Une poupée Coréenne.

silvy-nocturne

Ce texte marque le début d'un très long cycle. J'espère de tout cœur pouvoir écrire jusqu'à la fin.

   Il avait plu toute la soirée. Une pluie fine, mais durable, qui avait réduit en boue la plus part des routes. La jeune femme avait passé la nuit chez M.Kim, elle sortit de cette demeure alors que l'aube perçait de grands nuages gris. Un fin brouillard barrait tout de même l'horizon, mais têtue et sûre d'elle même, elle s'assit sur son palanquin. Les quatre hommes habillés de gris avaient l'air mal réveillés, mais leur humble visage traduisait la fierté qu'ils éprouvaient en portant une femme aussi connue.
   Cela faisait déjà une demie-heure, qu'ils se salissaient, leurs pieds étaient crottés tout comme leurs jambes étaient trempées. La jeune femme restait aussi immobile qu'une statue sacrée. Tandis ce que le vent commençait à souffler, au loin un coup de tonnerre retentit. Celui-ci fut bientôt suivit par de lointains éclairs qui dessinaient de monstrueux traits lumineux plus hauts que les montagnes. La jeune femme ne s'en souciait guère, elle se pensait à l'abri sous son grand chapeau et sous le toit en toile colorée de son véhicule.
   Toutefois la nature, jalouse d'une telle beauté, s'acharna quelque peu et fit se déverser une quantité incroyable d'eau contenue dans de gros nuages qui surplombaient la contrée. Ne bougeant pas d'un cil, mais visiblement mécontente, la belle statue de chair ordonna à ses serviteurs de se hâte. Ce qu'ils firent de bon cœur, mais avec difficulté. Le plus ancien se plaignit à ses compagnons, cela faisait plus de trente ans qu'il était venu en Corée et jamais il n'avait assisté au spectacle d'une pluie aussi torrentielle. Le vent était tel que la jeune coréenne sentait la pluie s'engouffrer dans son épaisse jupe écarlate. Fâchée d'être trempée de la sorte elle ne s'aperçut guère qu'elle était arrivée. Ses serviteurs rabattirent bientôt les tissus de chaque côtés de sa diligence. Et le plus téméraire la ramena à la réalité en l'appelant par son prénom. Tout en jetant un regard noir à l'homme sot qui lui avait adressé la parole, elle sortit de son véhicule non sans mettre les deux pieds dans une imposante flaque d'eau. Au même moment ses délicats souliers devinrent plus foncés. Désespérée, elle courut aussi vite que sa longue et encombrante jupe lui permettait. Un de ses porteurs vint lui ouvrir la lourde porte de sa demeure. Elle s'engouffra enfin dans ce lieu sec, familier et tant attendu. Les hommes appelèrent de vive voix des servantes, l'un alla les chercher. Trempée jusqu'aux os la jeune femme aux airs de statue, jetait un œil critique à ses épaules et à son linge intérieur qui se devinait sous son jeogori. "Li Na-Yung, ma pauvre maîtresse, s'écria une vieille femme modestement vêtue, vous êtes aussi mouillée qu'une serpillière !"
   Pendant que les autres domestiques préparaient son bain, Na-Yung commença à frisonner. Morte de froid, elle s'approcha rapidement du feu au même moment on commença à lui enlever les pinces et les rubans qui attachaient sa complexe coiffure.
   Après de longues minutes, lui ayant semblé une éternité. On fit entrer Na-Yun dans une petite pièce. Au milieu de cette chambre trônait une gigantesque cuve en bois que des servantes remplissait à l'aide de seaux d'eau tantôt froide ou bouillante. Bientôt une atmosphère chaleureuse se fit sentir.
   Les bras tendus la jeune femme se fit dévêtir comme une poupée et bientôt son épais jupon lui fut enlevé. En linge intérieur, elle enjamba délicatement la grande bassine au même moment où la vieille dame déposait une multitudes d'huiles dans l'eau. Assise, elle pris ce liquide transparent dans ses fines mains et les porta délicatement sur son beau visage. Le fluide ruissela sur ses lèvres qui reprirent petit à petit leurs couleurs rosées. Les femmes s'activaient autour d'elle, mouillant sa belle et soyeuse chevelure et lui lavant ses longs bras. Elle aimait l'attention qu'on lui portait, c'est pour cela que la jeune femme restait encore une fois aussi immobile qu'une statue. Elle se sentait plus importante qu'elle ne l'était déjà. La preuve de sa notoriété était le rendez-vous que Lord Andrew Thompson lui avait accordé. Ce diplomate européen de grande importance envoyé par la reine d'un pays lointain -dont elle ne se souvenait plus le nom- était aux dires de tous doté d'une grande influence tout comme d'une charmante beauté.


                                                                    Fin juin 2013

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