Une presqu'îl

onizu-k

Entre (c)iel, terre et océan...
Je vais vous conter l'histoire d'une presqu'îl
Un peu perdue entre la terre et l'océan
D'un côté lui, si libre et si subtil
Et de l'autre elle qu'on croirait prédominante

Elle, musclée de reliefs au caractère de roche
Lui, ses courbes aussi douces que furies assassines
La presqu'îl ne sait à qui des deux elle s'accroche
Et qui fixe les traits torturés qui la dessinent

Est elle ancrée ou bien serait ce qu'elle navigue
Quand elle sent le vent des normes venir souffler sur ses côtes
Tant de gens parlent sur elle, la presqu'îl ça la fatigue
Elle aimerait s'isoler, que ses falaises soient plus hautes

Déjà qu'elle déprimait à ne plus savoir quoi penser
Pourquoi faudrait il absolument qu'elle se définisse
La presqu'îl, elle trouve ces débats insensés
Vu que ses désirs s'accomplissent sans qu'elle ait besoin d'un pénis

La voûte céleste vient ajouter son grain de ciel
Il ou elle, apparemment ça n'était pas suffisant
L'universel apporte sa dose de superficiel
Un pompeux iel arrive avec son air triomphant

La presqu'îl, elle n'aime pas trop le genre qu'il se donne
Le ciel est si changeant qu'elle préfère se méfier
Elle sait qu'il aime être vu et qu'il en fait des tonnes
Ainsi que la terre et l'océan ne peuvent se combiner

Le ciel de colère laisse éclater toute sa foudre
Au moins sous la tempête toutes les peurs sont égales
Pour lui le monde est coupable, il ne peut se résoudre
Qu'on puisse être soi-même sans pour autant penser à mal

L'océan tout vénère veut alors la recouvrir
Il déclenche contre elle ses plus puissants ras de marée
De loin, la terre vibre et sent la presqu'île frémir
Et fait tout pour qu'à elle, elle puisse rester amarrer

Presqu'îl vivante que l'on préférerait fossile
Mise à nue de tornades cachées sous les arc en ciel
Elle résiste aux temps pourris, elle ne joue pas les dociles
Face aux intempéries de la fausse culture Cancel

Après tant de débats, tant d'arguments tsunamis
Elle peut enfin respirer et retrouver tout son calme
Pourquoi tant de manières pour m'imposer qui je suis
Se dit elle incapable de comprendre les causes de ce mélodrame

Elle sait bien que ses plages sont un bout d'océan
Qu'elle lui doit ses parfums et le son lancinant de ses vagues
Qu'est-elle si petite, si fragile devant ce géant
Elle est un doigt de terre à qui il a mis la bague

Elle pourrait se confondre et être ainsi son semblable
Mais elle est une matière ferme sur laquelle on pose les pieds
Qu'on la dise d'eau ou d'air c'est juste invraisemblable
Il est des vérités que l'on ne peut pas éviter

Alors qu'on laisse tranquille cette petite presqu'îl
Elle est d'une nature qui n'est pas artificielle
Il est stérile cet air de dire cette terre est plus qu'une île
Car même presqu'îl elle restera uniquement elle

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