Vacances en famille -34-

aile68

Dix heures tapantes: je suis dans un état comateux, mais c'est pas grave, mon père appuie sur la sonnette d'une maison plutôt élégante. Germain vient nous ouvrir, le sourire aux lèvres comme d'habitude, moi je ne sais plus où je suis, j'émerge quand même pour lui faire la bise en lui faisant un petit sourire timide. Ses parents viennent nous accueillir bruyamment comme j'aime, la maman de Germain m'applique deux grosses bises sur les joues qui finissent par me réveiller. Très vite nous sommes dans le salon à échanger les civilités d'usage, on nous propose du café et des croissants. Oh! Papa et moi avons oublié les chocolats et les bugnes dans la voiture, j'y retourne avec Germain et là c'est le paradis. Même pas un quart d'heure qu'on est arrivé que le garçon que j'aime est déjà seul avec moi, je suis sur mon petit nuage. En allant à la voiture il me prend la main, me dit que je lui ai manqué, puis on se met à courir, heureux comme des fous. Que ce moment est bon! Je suis à Troyes avec Germain, loin de Valence et des cours. C'est comme un jour de vacances, comme au village à côté de Narbonne où je l'ai connu. J'ai l'impression qu'une éternité s'est passée depuis! On rejoint vite les autres qui sont en train de faire connaissance, l'ambiance est légère comme j'aime. La maman de Germain a toujours le sourire, il a pris d'elle je trouve. Les enfants arrivent un à un, Pierre, l'aîné, puis Charlotte et Sandrine. Ils restent un moment avec nous puis retournent à leurs occupations. Et nous qu'allons-nous faire? Le père de Germain propose qu'on aille faire un tour en centre ville dans l'après-midi à moins qu'on préfère rester tranquilles à la maison. Celle-ci est comme je les aime: accueillante et chaleureuse avec de lourds meubles en chêne et une belle cheminée qui engloutirait un arbre entier. Un chat montre sa tête dans le salon, c'est Tigresse, entre à peine et puis s'en va de sa démarche flegmatique. Tout respire le bonheur ici: le vase avec les roses, les livres dans la grande bibliothèque, les photos de famille. On a ça aussi chez nous mais ce n'est pas pareil, chez nous les meubles sont plus simples, modernes, un peu comme dans la salle d'attente du dentiste, vous voyez un peu le genre, réjouissant n'est-ce pas? Mon père fait une réponse de Normand en disant que ce serait bien mais on verra, c'est selon, moi je comprends qu'il fera sa sieste. A ce moment Rose, la mère de Germain intervient:

" L'heure du repas approche, René, tu viens m'aider?

- Ce que femme veut! se résigne le père de Germain.

- Germain tu t'occupes de nos invités, je compte sur toi dit Rose à son fils.

- Bien sûr Maman, dit Germain de son air rassurant et poli"

Ce n'est pas très facile de se retrouver seuls tous les trois mais Germain prend les choses en main et nous propose un jus d'orange. Moi j'en veux bien un. Je tends mon verre en tremblant un peu mais tout se passe bien, aucune goutte ne tombe à côté du verre auquel je m'agrippe comme une dingue. Germain me sourit comme s'il était derrière le comptoir de la boucherie, ça me fait rire. C'est nerveux.

"Eh bien Margaux, qu'est-ce qui t'arrive?" dit mon père un peu agacé derrière son sourire poli.

Tout le monde a décidé d'être poli, décidément. Je m'excuse, c'est vrai que c'est un peu gênant de rire presque sans raison après tout. Germain continue à sourire mais de son vrai sourire, celui qu'il avait quand il a ouvert la porte tout à l'heure.

(à suivre)




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