Volutes de fumée..

megane-doinel

Volutes de fumée par millier, j'enchaîne les cigarettes. Les mégots dans le cendrier forment une étrange sculpture, ils me narguent par leurs petits bouts noirâtres.

Volute

Voilà un joli mot. Les lettres ondulent à la mesure que la fumée se déploie dans la gorge et danse sur les lèvres entrouvertes. Luxe calme et volute, quand le volupté fait défaut.

En fait j'aime la plupart des mots, quand ils se bousculent dans la tête. Pas de quoi noter. Et les mot n'attendent pas, ils sont comme des papillons insaisissables, magnifiques au loin, ils virevoltent, et il est difficile de les saisir. Je m'accorde avec Georges Bataille quand il parle de l'indocilité des mots du poème, « leur nombre, leur insignifiance, retiennent sur le coeur l'instant impalpable, baiser lentement appuyé sur la bouche d'une morte, ils suspendent le souffle à ce qui n'est plus rien. »

Les mots ainsi couchés sur le papier, tu es un taxidermiste : tu as enlevé leur âme et leur a donné une seconde vie, figée. Les écrivains sont des taxidermistes en puissance qui pratiquent l'entaille et la couture.

Taxidermiste

Du grec taxi : arranger et derma : la peau. Tu habilles la feuille blanche d'une nouvelle parure, de chef d'oeuvre ou de ratures, et contemples le résultat avec ce mélange d'admiration et de dégoût propre à l'écrivain qui se retrouve face à ce qu'il est au plus profond de lui. 

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