Une nuit de plus
vagabonde
Encore un soir. Seule
Peut-être est-ce pour toute la nuit. Je ne sais pas. Je ne sais jamais. Pour elle, ça doit paraître normal de me laisser dans le doute.
Je ne lui en veux pas. Ce serais mal placé de ma part. Je n'ai aucun droit sur elle, aucun droit de lui dicter ce qu'elle doit faire. Et puis, au fond, est ce que ça changerait quelque chose? Je ne pense même pas. Mais la question ne se pose pas. Elle fait ses choix, elle suit son chemin. Et je sais bien que je fais la même chose.
Mais cet homme. Effroyable. Distant. Froid. Inaccessible. Sûr de lui. Trop sûr de lui.
Cet humain sans l'ombre d'un sentiment. Qui ne fait face aux émotions qu'en public. Se crispant d'être obligé de sourire, de rire, pour persuader les gens de sa bonne foi. Et quand revient le temps d'une discussion tout ce qu'il y a de banale, en petit comité, sa froideur et son dédain reprennent soudainement leur place.
Comme si quelque chose l'empêchais de parler, de discuter ou même de rire sincèrement. Comme un inconfort constant.
Si je le pouvais, je compatirais. Je tenterai d'imaginer ce qu'il a pus vivre pour en être arrivé à tant de ressentiment.
S'il m'étais possible de le plaindre, je le plaindrais. Mais je n'y arrive pas. C'est au dessus de mes forces. Il est trop distant, inquiétant, présent. Trop bizarrement présent.
Je pense qu'il me fait peur, d'une certaine manière. Peut-être parce que je ne me suis jamais réellement confronter à lui. Sans doutes parce que je m'inquiète de ce qu'il pourrait lui faire à elle.
Sans parler de ses sentiments, de son coeur qu'il briserait, il détruirait aussi et surtout tout ce qu'elle a mis si longtemps à de rebâtir. Sa confiance en elle-même et en les autres.
Elle a déjà vécue tellement de choses. Elle en a enduré tant. Elle mérite sa part de bonheur, son temps de paix et de sérénité.