Une tombe dans la garrigue (Roman)

Francesca Calvias

Premier chapitre de mon roman "Une tombe dans la garrigue"


Martin Schuller.


    Assis dans son confortable fauteuil de bureau en cuir capitonné, sirotant un Cognac tout en dégustant une bouchée au chocolat praliné, Martin classait ses dossiers en cours.  Ce soir il prendrait le TGV en direction d’Avignon où aura lieu la semaine suivante un congrès extraordinaire réunissant - à la demande expresse du Président de la République et du Ministre de l’Intérieur - des préfets de police, des commissaires de police, des commandants de gendarmerie et divers autres représentants de l’ordre français, mais aussi européens.  Ce congrès faisait suite aux récents attentats survenus ces derniers mois à Paris et dans diverses grandes capitales et villes européennes, afin d’essayer que ce genre d’incident dramatique ne se produise plus à l’avenir, et d’enrayer l’escalade de violence dans les banlieues défavorisées (sujet qui tient fort à cœur à Martin), souvent pourvoyeuses de complices en les personnes de jeunes désabusés qui erraient, désœuvrés et s’imaginant n’avoir aucun avenir…   

    Pour l’instant en effet, le terroriste international Atila, qui s’était mystérieusement évadé du quartier de haute sécurité de la prison pourtant réputée impossible à s’évader où il était détenu depuis quelques mois, faisait un véritable carnage en plaçant des bombes dans tous les coins de la capitale.  D’autres grandes villes françaises et européennes avaient également reçu des menaces d’attentats.  Vraies ou fausses, il convenait de prendre ces menaces très au sérieux étant donné le nombre de morts et de blessés déjà enregistrés ces dernières semaines.   

    L’armée, la gendarmerie, la police étaient sur les dents.  On rencontrait actuellement plus de militaires que de civils dans la capitale et dans les lieux publics les plus fréquentés.  Il soufflait sur tout le pays un terrible vent de panique.   

    Pendant que Martin rangeait ses affaires, Claudia, sa femme mettait la dernière main aux valises, Solenn sa fille aînée rangeait ses affaires personnelles afin d’être sûre de ne pas oublier son maillot, son paréo, son appareil photo, sa crème solaire…  La jeune fille avait en effet décidé de profiter au maximum de cette semaine de congés inopinée dans le Sud de la France, pour se faire dorer au soleil, car elle se trouvait bien blanche, et avant les examens de fin d’année qui la garderaient confinée dans sa chambre durant pratiquement un mois, elle souhaitait profiter du soleil.  Élève studieuse, elle rangeait également ses cours dans sa valise, car elle voulait profiter de ses vacances pour effectuer ses révisions en vue de ses examens de juin.  L’année prochaine, elle entrait normalement en quatrième, du moins si tout allait bien.  Elle ne pouvait donc rien laisser au hasard.   

    Ophélie quant à elle rangeait religieusement ses Barbies et leurs accessoires dans la mallette prévue à cet effet.  Pas question de partir en vacances sans ses précieuses poupées…   

    Martin avait en effet décidé d’emmener sa famille avec lui.  Le prétexte était de profiter en famille d’une semaine dans le midi, mais en réalité Martin avait reçu des menaces et craignait pour la vie de sa famille.   

    Martin Schuller avait trente sept ans et était commissaire  au commissariat central d'Aillhaud, où il dirigeait la brigade des mœurs depuis plus de dix ans.    Il était marié depuis quatorze ans à Claudia dont il avait deux filles : Solenn, douze ans et Ophélie, son bébé, sa préférée, qui en avait huit.   

    Le commissaire était fier de sa famille et de sa réussite.  Lui qui était issu de la tristement célèbre Cité des Oiseaux, possédant juste le Bac et issu d’un milieu défavorisé, était parvenu à force d’étude, de travail et d’acharnement à devenir le chef de la brigade des mœurs.  Il n’avait pas vingt-cinq ans qu’il était déjà commissaire.   

    Martin avait vécu la majeure partie de son enfance chez sa mère.  Ses parents avaient divorcés très tôt, sa mère avait fui avec lui lorsqu’il était enfant, car son père était extrêmement violent.  Comme c’était un homme assez aisé, il avait quand même réussi à obtenir finalement la garde de son fils, alors que justement son épouse l’avait quitté et avait demandé le divorce parce qu’il était violent avec ce dernier.   

    Mais Martin, aussi jeune qu’il était, s’était tout aussi rapidement enfui de chez son père, pour retourner chez sa mère, et finalement, malgré plusieurs scènes relativement pénibles, le jeune garçon avait fini par rester habiter chez cette dernière.   

    Sa femme Claudia et ses deux filles ignoraient tout de son passé d’enfant maltraité.  Martin se serait fait hacher menu plutôt que de le leur avouer.   

    Ses filles travaillaient bien en classe, Ophélie était en CE2, et Solenn en cinquième, et son ménage était parfaitement heureux, bien que de temps à autre il rencontrait certains problèmes avec les quatre frères de sa femme qui n’étaient pas des enfants de chœur et qui, issus de la Cité des Oiseaux, comme lui, n’avaient malheureusement pas comme lui, préféré emprunter le droit chemin.  Ils se faisaient régulièrement arrêter pour trafic et détention de stupéfiants, vol de voitures, etc.  Le plus âgé, bien qu’ayant été plus qu’à son tour « tiré d’affaire» par Martin, refusait désormais d’encore lui parler.  Ce petit con se permettait de lui faire des leçons de morale… avec son casier judiciaire long comme une liste de supermarché !  Il ne manquait pas d’air, vraiment !

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