Une semaine avec toi

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Samedi soir : un samedi soir comme un autre, une soirée simple entre amis, sans apprêt, sans attente, juste le bonheur d'un moment ordinaire mais précieux.

Samedi soir et quelques heures plus tard ou dimanche plus exactement, il est 3h environ lorsque je t'attrape par le bras sans trop savoir pourquoi…tu es là, j'entends ta voix quelque part dans les brumes de l'alcool, je t'entends, toi qui semble ne pas vouloir que la soirée s'arrête, et j'aime ça, je veux que cette nuit dure juste encore un peu.

Nos bras restent accrochés à mesure que nous arpentons la ville à la recherche d'ivresse, à la recherche de l'autre au final et, si simplement que ça, la nuit devient le témoin de nos vies que l'on se raconte à tour de rôle. On passe des histoires qui font sourire à celles qui me serrent le cœur.

La pluie nous accompagne et d'ailleurs je crois qu'on l'aime bien, on sait déjà un peu qu'elle va rendre l'histoire plus belle encore.

On marche vers l'improbable, vers ce qu'on n'attendait pas, on est seuls dans la nuit avec juste nos mots, nos rires et nos bras qui ne se lâchent plus, puis un premier baiser avec pour seule musique de fond, les oiseaux… cette scène sera définitivement la version romantique de notre histoire, on sait qu'on a déjà un super début au cas où…juste au cas où ça devait durer.

Nous arrivons chez moi et dans la continuité d'une complicité grandissante nous achevons cette nuit dans une profonde intimité jusqu'au lendemain matin.


Dimanche : La réalité me rattrape, cette tendresse, cette facilité, ta façon de me regarder me déstabilise, me met en danger et je panique.
Tout est trop pour moi mais je veux que tu comprennes, que tu saches…avant de te demander de t'en aller…parce qu'il le faut, il faut que tu partes, vite. Je comprends que tu ne veux pas me laisser comme ça, me laisser tout court.

Un échange de numéro, quelques heures écoulées, un appel, et je m'apaise ; tu reviens. 
Tu reviens pour m'apporter des crêpes, pour me voir, pour être là avec moi…et je fonds un peu déjà devant tant de gentillesse. Je me laisse faire, je ferme les yeux dans tes bras, c'est si simple.


Lundi matin : Nous refaisons l'amour et c'est tellement bon, encore meilleur dans le lâcher prise d'un réveil, dans une vulnérabilité certaine, dans ton regard, entre tes bras.
Mais ma vie m'appelle, comme un début de semaine banal, tu reprends la tienne également, avec des bisous qui s'éternisent sur le palier, des regards qui disent « reste ».
Ce lundi se finit au téléphone, tu parles la plupart du temps, on rit beaucoup, on n'a pas vraiment envie de raccrocher. Au fond de moi je sais que quelques minuscules barrières sont entrain de céder et il faut que je les en empêche absolument.


Mardi : Tu es malade et je découvre encore un autre aspect de toi, l'homme calme, vulnérable, attendrissant, sans envie de prouver quoique ce soit. Tu es juste toi et c'est tellement suffisant, j'aime ce que je vois.
Tu rentres dans ma vie encore un peu plus, tu le rencontres, lui,  mais nous restons suffisamment à distance, ce qui permet à nos mains de s'effleurer discrètement, à nos regards de se chercher et dés que nous sommes seuls, à nos corps de se serrer très fort.
Si je t'écoute, tout commence, tu te désinscris d'un site de rencontre, je te manque, tu n'arrives pas à partir…et si je m'écoute j'ai envie d'y croire de plus en plus, je te regarde plus sérieusement, te parle de choses qui me touchent, t'observe et notre complicité continue de grandir encore et encore.


Mercredi : un jour sans se voir, que tu comptes d'ailleurs « plus que 2 jours » tu me dis, avant de passer le week end ensemble.
J'arrive à tenir tout ça encore un peu à distance lorsque je te réponds que nous devrions bien survivre à ces 2 jours et qu'après ca n'en sera que mieux. C'est là que tu abaisses une autre de mes barrières en me disant que le mieux dans 2 jours t'est égal étant donné que là, maintenant c'est déjà bien.

Pleins de fois je me demande d'où tu viens, comment à ton âge on peut sortir des vérités si simples que ça, et comment tu as atterri sur mon chemin.
Je reste persuadée, et tu le sais, que plus je me dévoilerai plus tu t'éloigneras alors je garde encore bien hautes les barrières qui me restent, à bout de bras, même si je m'essouffle chaque jour un peu plus.
Je guette même parfois des mots qui me donneront l'excuse de tout foutre en l'air…des mots, des phrases que tu exprimes et qui se dressent, si je le décide, entre nous.

