volte-face

livia

Je me pavane dans la rue, j’ai un de ces ports de tête… L’automne vient de faire de faire son entrée et l’hiver n’est pas encore là mais cela ne change rien : j’ai la tête ailleurs !
Cette matière sur ma peau, cette peau qui a de la matière… ce que je préfère en ce moment précisément, cette sensation… Et pour ne surtout pas passer inaperçu. Ah non mais je vous assure, pour se détacher du quidam quelconque, il n’y a pas mieux. A vouloir en faire des envieux, moi je vous dis…
Je vous dis surtout que ceci est juste une supercherie. Se pavaner avec une cagoule, quelle idée ! Là, je passe aussi bien pour un E.T. perdu sans sa maison que pour un braqueur qui ne sait plus ce qu’il doit aller braquer.

Ce regard : ça va, ça va, c’est juste une cagoule !

Ce n’est pas parce que j’en porte une que ma tête ne vit plus : mes mimiques restent présentes. Bon c’est clair qu’avec la tronche que je fais actuellement…

Oh ces yeux : bah celui-là il croit, carrément, que je sors de prison !

C’est vrai qu’en marchant en étant de marbre, il y a de quoi se poser des questions… Sans doute le fait d’entrer dans cette période bientôt hivernale. Tête figée et bras ballants, mon camouflage est presque réussi. En même temps, hormis les deux cas qui m’ont repéré, les gens ne se détournent pas à ce point vers moi. Ils ont d’autres horizons en vue.
Je flotte dans la masse humaine… Je pourrais tenter de courir trente-six fois le tour de pâté de maisons que je ne n’y paraîtrais pas plus que ça aux yeux de cette foule.
Je porte ma cagoule… J’ai envie ! J’ai le droit ! Je porte mon humeur, d’accord ? Je n’veux pas être importuné !
Cela se suggère sans se dire : à travers ma cagoule, j’veux juste être inerte. Ni vu, ni reconnu, tout le monde est bluffé… et tout le monde s’en fout surtout !

L’autre, elle se trimballe comme ça : et alors ? C’est le vilain petit canard qui se fout de l’altérité !

Ma cagoule en laine, la laine cette peau, cette peau qu’est la mienne… La mienne sur mon visage.

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