VERTIGE ( suite de la suite )
mysterieuse
Peut-elle imaginer, un seul instant, l'intensité des émotions qu'il ressent à son égard, par le seul contact épidermique et corporel qu'impose une balade en duo sur un scooter avec elle. Elle ne devine pas qu'il n'a pas saisi, la dernière phrase qu'elle a prononcée, comment le pourrait-elle ? Il l'étreint avec force, comme si le désir se faisait soudain instance, comme si le plaisir s'invitait pour sentence d'une rencontre coupable de sensuelles interférences. Le mistral pour témoin de leur complicité, et lui-même complice de de la légèreté d'une idylle annoncée, dévoile avec talent les cuisses fuselées qui ne demandent qu'à être dénudées. Il fait frissonner les pans de sa robe de la plus infime de ses rafales, offre une respiration légère au tissu qui gonfle et s'affaisse voluptueusement sur ces jambes voilées qui l'ont subtilisé à son rendez-vous. Il n'ose espérer la surenchère d'une risée plus mesquine pour profiter pleinement d'un panoramique peu ordinaire. Ne pas succomber à la perversité spontanée de ses envies ! Il détourne son regard un instant, ne conservant du sublime de ses égarements, que les fragrances enivrantes s'échappant en brume de la peau de Camille.
Il laisse, pour perdre de sa vulnérabilité, son regard capturer le décor environnant. Au large, la mer écume en rangs serrés de moutons. Cela fait plusieurs jours que le vent souffle sans jamais faiblir, interdisant obstinément toute sortie en mer aux plaisanciers. Il n'est pas près de tomber, à en croire les anciens phocéens. « Un, trois, six, neuf …et fait ce qu'il veut. » telle est la codification proverbiale qui rend compte de la durée du mistral dès qu'il sévit...Ici, on lui accorde une tolérance sans borne, il fait partie du décor comme le vieux port ou La Bonne Mère , qui veille avec bienveillance sur
sa ville. Le mistral décape l'âme et l'œil, azurant d'un bleu plus bleu, le ciel méridional, le lavant de tout nuage, de son air sec et corrosif. L'air est si pur que les moindres détails de l'horizon accrochent la rétine. Le plus au large, il arrive à voir un voilier filant, au près, sur l'écume des vagues. L'angle de gite est impressionnant. Il imagine une main fine, mais ferme, bordant une écoute, assurant un bout dans la tourmente des flots impétueux. Etrangement il attribue cette image à son délicieux chauffeur. Rêveur, il écoute le bruissement de la mer et devine le goût du sel sur les lèvres de Camille
« Ça va ? » lui lance-t-elle à la volée, nous sommes presque arrivés
Le soleil est à présent, haut, éblouissant, tout autant que sa charmante cavalière.
Comment pourrait-il ne pas aller, tous les ingrédients d'une vie généreuse bousculent cette matinée peu ordinaire.