Une histoire juste une histoire
anthala
Le ciel s’était brusquement obscurci. Les nuages avaient pris place et allaient bientôt s’embrasser et se briser pour déverser leurs larmes sur Paris. Les rues se bouchaient au fur et à mesure au rythme des sorties de bureaux. La pluie n’allait certainement pas améliorer la situation. Quel temps de chien, les couleurs de notre belle cité tournaient vers le gris. Chacun essayait de finir rapidement ces courses avant l’orage.
Marie marchait lentement sur le trottoir d’une des plus riches avenues de Paris, l’Avenue Mozart. De belles demeures trônent de chaque côté, parfois bien cachées par des façades sans aucune apparence. Les gouttes commençaient à marteler le sol, des flaques grandissaient sous ses pas lents. La température baissait, mais sa tenue légère ne l’empêchait pas de continuer son chemin sans sourciller. Qu’avait-elle en tête ce jour là pour que les éléments extérieurs ne la perturbent ainsi.
Les rues devenaient de plus en plus noires de monde, les voitures klaxonnaient pour s’extirper d’une circulation difficile comme chaque jour de mauvais temps. Marchant toujours aussi lentement sur le bord du trottoir, une voiture passa si près d’elle, qu’une gerbe d’eau l’éclaboussa. Trempé jusqu’aux os, imperturbable elle continuait sa route.
A l’autre bout de paris, sous la pluie torrentielle, Julien courrait pour se réfugier dans son studio de fortune. Quelques vieux meubles occupaient l’espace. Des meubles de première nécessité, couverts de poussières et de déchets divers. Il pénétra dans son studio, l’idée d’un rangement ou d’un nettoyage lui effleura l’esprit, mais sa préoccupation du moment prenait le dessus.
18h00, Monsieur de Courty rentrait chez lui. La porte automatique de son parking s’ouvrit, comme à son habitude, il se dirigea vers sa place et pris l’ascenseur pour rejoindre son doux et luxueux foyer. La porte franchit, sa femme l’attendait « tu es rentré chéri » cria t’elle de l’autre bout de leur appartement. Occupé à préparer le dîner, elle regardait d’un œil son feuilleton favori sur un petit écran accroché au mur de sa cuisine.
Monsieur de Courty avait l’habitude de cet accueil. Son verre de whisky l’attendait sur la petite table du salon avec le journal du jour. Une organisation parfaite se disait-il parfois…même un peu trop à son goût. L’aventure ne faisait pas partie de son quotidien. La bonne vie bien bourgeoise où tout est prévu !
Marie arriva devant l’entrée du métro. Elle hésita un instant. Sa tête était perturbée, elle ne savait pas si sa décision n’allait pas l’entraîner dans une situation inextricable. Finalement sont but était trop important à ses yeux pour qu’elle fasse chemin arrière, « je l’aime, il faut que je le rejoigne au plus vite » pensait-elle. Station Mozart, agglutiné sur le quai, les gens attendaient le métro. Au moins ils étaient à l’abri et pas trop pressés de quitter cet abri. Une vieille dame en guenille assise sur un banc tendait la main sans trop de motivation. Ce n’est pas forcement dans les plus belles stations que le cœur des gens est le plus tendre. Le regard des locataires de la station se tournait systématiquement à l’opposé quand elle essayait de chuchoter quelques mots « une petite pièce pour manger s’vous plait Madame, Monsieur ».
Soudain les mots de la vielle dame se dissipèrent dans le bruit de la rame qui rentrait en gare. Marie montait dans le premier wagon et se dirigea vers le premier strapontin de libre. La bataille acharnée des visiteurs pour poser un coin de fesse était grotesque. Une bousculade incontrôlée poussa Marie vers le fond du wagon et elle dut renoncer à s’asseoir.
Julien venait de finir la préparation de son élixir. Il s’allongea et d’un coup il s’injecta la substance dans son bras. Quelques instants s’écoulèrent avant que son visage ne se transforme et s’habille d’un rictus de bonheur. « ouhais, quel pieds ! » s’extasia t-il.
Monsieur et Madame de Courty installé tranquillement dans le salon échangeaient leurs avis sur les prochaines vacances, le lieu, avec qui, et si les enfants seraient du voyage, toutes les questions que se pose une famille « bien unie » et bien organisée.
Machinalement, Monsieur Courty regarda sa montre, 18h30. A cette heure Marie était déjà rentrée.
« As-tu eu des nouvelles de ta fille ce soir ?» demandait-il à sa femme.
« Non, elle n’a pas téléphoné, mais c’est vrai elle devrait être là, peut-être que la pluie retarde son retour » répondit-elle.
15 stations de métro séparaient Marie de son rendez-vous. Son cœur commençait à s’emballer, elle avait hâte de rejoindre l’homme qu’elle aimait et, avec qui elle avait décidé de franchir une nouvelle étape dans sa vie. Depuis des années sous la coupe de ses parents, elle vivait un cauchemar. Elle n’avait pas choisi sa famille, l’ambiance d’un foyer baignant dans l’apparence et le conformisme. Marre, elle en avait marre de cette vie qui ne correspondait pas à ses idées. Elle avait envie de vivre intensément tous les moments qui devaient marquer son existence. Tout au long du trajet elle essayait de se souvenir des bons moments qui auraient pu encore la faire changer d’avis. …la balance était vite fait dans sa tête, il n’y avait pas photo. Plus rien ne la retenait et surtout pas les mots de son père qui bien souvent ont dictés ces décisions et ses gestes. Quelles tristesses de devoir suivre un chemin dont on n’avait pas choisi la direction.
Julien se laissait glissé dans ce bonheur artificielle qui l’envahissait et le transportait loin d’un monde que lui aussi n’avait pas choisi. Leur route devait se croiser un jour.
Monsieur et Madame de Courty commençaient à s’inquiéter. Il était plus de 19h00 et toujours pas de nouvelles de Marie. C’était la première fois qu’elle ne revenait pas à la maison dans les temps. Les horaires étaient assez stricts et son père ne l’autorisait que peu de temps pour flâner avec ses amies.
« Je vais téléphoner à la police, vraiment je crois qu’il lui est arrivé quelques chose. » !
La suite très bientôt !
On attend la suite avec impatience
· Il y a plus de 13 ans ·Ghyslaine Bobillier