Les mains sous les seins

My Martin

L'Idole aux étoiles


3 300 à 2 500 av. J.-C. Turquie, Anatolie



Statuette de marbre blanc, formes pures

Présentée debout. Long cou en extension. Tête triangulaire, prolongée sur l'arrière du crâne -la statuette ne peut être présentée couchée sur le dos. Menton en avant, le nez pointe, délicates oreilles. La statuette regarde au-dessus d'elle, vers le ciel

Les bras -demi-cercles- sont repliés, séparés du corps. Un trait indique le contact de l'avant-bras sur le bras. Ainsi les mains invisibles couvrent les seins

Deux traits à la ceinture, larges hanches -angles

Jambes jointes en triangle. Pieds joints, inclinés. La statuette ne tient pas debout sans support



3 300 à 2 500 av. J.-C. Période chalcolithique. L'Âge du Cuivre, période du Néolithique durant laquelle les hommes maîtrisent la métallurgie du cuivre, avant l'apparition de la métallurgie du bronze

Mosaïque de cultures archéologiques, définies par les formes et les décors des poteries. Le mode de vie des populations est identique à celui des siècles précédents. Des communautés d'agriculteurs-éleveurs. Pas de signe évident d'une hiérarchisation sociale marquée



Idole cycladique "Kiliya". Asie mineure, Anatolie

La contemplatrice d'étoiles -StarGazer- dite de Schuster -ancienne collection de Mme Marion Schuster, Lausanne

20 X 8,3 X 7,1 cm. Marbre, pigment. Paris, collection Al Thani -ainsi que les œuvres d'art suivantes



Pure abstraction opalescente

La statuette néolithique est nommée Killa / Kiliya, d'après le site archéologique turc, où la première de ces statuettes fut mise au jour

« Contemplatrice d'étoiles », en raison de sa tête basculée vers l'arrière



Fin XIXe siècle. Un archéologue américain découvre l'une de ces idoles, mal connues en Turquie, dans l'ancienne ville de Kilia -Çanakkale, péninsule de Gallipoli. Institut archéologique d'Athènes.

1991. Deux villageoises découvrent deux idoles de Kilia, près d'Akhisar, à Manisa. Elles les donnent à un colporteur, qui en retour, leur offre une paire de pantoufles -les pantoufles les plus chères du monde

1993. M. Dinç -université d'Aydın- découvre l'atelier de ces statuettes dans un champ de Balıkburnu de Kulaksızlar, à 16 kilomètres d'Akhisar

M. Dinç rassemble 392 pièces d'idoles de Kilia dans des ateliers de sculpture ; des croquis, des meules, des hématites -minéral à haute teneur en fer-, des extracteurs, des pièces de poterie. Pas un morceau de métal

119 têtes d'idoles, 15 types de pièces différentes

Les têtes sont horizontales, en forme d'œuf, basculant vers le haut. Nez marqués. Les yeux et les oreilles sont difficiles à distinguer

Les costumes sont longs et minces. Larges épaules. Jambes en forme d'aile d'oiseau

Certaines statuettes -6 à 23 centimètres- sont debout sur leurs pieds -ballerines. Mains sous les seins

Symbole de fertilité chez les Phéniciens. Déesse Tanit, de l'antiquité carthaginoise. Fertilité, croissance, naissances. Beauté féminine

Des statuettes proviennent l'île de Lesvos, nord-est de la mer Égée

Les statuettes de Kilia et de Grèce sont contemporaines des statuettes des Cyclades. Les idoles des Cyclades datent de la deuxième période de l'Âge du Bronze, entre 2 800 et 2 400 av. J.-C. Des ressemblances mais de fortes différences stylistiques



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206 av. J.-C. - 25 apr. J.-C. Chine



Figurine. Un ours, assis. Sa jambe droite est pliée verticale. Sa jambe gauche est pliée vers l'arrière

Avec sa patte droite, il se gratte sous l'oreille. La patte gauche repose sur la cuisse gauche. Fortes griffes

Tête penchée en avant. Gueule ouverte, la langue passe sur les crocs

Embonpoint en boule, poitrine soulignée. Nombril et seins marqués. Poils de la fourrure, sourcils, courte crinière cernant la tête

Attitude humaine. Perplexité, hésitation, réflexion avant l'action. Humour. Puissance potentielle



Ours assis. Sculpture chinoise. Dynastie des Han occidentaux (206 av. J.-C. - 25 apr. J.-C.)

