Vincennes 70

lebrouillondefinitif

Il y avait cet arbre sur lequel s’appuyaient des fesses glauques et plates.

Et au pied, ces champignons prophylactiques qui poussaient la nuit venue. Bien que loin de ses terres natales, l’hévéa eucaryote finissait par former des colonies fournies, pareilles à celles des bolets orangés.

En s’enfonçant de quelques mètres dans le sous-bois, les pèlerins aux burnes lourdes ne pouvaient que s’exciter à la vue de ce mimétisme phallique. La nuit noire, dans un bal incessant, le confessionnal arboré du bois de Vincennes se mettait à danser. En quadrille lubrique, les chairs à demi-dénudées adossées aux écorces lustrées résonnaient dans les troncs et jusque dans les feuilles.

Tout le bois s’agitait en soubresauts, à-coups, agitations, cabrioles, contractions, convulsions, culbutes, frissons, gambades, haut-le-corps, remous, ressauts, saccades, sautillements, secousses, spasmes, sursauts, tremblements, trépidations, tressaillements. C’est tout paris qui se mettait en branle dans un ballet lascif qui ne s’achevait qu’au petit matin. Les branches feuillues reprenaient elles aussi cette danse luxurieuse dans un bruissement caractéristique qui énervait les piafs.

Le plein air aérait les bourses mais limitait les positions. Marie-madeleine agenouillée sortait délicatement l’outil d’ombres aux visages bas. Vissée sur le vit, sa bouche écarlate aspirait le jus d’une calebasse velue avant de recracher le jus pour amender le sol. Le surplus était torché d’un revers de main (...)

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