Panique dans le froid

[Nero] Black Word

La peur dans une rue en plein hiver, avec une menace se rapprochant dans le dos...


Il y avait trop de nuages pour savoir si le soleil était en train de se coucher, mais les rues se faisaient plus sombres et plus fraîches en plus d'être noyées par les vents. A l'exception des sans-abris, chaque habitant marchait dans le silence jusqu'à son domicile, emmitouflés dans leurs vêtements, les yeux aveugles à tous ce qui les entouraient.

Les pas que faisaient Arno sur les pavés étaient rapides, précipités, les bras resserrés contre lui, son manteau recouvrant la moitié de son visage, il regardait de tous les côtés. Son cœur concurrençait le rythme de sa marche. Ses yeux passaient et repassaient dans toutes les rues qui l'entouraient, sur chaque personne qu'il croisait. Les coins sombres et les regards des gens ne faisaient qu'amplifier sa peur.

A chacun de ses soupirs, ponctués par le tambourinement dans sa poitrine, il laissait derrière lui des nuages de vapeur éphémères. Autour de lui gravitaient des ombres, des yeux le dévisageant. Il savait qu'il était suivi, que dans son dos s'approchaient des silhouettes à formes vaguement humaines, et que derrière chacun de ses pas résonnaient comme un écho la marche de quelqu'un d'autre. Où quelque chose d'autre.

Arno sentait que dans l'ombre, une main s'approchait comme la mâchoire d'un requin pour se refermer sur lui. A cette pensée, le froid s'immisça sur sa peau, sous la forme d'un frisson.

Son souffle entre ses dents devint tremblant. Ses yeux s'affolaient en regardant dans chaque recoins qui l'entouraient. Ses mains se resserrèrent d'avantage sur l'ouverture de son manteau. Il accéléra encore le pas, fuyant les abysses qu'il observait et qui l'observaient lui.

Alors qu'un bruit brutal venait de se faire entendre quelque part autour de lui, son regard se porta avec espoir sur le nom de la prochaine rue, cela même où il résidait, cela même où sa petite amie l'attendait. Ses chaussures émettaient un écho que ses oreilles ne parvenait plus à supporter. La panique et la fatigue le rendait plus maladroit et plus inquiet, Arno pressa encore le pas jusqu'à arriver devant sa porte.

L'entrée de cette immeuble avait souvent été une source de salut, il se rassurait de ses craintes à chaque fois qu'il franchissait cette vieille arche de pierre et entendait le bruit de la serrure se refermer.

Mettant sa main tremblante dans sa poche, il en sortit un trousseau de trois clés qui, à cause du froid et de sa peur, glissèrent de ses doigts comme un savon humide. La panique remonta rapidement en lui, comme la lave d'un volcan sur le point d'entrer en éruption, quand le contact métallique s'échappa de sa main et résonna sur le sol marbré à ses pieds. 

Craignant que ce qui s'approchait de lui dans son dos ai le temps de resserrer son étreinte sur lui, Arno bondit presque aussitôt sur ses clés, les serrèrent de toutes ses forces avant de toutes les examiner pour trouver la bonne. Cette dernière était usée, légèrement tordue à force d'ouvrir cette épaisse porte. Il la glissa maladroitement dans la serrure et la tourna, priant intérieurement pour qu'elle ne cède pas maintenant.

A peine le mécanisme fut-il enclenché que Arno entra en trombe dans le couloir et couru dans l'escalier en colimaçon avant de s'arrêter devant la porte de son appartement. Son corps était parcouru de spasme, au point que sa vision était devenue trouble.

La tête appuyée contre la porte, la respiration devenue pénible, et malgré une douleur dans la poitrine, il tourna la clé dans la serrure et rentra enfin chez lui.



S'abandonnant complètement sur le canapé, calmant doucement ses craintes, un vague visage familier se pencha au dessus de lui. De sa bouche souriante et narquoise s'éleva la voix moqueuse de celui avec qui il partage son appartement. 

"Et bien Arno, tu nous refait encore une crise ?

- Et si c'était vrai ?

- Ha ha ha ha !"


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