Visions et ressentis
gribouille--2
VISIONS ET RESSENTIS
J'avais 10 ans environ, et devait partir en colonie de vacances aux Gets, la Haute Savoie m'attendait comme chaque année, comme chaque période de vacances scolaires des fêtes de Noël.
Ma mère avait préparé ma valise en fer blanc, dans laquelle mes affaires étaient rangées et étiquetées à mon nom et numéro cousus aux intérieurs, mes après skis chaussés, le bonnet enfilé sur la tête, multicolore au pompon fièrement dressé, anorak rouge, prêt à rejoindre l'église de Saint Nicolas du Chardonnet d'où démarrait le car qui devait nous emmener sur les autoroutes et routes menant à la station le lendemain.
La messe était en cours à l'église; la communion donnée et les prières dites, qu'une angoisse irraisonnée m'avait pris, sourde et insinueuse, une sensation de danger à venir, inconnue jusqu'alors, peut être issue du ton du curé de la paroisse qui nous rappelait que nous n'étions que poussières et retournerions en poussières, bref les pleurs m'étaient venus et des boules se formaient dans ma gorge, au point que j'étais reparti en courant à l'appartement que mes parents occupaient rue Linné dans le cinquième arrondissement, et ce n'est pas peu dire qu'avec des chaussures de montagne l'on puisse courir, mais la peur et la crainte devaient me donner des ailes.
Tant et si bien que ma mère a pris au mot mes pleurs profonds et me garda en sa compagnie, laissant le soin au patronage et aux moniteurs de lui téléphoner pour s'enquérir de mon absence au rendez vous habituel, alors que j'étais un grand habitué, et souvent le premier à attendre le départ de la colo.
Le car, pourtant conduit par les moniteurs se relayant, expérimentés, connaissant la route par coeur et le maniement sur route enneigée, routes oh combien sinueuses à l'époque, bordées de plots de béton reliés par des tubes de fer, tout justes assez larges pour se croiser, le car donc, alla au fossé, ce qui ne lui était jamais arrivé auparavant. Aucun caractère de gravité lourde, ni blessés graves, mais des gamins choqués, transis de froid et éberlués en pleine nuit, ce fut le fait simplement qui marqua mon esprit.
Des années plus tard, alors que j'avais mon permis de conduire et l'ardeur des jeunes conducteurs , doublée d'audace et d'insouciance, les routes de montagne en cotes me paraissaient faciles à enfiler et c'est l'esprit détendu que je doublais les camions et autres véhicules lents, sentant inconsciemment les véhicules arriver en face sans les voir, curieuses sensations inexpliquées.
Plusieurs années encore en avant et les images du périphérique parisien, pris habituellement aux heures de pointe apparaissaient à mon esprit, et les dégagements de circulations aux portes de Paris étaient clairs à mes pensées, de même que les emplacements de stationnements autour de la brasserie de la place de Clichy où je travaillais à l'époque de mes 30 ans environ, bien pratique comme sensation vous le reconnaitrez.
Qui de nous n'a jamais pressenti un appel téléphonique d'un être cher ou d'un amour? Avant que le téléphone ne se mette à sonner, les sensations sont fortes d'un appel ou d'une personne pensant fort à nous, assez troublant mais très habituel pourtant.
Des visions de tables occupées ou non dans des restaurants, les clients s'installant ici plutôt que là, simple inconscient collectif ou choix délibéré, ces images ont peuplé mon esprit autrefois, bien fréquemment, qu'on me croie ou non.
Que penser de tout de fatras d'émotions visuelles, projection mentale ? A méditer.