Vacances en famille -8-

aile68

Les vacances sont derrière nous. Il fait encore chaud sur Valence, chez mes grands-parents, et chez l'oncle André. A Troyes aussi. Quand je regarde la météo à la télé, je lorgne toujours du côté de cette ville. Au CDI du lycée j'ai vu des photos de Troyes, jolies comme tout! C'est plus joli que Valence en tout cas. Je n'ai toujours pas contacté Germain, il ne le mérite pas! Je n'en ai parlé à personne. Qui sait comment il va, s'il pense à moi, s'il souffre. Avec  la rentrée, les cours, l'achat des fournitures scolaires pour tous les trois, les nouvelles baskets à se procurer etc... je ne touche pas terre. J'ai déjà une dissertation en français, sur la lecture. La lettre de Germain est au fond de mon tiroir de bureau, toute froissée. Combien de fois je l'ai lue et relue! Quelque part j'ai l'impression que je lui ai pardonné, mais je préfère que ça reste inconscient, je ne veux pas remuer tout ça en vérité. D'un autre côté, ça me fait du bien de posséder quelque chose qu'il a touché, son écriture vive et serrée témoigne peut-être de sa sincérité, je ne sais pas. Je sais que je suis trop dure avec lui en faisant la morte. En tout cas je ne veux plus souffrir, ce n'est pas le moment. Je lui écrirai peut-être pendant les vacances de la Toussaint, je sais ça fait loin, très loin même, mais sans laisser d'adresse. A moins que je lui écrive plus tôt. Visiblement je ne sais pas où j'en suis. C'est confus dans ma tête! Je préfère ne plus en parler.

Sur la table basse du salon trônent les photos de vacances, toutes belles, lumineuses sous le soleil de Narbonne. Ce nom sent bon comme le linge que la Tramontane a séché. J'aime ce coin de France, sa nature, avec Carcassonne pas loin. J'aurais aimé me baigner dans la rivière avec Germain, me promener avec lui sur le grand chemin, jusqu'à la clairière. C'est drôle Narbonne se trouve dans le département de l'Aude et Troyes dans celui de l'Aube, une lettre nous différencie. Valence et la Drôme me semble bien vilaine, cette ville ne trouve grâce à mes yeux que pour le kiosque Peynet, le kiosque des amoureux, tandis que la Drôme provençale me fait bien rêver. Un de ces jours faudrait que je compte les kilomètres qui me séparent de Troyes (quatre à cinq centimètres selon la carte de France dans mon dico, donc quatre cents à cinq cents kilomètres). 

(à suivre)


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