C'est ce qu'il se passe ce soir là, je me sens vulnérable car je t'ai fait part de mes papillons dans le ventre plus tôt dans l'après midi. Je me dis que forcément maintenant tu vas reculer et j'en trouve la preuve dans ce que tu diras de notre différence d'âge, de nos complications à pouvoir se retrouver dans l'intimité s'il y a mon fils à côté. Tes mots me font peur et je décide qu'ils me donnent raison... Au moment où tu pars je te dis que j'ai l'impression que nous n'avons rien à faire ensemble.

Ce que je veux dire à ce moment là c'est surtout «  j'ai le sentiment que tu ne veux plus être avec moi, que mon âge, mon fils, ma vie, moi…que plus rien ne colle, que tu réfléchis, recule et que bientôt tu seras partis ». Je ne peux pas te dire tout ça mais tu le sens puisque tu me dis que je dois arrêter de te surestimer, que tu as des défauts, que tu n'es pas parfait… et je le sais, crois moi, je t'explique que ce n'est pas toi que je surestime mais moi à qui il manque un peu d'amour de soi. Je sais que ce n'est pas très valorisant, pas très séduisant mais c'est comme ça…je suis un peu cassée de ce côté là et j'essaye du mieux que je peux de me réparer.
Mes mots résonnent en toi quand même et tu pars…J'ai réussi, j'ai vraiment foutu en l'air le truc au final, je t'ai repoussé alors qu'au fond je veux tout le contraire.

 

Jeudi : On se parle au tel, les mots de la veille trouvent une logique, tu arrives à me comprendre parce que je t'expliques mieux sans doute, que la nuit est passée et que semble t'il ni l'un ni l'autre n'a envie de s'en aller sans être aller au bout.
Cette journée est spéciale car tu me rejoins, tu nous rejoins ; lui et moi. Tu passes du temps à jouer avec lui, qui est aux anges et moi je prends tout, mon fils heureux, toi et moi, je prends les mains qui s'effleurent, ton envie d'être avec nous.

Mais cette journée va compter aussi un malentendu, un froid, des regards qui s'évitent, une envie de partir, de la colère et de l'incompréhension que tu apaiseras avec un sourire puis avec notre envie que l'on a depuis le début de passer au delà des ombres.
On se touche, on se serre, le malentendu se dissipe, la chaleur revient au creux de nos mains qui n'en finissent pas de s'entrelacer.
On se quitte de plus en plus difficilement et notamment ce soir lorsque tu nous déposes chez mes parents.
Les séparations ne sont jamais très longues, si elles sont physiques, elles ne sont jamais complètement réelles. Nous parlons, encore, toujours…tu me dis que tout ton entourage sait qui je suis, connaît la façon dont on s'est rencontré.

L'histoire avance, les papillons se manifestent de plus en plus souvent mais j'ai tellement peur de les laisser exister.

 

Vendredi : un jour super important pour toi où je t'envoie tous mes encouragements pour te soutenir.
Tu décroches le job, et tu me le racontes, heureux, dans les moindres détails et moi je suis super fière de toi, fière de l'homme que je connais à peine mais qui je sais déjà est tellement capable de réussir, s'il le souhaite.

Tu vois ta vie devenir de plus en plus belle et il n'y a qu'à toi que tu le dois.

 

Vendredi soir : c'est pour nous, notre we commence et cette fois c'est moi qui vient à toi, dans ta maison, je rencontre ton
« doudou » et je découvre encore un autre toi.
On discute beaucoup, tu t'ouvres un peu plus encore mais je comprends qu'il y a des choses, des blessures du cœur, pas encore cicatrisées que tu ne me laisseras pas encore voir.

J'aime lire tes textes, j'aime t'entendre raper et ça me surprend même un peu d'ailleurs.
Tu me dis que tu as envie de faire les choses différemment cette fois, que nous deux c'est original et que tu aimes ça – j'aime ça aussi.

Je comprends qu'il y a quelque chose qui se passe entre nous, je le vois dans tes yeux comme tu le lis dans les miens, pourtant je sens que tu luttes contre.
Et plus je sens que tu luttes plus j'ai du mal à y croire vraiment, à te montrer à quoi ça ressemblerait si je lâchais. Je sais très bien ce soir là que si ça continue comme ça, je vais tomber amoureuse de toi, je comprends que je pourrais bien t'aimer.

Cette soirée est synonyme de complicité, de rires, de tendresse, de caresses et de promesses que ca dure encore.

 

Samedi : Réveil en douceur, musique, film tous les deux blottis. Mais samedi est une journée pas évidente pour moi car tu m'emmènes encore plus en immersion dans ta vie en me présentant à ta famille. Mais je ne sais pas si tu le sais, dans mon monde à moi c'est assez significatif. Je me demande alors ce qu'il se passe dans ta tête, enfin dans ton cœur. Si j'y ai déjà une place ou si c'est juste une habitude pour toi de faire ça – je ne sais pas.

