Vermine du monde bleu

je-est-un-autre

Brouillon de début de chapitre, brouillon qui tente d'imiter merdiquement Nabokov et sa Lolita.

Thomas, des morceaux d'ombre dans mes mains. Thomas, c'est deux syllabes. To et ma. To comme tomber, torride, torrent, toast, To comme rien comme ta gueule. Ma comme mal mal, branlé, malotru, malheureux. Almean, son nom de famille, tu parles, on dirait un mot dégueulasse inventé par google traduction, ça lui va pas. Thomas, ma vermine, les cheveux noirs, les idées bleues. Thomas sur un banc, dans un bar, mon péché, ma dope, ma drogue, mon manque, ma rechute. Thomas qui crie, qui hurle, qui rit parfois. Thomas les yeux de couleur noir, oui mais noir, c'est pas une couleur, mais ta gueule, noir c'est une couleur si je le veux. Thomas près de la mer de Paris qu'existe pas, Thomas en marge de l'océan. Thomas dans mes os, hémorragie oculaire, pique qui transperce mon cœur. Thomas qu'aime la vie, mais pas la sienne, juste la Vie, avec un immense V majuscule, dans l'idéal de Platon dans sa caverne pas trop sombre en fait. Thomas en boîte, dans la rue, ses converses vissées aux pieds, partout tout le temps toujours. Thomas, prénom d'apôtre et de saint, l'incrédule, celui qui n'a pas cru à la résurrection de Jésus. Visage de héros tragique, cadavérique, exsangue, obsolète, gris. Thomas, ma bouffée d'air, mon fumeur obsessionnel compulsif. Thomas ma cendre, mon feu, mon aube qui me crame les yeux. Thomas, lueur de réverbère dans la nuit, pendu à la corde des pluies, de la vie, de la mort, sans cesse sur l'échafaud. Thomas qui se pâme, qui dérape, qui dérouille. Petit narvalos qui passe et qui casse, ramasse jamais rien de ce qui s'écrase, des déchets, des débris qu'il laisse sur son passage. Baltringue, balafre humaine. Thomas anthracite, cendrier, nécropole, fumoir, trouble, violent, passionné, angoisse existentielle, mon doute, mon fantasme, mon fantôme, mon être, mon âme. Thomas ma haine, ma connerie, mon illusion. Thomas, Gavroche plus grand et plus vieux, un « je t'emmerde » coincé entre ses dents, mon héros, ma seringue. Thomas et son corps, squelette et peau, couverture de son âme, support abimé, endommagé, percuté, pénétré. Thomas et les néons, sa lumière, son soleil, néon en panne qui clignote et ne brille jamais, et les yeux de Thomas fixés sur eux dans les murmures du silence, priant le dieu néon que les hommes créent pour éclairer leur nuit trop sombre, ne plus voir l'obscurité, savoir où elle se trouve, l'isoler, la tabasser, la gommer, la faire ignorer, lumière artificielle, sans beauté, sans danger. Thomas et ses cauchemars, de gens qui passent sans visage, leurs mains longues et leur corps maigre, ces gens qui parlent mais dont on n'entend aucun son, cage thoracique complètement vide, des gens qui voient sans yeux, des gribouillis bringuebalants qui avancent bien debout dans la ville, noyés dans les pots d'échappements.


Thomas, de la lumière à portée de main. Thomas, c'est deux syllabes. To et Ma. Ma et To. Thomas, ma poussière, mon néon, ce corps contre mes reins.


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