VERTIGE( LA SUITE de la suite )

mysterieuse

Elle porte en elle, le mystère de l’élégance, comme un piège. Elle est femme araignée, elle tisse sa toile pour mieux vous dévorer. Et pourtant, elle a aussi cette sincérité des gens qui disent ce qu’ils font et qui font ce qu’ils disent .Oui c’est ça, elle vous piège avec élégance et sincérité .Elle vous laisse le choix, elle n’est pas assassine .Les obligations, les impératifs ou bien encore les programmations, il est fort à parier qu’elle n’aime pas cela .Mais que venait-elle faire dans ce bar de quartier, si ce n’est prendre un café ? Le serveur la connait, c’est une habituée. Je suis une inconnue qui m’invite à baiser avec une facilité déconcertante, pense-t-il, coupable de succomber. Elle n’est pas le rendez-vous que j’attendais en cette matinée. Tant pis pour l’appart, il attendra. Il est des rencontres incontournables. Mais son histoire est-elle vraie, ou bien est-ce une tournure de son imagination, un fantasme à concrétiser ? Le fait est que d’en avoir parlé, de s’être remémoré la scène et la situation, l’a pour le moins émoustillée. Je suis prêt à parier que ses dentelles sont mouillées.  Dentelles ou pas ? Je préférerais ! J’aime cet instant magique où l’on prend le temps de faire glisser le long des cuisses d’une femme, ces quelques grammes de tissu parfumés de désir et d’intime.

 L’espace de quelques pas, dans le sillage de cette femme, le transporte littéralement dans un autre univers, oui seulement quelques pas, le temps de traverser la rue, pour changer de trottoir, et s’engouffrer dans un dédalle de ruelles. La rue vibre d’une humanité mélangée, un brassage ethnique coloré .En un  instant, le voilà plongé brutalement dans le chaos urbain de la ville cosmopolite qu’est Marseille .Il suit Camille  qui semble connaitre le quartier comme le fond de sa poche .Mais où l’entraine-t-elle au travers de ces rues dont l’odeur dominante est faite de viande de boucherie et de pain frais, de fruits murs et de légumes écrasés, de brochettes grillées aux épices et de poissons frais. C’est aussi pour cela qu’il aime la cité phocéenne, et pour cela qu’il a décidé de s’y installer définitivement. Sa recherche infructueuse d’appartement aura au moins guidé ses pas jusqu’à Camille.  Elle resplendit d’autant plus de son aura au milieu de cette ambiance chamarrée aux saveurs épicées. Malgré le  fort tempérament dont elle a fait montre dans l’anonymat du café, elle ne lui inspire que douceur et volupté. Il les imagine dans la luminosité d’un appartement côtier, sur un balcon, face à une baie, dans les effluves d’une nuit d’amour non encore évaporées. Il savoure déjà avec le même imaginaire débordant dont elle a pu lui témoigner les conséquences, sa peau  acidulée, le nacrée de sa salive, sa sueur sucrée dans des draps froissés en silence.

Elle se retourne, s’inquiète de savoir s’il la suit toujours. Mais elle a perdu de cette excitation qui a sublimé l’instant de la rencontre. Elle le ressent soudain, une grande tristesse l‘envahit. Ses yeux se noient dans les eaux grises de la nostalgie, le chagrin peut à tout moment la surprendre. Elle n’est pas guérie, elle enrage, après lui, son mentor, son bourreau, son maître à aimer et désirer. Elle lutte, tente d’échapper à la noirceur de ses silences avant de replonger avec la même détermination dans ses folles extravagances.

« Où êtes-vous garé, lance- t-elle, en déverrouillant le coffre d’un scooter

-Je suis venu en métro !

-Parfait ! Enfilez cela ! »

Elle lui tend un casque !

« Marseille est un vrai bordel pour circuler …Je vous emmène en balade »

Relevant au plus haut, sa tenue féminine, elle enfourche le deux-roues, cavalière audacieuse et emporte avec elle le chevalier moderne qui ne sait plus quoi penser.

Il sait déjà qu’elle est femme à aimer, que chaque étreinte le rendra fou, qu’Il ne la possédera jamais entièrement, qu’il en souffrira de frustration et le rendra plus amoureux. Elle est de ces femmes en guerre de conquête sans fin qui désarmerait même les plus intrépides

Sous le feu de ses paumes qui étreignent sa taille, il ressent cette fièvre du désir féminin qui distille insidieux la piqure du venin.

Il bande sans répit, il bande à en crier. Elle le sait, elle sent et le lui dit

« Moi aussi, j’ai une folle envie de toi »

A suivre …

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