Voir sa vie défiler en 2minutes... un concept intérressant...
La Raconteuz
Tu as quelques problèmes de mémoire et tu veux revoir le film de ta vie en accéléré?
Une seule solution: te retrouver dans une situation périlleuse et frôler la mort.
Bon, le mieux c'est de ne pas trop titiller la faucheuse non plus. Dans ce cas tu pourrai effectivement voir ta vie défiler mais ne jamais pouvoir rajouter de pellicule à la bobine.
Et ça, ça serait vraiment super con.
Il te suffit de décider, bien que tes intestins se mettent à danser la gigue rien qu'à l'idée de le faire, d'accepter de faire une plongée de nuit.
Tu savais déjà que pour moi, la plongée de jour était limite. Mais après plusieurs plongées j'avais réussi à prendre confiance et à gérer.
Bref, me voilà partie pour tester la nuit. Rien de plus compliqué que le jour, tu respires et tu ne lâches sous aucun prétexte ta lampe qui te permettra de ne pas te perdre dans les fonds marins.
Jusque là tout va bien.
Fastoche.
Je descends accompagnée des copains, et le mono en guise de binôme.
Il fait tout noir mais les faisceaux de nos lampes éclairent tout ces jolis poissons que l'on ne voit jamais le jour, les coraux ont des couleurs totalement différentes aussi.
On est plongés dans les ténèbres des profondeurs...mystique!
J'ai un peu peur mais même pas trop.
Et d'un coup d'un seul je perds le fil de ma respiration. C'est pourtant pas compliqué bordel, je le fais tous les jours, toutes les heures, les minutes, les... Ouais bah ça va, normalement je sais respirer!
Mais là mes poumons se vident (super malin!) et je commence à remonter à la surface!
Pas de panique Monique, "Tires sur la bobinette et ton gilet se dégonflera" t'aurais dis le Petit Chap' Roupe version La Petite Sirène.
Ce qui te laissera bien au fond avec les copains et le mono!
Sauf que Monique est tout sauf hyper à l'aise avec la bobinette, surtout avec une lampe dans sa main et que BIM en à peine 15 secondes je me fais une surface!
C'est mathématique, physique, biologique! Un poumon vidé de son air te transforme en ballon!
Je t'explique.
Me voilà donc à la surface, en pleine mer, seule au monde, à commencer à couler sous le poids de mon gilet et de la bouteille. Parce que mon gilet est bien évidemment trop gonflé pour que je reste au fond et pas assez pour que je reste à la surface.
Et c'est là où ça commence à paniquer sévère dans mon cerveau.
Et qui dit "panique" dit "je vais faire tout ce qu'il ne faut pas faire pour s'en sortir".
J'enlève donc mon gilet, mais je m'obstine à le tenir à bout de bras, (ça aussi c'est super malin vu qu'une bouteille pèse environ 15kgs) en espérant pouvoir le regonfler afin de m'en faire une bouée le temps que quelqu'un me trouve... Et dans ces moments là tu as une facilité à imaginer le pire...même de nature optimiste tu te dis forcément que tu vas y rester.
Ton instinct de survie te rends limite croyante.
Oui c'est ça! Tu pries! Tu pries tous les ptits jésus de la Terre et des Mers dans l'espoir que quelqu'un te retrouve, mais encore vivante! Parce que l'idée qu'on te retrouve déjà morte bah tu trouves ça un peu pas envisageable.
Je bois la tasse, le courant me fait dériver mais je ne sais pas si je dérive vers le bateau ou à son opposé.
Entre deux goulées j'hurle à la mort, mais je suis bien trop loin des côtes pour qu'on ne m'entende.
Le seul moyen qu'on me retrouve vite, c'est de faire des signes avec ma lampe sous l'eau pour que le mono, du fond, me localise. Et que je me calme pour garder le peu de force que j'ai.
(Style j'avais mangé il y a des heures et qu'une pauv' salade.)
C'est donc à ce moment précis où ma vie commence à défiler...
Ma 1ère dent de lait, ma rentrée au collège, mes premiers amours, ma famille, mon Dinou Fils, mon Doudou... vous!
J'ai tout vu.
Tout ceux que j'allais perdre, tout ceux que j'allais laisser.
J'ai dû rester 2 minutes à la surface, à me débattre avec mon gilet, à imaginer le pire...
Les 2 minutes les plus longues de toute ma vie.
Et dire que Florence Arthaud est restée plus de 2 heures elle... warrior la meuf!
Au bout de 2 minutes j'ai vu une lampe au fond, qui s'est approché de moi.
Yallllaaaah, le cri de la délivrance, les larmes de joie, la sensation d'être passé tout près.
Le gentil mono me calme, dédramatise de suite, me recolle le gilet sur le dos et ZOU me revoilà au fond, au milieu des tortues, des gros tarpons, des perroquets et des copains.
Sur le coup personne n'a compris ce que j'avais foutu. Moi non plus d'ailleurs.
Bref j'ai fait ma plongée de nuit. Et depuis je kiffe encore plus la life!
Etrange?
Non.
J'suis une rescapée moi les gars!