Bronze doré. 7,6 X 7,8 X 5,5 cm.



Poids pour tapis. Moment de repos. Un ours dodu, assis sur son arrière-train. Il se gratte avec sa patte antérieure droite, en un point situé derrière son oreille droite

En paix avec lui-même, avec le monde, il est dépourvu de la férocité qui caractérise la plupart des représentations d'ours, tigres, animaux féroces, sous la dynastie des Han



Depuis les temps anciens, l'ours est un emblème totémique populaire en Chine

Selon les mythes fondateurs du pays, le légendaire Empereur Jaune -Huang Di- apprivoise six types d'animaux sauvages, dont un ours, avec lequel depuis, il est lié

Huang Di, souverain civilisateur de la haute Antiquité -règne de 2697 à 2597 av. J.-C. Souverain idéal, le père de la civilisation chinoise -débats à partir du XIXe siècle, définition de la nation chinoise

Depuis les Han, déjà auparavant, les ours sont associés à la virilité, aux prouesses militaires, au chamanisme, à l'immortalité

Les mots ours, mâle, puissant, poitrine, cœur, méchant, féroce, poitrine, clameurs, sont des homonymes en chinois



221 - 206 av. J.-C. La dynastie Qin conquiert les Royaumes combattants et unifie la Chine

206 av. J.-C. à 220 apr. J.-C. Dynastie Han. Fondée par Liu Bang, un chef de guerre d'origine paysanne, passé à la postérité sous le nom d'empereur Han Gaozu -règne 202 - 195 av. J.-C.

Consolidation culturelle, expérimentation politique, relative prospérité économique et avancées technologiques. Expansion territoriale sans précédent, nombreuses expéditions d'exploration

Lutte contre les peuples non chinois -nomades Xiongnu de la steppe eurasienne. Plateau mongol, confédération de tribus, premier Empire unifié des peuples nomades



Han occidentaux, orientaux : les adjectifs viennent des emplacements des deux capitales

les Han occidentaux ou Han antérieurs (206 avant J.-C. - 9 après J.-C.), capitale Chang'an

courte dynastie Xin, fondée par Wang Mang. Elle ne survit pas à la mort de son fondateur

les Han orientaux ou Han postérieurs (25 après J.-C. - 220 après J.-C), capitale Luoyang


Puis période des Trois Royaumes (220 av. J.-C. - 265 ap. J.-C.). L'empire Han se désagrège, divisé entre plusieurs seigneurs de la guerre rivaux

Royaume de Wei, au nord le long du fleuve Jaune

de Wu, sud-est

de Shu, sud-ouest, bassin du Sichuan

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200 - 600 apr. J.-C. Mexique ou nord de l'Amérique centrale



Fragile âme de bois

Visage. Marqueterie de morceaux de jade vert. Yeux à la pupilles noire, cornée blanche. Trait unique, sourcils horizontaux, visière, en contact avec la racine du nez droit. Fine bouche rectangulaire, alignement de dents blanches

Coiffe -hémisphère- partie supérieure de la tête d'un jaguar. Seule la moitié droite porte encore la précieuse décoration de jade. Crocs blancs. Œil noir. Oreilles rondes

Pendentif ; de part et d'autre de la tête, le bois présente une partie rectangulaire verticale, percée, pour le passage de la chaîne

Le jaguar, animal emblématique pour les Mayas. Le Roi, Homme-Jaguar



200 - 600 apr. J.-C. Mexique ou nord de l'Amérique centrale Maya

Pendentif en forme de masque

Jade couleur verte, royauté et fertilité. Bois, résine, coquille, nacre, coquille de spondyle, obsidienne, pigment rouge

12 X 8,4 X 6,8 cm

Ancienne collection Guennol (Martin, en gallois), début des années 1980- Alastair Bradley Martin et Edith Park Martin, New York



Ce pendentif en forme de masque est une rare survivance d'objets en bois, provenant du pays des Mayas -le climat chaud et humide empêche la préservation des matériaux organiques

La coiffure de ce masque prend la forme du haut de la tête et de la mâchoire d'un félin -yeux fixes et dents apparentes.

