylvie_tellor
Pour eux ce n'était qu'un incident. Oui, c'était triste bien sûr de n'avoir pas mené cette grossesse (et les précédentes) à terme, mais ce n'était pas grave. Au bout du compte, il y aurait un enfant un jour, c'était certain.
Ah oui, facile à dire ! Ils avaient beau ignorer cette douleur physique et morale, moi je la vivais de ma chair.
Par 3 fois, j'ai fait cette douloureuse expérience. Une fausse-couche dit-on, un événement presque anecdotique tellement il est fréquent et passe souvent inaperçu. On entend parfois qu'1 grossesse sur 3 se termine ainsi, avant 12 semaines, avant même que la future maman n'ait pu annoncer sa grossesse. Alors pourquoi s'émouvoir d'une grossesse à peine entamée dont ils n'avaient même pas connaissance ?
Peu importe les statistiques. Et se terminer « ainsi », cela veut dire quoi exactement ? Comment l'imaginent-t-ils ? Un filet de sang, quelques crampes dans le bas ventre…un mauvais moment à passer mais un incident vite oublié ?
Ont-ils seulement conscience des mois ou des années qu'il a peut-être fallu attendre pour voir enfin un signe positif sur le test de grossesse ? Ont-ils conscience de la joie ressentie à ce moment-là qui s'évanouit brutalement quelques semaines plus tard ? Et des premiers symptômes de la grossesse, souvent désagréables, handicapant même ? De ce renflement du ventre, des premières étapes médicales angoissantes(prises de sang, rdv médicaux, échographie pelvienne, puis abdominale si on a la chance d'arriver jusque-là) ? Peuvent-ils imaginer une seule seconde ce que l'ex-future maman peut vivre lorsqu'elle se met à pisser le sang au-dessus de la cuvette des toilettes, pliée en deux ? Ou bien que le médecin lui annonce qu'il y a bien une poche mais pas d'embryon, que le cœur ne bat pas, qu'il mesure le fœtus dans tous les sens et qu'il trouve que quelque chose cloche, qu'il faudra revenir, que le cœur ne bat plus, qu'il va falloir se faire opérer ?
Non, ils n'imaginent rien de tout cela parce que sauf à y avoir été confronté, ils ignorent tout ou presque de la fausse-couche et des curetages qu'il faut le plus souvent subir pour nettoyer l'utérus d'une grossesse avortée.
Ne leur en voulons pas, la fausse-couche n'est pas un sujet tendance, ni un phénomène de société. Ce n'est qu'une douleur sourde que les femmes endurent en silence, heureusement épaulées par des conjoints qui font de leur mieux pour les consoler, leur tenir la main avant et après l'opération et épargner le couple des conséquences de ce petit accident de la vie.
Petit accident oui, mais accident tout de même, provoquant un vide immense dans le corps et le cœur de celles qui le subissent.
Si je formule ici un souhait, c'est de ne pas nier cette douleur. N'ignorons pas cette perte et ce petit être qui ne verra jamais le jour. Faisons-lui une place dans nos cœurs, prenons soin de ce corps qui cicatrise. Soyons délicats et ne mettons pas un bébé sous le nez d'une femme qui vient de voir s'évanouir son rêve d'attendre le sien. Épaulons ceux qui, parfois au travers d'une discussion, avouent traverser cette épreuve et trouver cela difficile.
Merci pour ce témoignage ♥️
· Il y a plus de 2 ans ·Thérèse Sturm
souvent ce sont ce que l'on nomme 'avortements spontanés' ; la nature est bien faite et pour x raisons, ces embryons s'évitent ainsi de lourds handicaps. Mais cela console si peu.
· Il y a presque 5 ans ·l'espoir doit demeurer intact cependant. Mais pas d'acharnement si la grossesse ne veut pas éclore.
courage, prenez soin de vous.
li-belle-lule
Effectivement, cela ne console pas vraiment. Merci. Je suis chanceuse, j'ai eu 2 enfants depuis.
· Il y a presque 5 ans ·sylvie_tellor