Toute la journée je souris, je discute, je découvre une famille avec ses histoires, ses souvenirs, ses liens, une famille dans laquelle j'arrive au bout d'un petit moment à me sentir assez à l'aise et j'espère que je fais une bonne impression.

Exercice difficile parce que nous ne sommes pas des amoureux, pas encore et peut-être jamais et non seulement je dois te plaire à toi mais aussi à tes proches…Cette phase de séduction est tellement géniale mais tellement périlleuse, que je me dis que tout peut basculer autant pour moi que pour toi, d'un côté ou de l'autre de l'histoire.
Je crois que ça se passe bien, ça en a l'air du moins, je me détends. Je te mets une raclée au ping pong…enfin en tout cas je te surprends. Puis toujours ces étoiles qui brillent mais aucun de nous ne les assume vraiment.

On rigole devant notre pudeur d'ado de 15 ans. J'aime être avec toi et cette journée là il faut que tu sois mon repère plus que jamais.

 

Samedi soir : la fatigue se fait sentir, on a voulu rentrer pleins de fois mais on s'est éternisés encore un peu, et encore un peu. J'aimerais que tu comprennes que j'ai déjà donné beaucoup, parce que cette invitation, je l'ai prise au sérieux, même si j'ignore ce que pour toi, elle signifie. Que si je ne parle plus depuis 2h c'est que je ne peux plus, je me sens en dehors et je n'ai plus l'énergie d'aller vers eux.

On rentre. Tu me demandes si tu peux fumer. Je dis oui. Tu fumes et là j'ai un mec à l'ouest, que je ne connais pas, à côté de moi sur le canapé – à côté mais loin.
J'ai besoin de toi, j'ai passé la journée dans une vie qui n'est pas la mienne, je me sens seule et tu n'es pas là pour me serrer dans tes bras.
La soirée se finit sur une note si différente de nous. Tu t'endors et notre week-end de câlins intensifs ne devient plus qu'un rêve laissé de côté.

 

Dimanche : Une semaine que nous nous connaissons. Le réveil est aussi dur que le fut l'endormissement. Incompréhension, maladresse, froid à nouveau – d'ailleurs il gèle et je suis mal, je veux m'en aller, rentrer chez moi, là où je connais tout par cœur, là où même mon oreiller que je serrerai fort contre moi me procurera plus de tendresse que l'homme que je ne reconnais pas ce matin. Je t'en veux pour tes mots, pour ce regard qui ne brille plus et puis de toute manière comme je m'attends depuis le début, à la fin, et bien je pense que c'est maintenant.

Tu me raccompagnes un bout de chemin, dans un silence quasi total. On avait bien essayé de se parler pourtant mais en vain.

On arrive là où je dois descendre et assumer ma décision mais tu me regardes…ton sourire déclenche le mien, enfin on se parle, on se comprend et c'est tellement bon de se retrouver. On s'embrasse, des mots transgressent nos barrières respectives et se laissent entendre ou deviner. La pudeur revient devant un « bébé » ou un « mon petit cœur » et les rires, ouai surtout les rires parce que ce n'est pas maintenant qu'on lâchera, pas encore.

Une semaine s'est passée, et il me semble qu'elle avait bien plus de jours qu'une semaine normale et on se cache encore. Il est 10h30.

 

Dimanche 00h00 : une journée écoulée l'un sans l'autre, la musique de Chopin dans les oreilles, celle que tu m'as fait découvrir et qui me fait monter instantanément les larmes.

Je t'envoie un message de bonne nuit parce que c'est le premier soir où on ne se le dit pas, où tu ne me dis pas que tu as envie de venir. On s'est appelé, oui, 10 minutes, tu m'as dit avoir hésité à passer me prendre, ok et pourtant un truc me manque.

Je suis là, à me dire que voilà c'est maintenant, fallait que ca se finisse. Tu m'engueulerais si tu lisais ça ou alors tu me dirais que oui au final j'ai raison.

Si c'est le cas, je ne regrette rien, cette semaine, ces moments, ces regards, ces mots qui ressemblaient à s'y méprendre à un début d'amour. Oui, oui j'ai bien dit amour et je m'en fiche si tu as peur, car moi aussi j'ai peur…j'ai peur de me tromper, que ca continue, que ça marche et qu'un jour je tombe si violemment. Et puis si je ne me trompe pas j'ai peur de ce moment où on se dira au revoir. A croire qu'inévitablement je vois une fin...mais une fin heureuse tant qu'à faire même si tu ne les aimes pas, moi je préfère.

En attendant de connaître la suite de ma propre histoire, je laisse Chopin envahir mes oreilles et mon cœur pour revenir dans ma vie, là où les journées ont des durées normales, où les mots sont juste des mots, où je n'ai pas besoin de monter la garde autour de mon cœur et si jamais tu es prêt à être heureux et bien je le suis aussi, je veux bien le vivre ce truc simple et beau, avec toi et…aller au bout, qu'importe de quoi ça a l'air, du moment que ça reste beau.

 

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