Vénérés, symboles de la royauté, les jaguars ornent les costumes royaux ; vraisemblablement ce pendentif, porté lors des cérémonies, appartenait à un souverain maya



2 600 av. J.-C. à 1 520 ap. J.-C. quatre millénaires

Les Mayas, brillante civilisation précolombienne

sud du Mexique et nord de l'Amérique centrale -de la péninsule du Yucatán au Mexique central

Entre 200 et 900 après J.-C., apogée à l'époque classique

Population, 10 millions de personnes

Nombreuses cités-Etats indépendantes -une dizaine comptent jusqu'à 70 000 habitants



Seul peuple du continent américain, les Mayas développent une écriture. Leurs livres -codex- sont faits d'assemblages de feuilles ou cahiers, rédigés par des scribes

le calendrier et son système numéral. Les mayas utilisaient quatre systèmes principaux de comptage du temps.

horoscopes et tables astrologiques

dieux, héros, liste de dates



1523 à 1547. Conquête espagnole du Yucatan. À cette date, l'essentiel des tribus mayas est conquis ou soumis. Trois campagnes espagnoles et une révolte de plusieurs cités divisent la période

De nombreux codex sont détruits par les Conquistadors et les prêtres espagnols



Entre 800 et 1 000 après J.-C. Abandon des cités, extinction de la civilisation maya



Le territoire tropical et forestier offre une faible place à l'agriculture. Pour pallier la pauvreté des sols, la technique utilisée est celle de la Milpa -essart, parcelle défrichée. Deux à trois ans de culture, huit à dix ans de jachère

Technique agricole mixte de cultures complémentaires -les trois sœurs ou Milpa- représente les trois principales cultures, pratiquées traditionnellement par diverses communautés autochtones d'Amérique du Nord et d'Amérique centrale : la courge, le maïs et le haricot grimpant



Croissance de la population. Les paysans cessent de respecter le temps de repos de la Milpa. Ils augmentent la rotation des cultures. Les terres s'appauvrissent, les rendements décroissent

Au détriment de la forêt, les paysans étendent leurs territoires agricoles – parfois jusqu'à des dizaines de kilomètres de leurs habitations. La déforestation massive accentue l'érosion des sols, la déficience en nutriments. Voire dans certaines régions -le Petén- des glissements de terrain



450 à 660 après J.-C. Longue période de pluviosité

A partir des années 800 après J.-C. Phases de sécheresse extrême

Durant les années diluviennes, augmentation de la population. La surexploitation des ressources laisse place à une baisse spectaculaire des rendements, au cours de la période de canicule. Phénomène naturel amplifié par la déforestation : Le passage de la forêt à la culture du maïs réduit le niveau d'humidité transféré depuis le sol jusqu'à l'atmosphère. Le niveau des précipitations faiblit. La disparition de la forêt augmente les températures de trois à cinq degrés, entraîne une baisse des précipitations. Principale ressource agricole, le maïs est particulièrement sensible à la sécheresse

Entre 760 et 910 après J.-C., le seuil des 450 millimètres, indispensable à la culture du maïs, est rarement atteint



Etats-théâtres. Les Mayas n'ont pas un chef d'État à la responsabilité administrative et économique, mais une autorité fondée sur la représentation. Dans chaque ville règne le K'uhul Ajaw -Divin Seigneur, roi chaman charismatique. Intermédiaire entre les humains et les puissances surnaturelles. Son autorité repose sur la mise en scène des attributs divins, à travers les fêtes, rituels, cortèges



Le jaguar est le symbole du droit divin des rois. Le dieu Jaguar habite le Monde d'En-Bas, Demeure des Morts. Le matin, le Jaguar devient le dieu du Soleil. Il voyage à travers le ciel, vers l'ouest, où il rejoint le Monde d'En-Bas. Afin que se perpétue le cycle des jours et des nuits, le souverain accomplit des rites pour apaiser les dieux, dont dépend le sort de l'humanité. Tel le dieu Jaguar, le roi maya défie la mort. Il renaît hors du Monde d'En-Bas, auquel aucun humain ordinaire ne réchappe



Le jaguar est un prédateur associé à la violence -guerre, sacrifice, torture, auto-sacrifice. Identifié au guerrier, dont le destin est de vaincre et d'être vaincu, le jaguar est sacrifiant et sacrifié



Compétition entre les nombreuses cités indépendantes. Pour marquer sa domination sur ses voisins, le roi étale ses richesses. Durant les années 700 à 800 après J.C., l'essor des villes intensifie la dispendieuse course au prestige. Les cités se ruinent



La polygamie des élites et leur croissance démographique multiplient le nombre de princes qui rivalisent pour des positions de pouvoir. Querelles fratricides, royauté désacralisée, discréditée

Années 800 après J.-C. Les notables sont incapables de répondre à la crise de subsistance qui frappe la population. Pour endiguer la sécheresse, les cérémonies sont de plus en plus sanglantes. Sacrifices aux dieux

de la Pluie -Chaac. Avec sa hache de foudre, Chaac frappe les nuages et déclenche le tonnerre et la pluie

et de l'Agriculture -Ahmakiq. Il enferme le vent, lorsqu'il menace de détruire les récoltes



Lieu sacré, temple au sommet d'une pyramide. Méthodes variées, auto-sacrifice par hémorragie de sang, sacrifice par arrachement (couteau d'obsidienne) du cœur d'esclaves et de prisonniers de guerre

La chair du sacrifié, nourriture sacrée réservée à l'élite. Le cœur est consommé par les prêtres, les cuisses sont réservées à l'empereur ou à des animaux sauvages gardés en captivité (serpents, jaguars), qui représentent certaines divinités



Vers 900 après J.-C. Fin de la période classique. Des murs défensifs sont bâtis à la hâte, avec des pierres arrachées aux temples. Forteresses villageoises, palais abandonnés, trônes mis en pièces, statues mutilées, …

Extrêmes militarisation et violence. Saisissant contraste avec l'habitat traditionnel



Les rivalités, les guerres sont fréquentes entre les cités-Etats. Les rois assoient ainsi leur autorité, se procurent des prisonniers, à offrir en sacrifice aux dieux

A partir des années 900 après J.C. L'instabilité est plus marquée. Le nombre, l'intensité, des conflits augmentent



Nombreuse population, besoins alimentaires non satisfaits. Malnutrition, famine, maladies. Insécurité, ruine, révoltes. Le pouvoir politique se délite. Les paysans abandonnent les cités, migrent vers le nord, plus à l'ouest de l'actuel Mexique. Petites exploitations individuelles



Affaiblie, la civilisation maya n'est plus en mesure de résister à l'invasion d'autres cultures méso-américaines. Chichén Itzá, Tikal ou Ceibal : les fresques, les céramiques du IXe siècle, témoignent de l'intrusion d'éléments extérieurs, motifs mayas et toltèques



Entre 900 et 1200 après J.-C. La culture toltèque -les maîtres bâtisseurs- se développe autour de Tula, leur capitale près de Teotihuacan, au Mexique

les Toltèques inspirent les Mayas de Chichén Itzá et fascinent les Aztèques



Les Etats-théâtres sont progressivement remplacés par des systèmes plus centralisés. Voir

les Toltèques

900 à 1521 apr. J.-C. les Mixtèques -artisans réputés, sud du Mexique,

et 1200 apr. J.-C à 1521 apr. J.-C. Trois siècles plus tard, les Aztèques



Les cités mayas sont abandonnées mais la culture maya ne disparaît pas ; en Amérique centrale, les langues mayas sont parlées par six 6 millions de personnes



  • voir ce texte https://ecritscris.wordpress.com/2013/10/05/figure-des-cyclades-rc/
    et récemment nous avons vu une très belle expo à Rodez, cet automne, au musée Fenaille, sur les figures des cyclades et de l'Anatolie

    · Il y a plus de 2 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

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