Voué à la damnation

Intrigante

...

Elle était tellement prude et hors d'atteinte, inaccessible et timorée lors de notre première rencontre.

À l'intérieur pourtant, se cachait un feu ardent à peine palpable, que je sentais à chaque respiration qu'elle me lançait au visage, à chaque essoufflement brûlant et torride, dont l'éclat brûlait mon âme un peu plus, au point que juste la regarder me faisait fondre de désespoir, et la détester d'être si parfaite à mes yeux . Toutes les cellules de mon corps me criaient de posséder son âme, dans l'espoir de toucher, ou ne serait-ce que frôler, à peine frôler l'incarnation de ses désirs inassouvis, car ils étaient là, dans l'ombre, patientant au plus profond d'elle, impatients de surgir.

Je voulais être là, je voulais être tout près d'elle et l'emprisonner. Alors j'ai attendu, j'ai patienté, pour que chacune de mes complaintes lancinantes et désespérées l'atteigne. Puis un jour...

Il était tellement froid et distant dans sa manière de me toucher avec seulement sa présence, comme si quelque part il me laissait le soin d'acquérir mes propres envies. Pourtant, et ce malgré mes sempiternelles tentatives de rébellion, il ne perdait jamais son sang-froid.

Je crois que c'est ce qui m'attirait chez lui. Il y avait un regard, ce regard, trop noir pour y lire une invite, trop profond pour en comprendre le sens. Et ce regard aussi ténébreux qu'ensorcelant, indétachable et pénétrant, je n'y décelais aucune invite, juste une sorte d'obsession, comme s'il avait compris et décidé bien avant moi quels étaient mes devoirs et puis un jour...

J'ai su quel était le moment, le parfait moment à la seconde même où j'ai vu le questionnement dans ses yeux, ce léger froncement de sourcil, cette imperceptible mimique au coin de ses lèvres que je rêvais de m emparer, j'ai su à cet instant que ce baiser serait le précurseur d'un reste qui bouleverserait nos vies. Je me suis rapproché avec lenteur, j'ai sciemment gardé le contact avec son regard, pour qu'elle en éprouve toute l impatience, qu'elle puisse sentir la chaleur, qu'elle en comprenne le sens. J'ai léché le coin de ses lèvres comme pour la préparer, avec douceur, même si me refréner me tuait à petit feu.

Je n'ai pas questionné sa conscience, j'ai écouté son corps, sur une respiration, un hoquet de surprise, j'ai glissé ma langue dans sa bouche pour enfin goûter ce qui m'était réservé, ce qui maintenant m'appartenait. J'ai d'abord siroté, puis j'ai savouré avec plus d'entrain, j'ai serré son corps enfin contre le mien.

J'ai empoigné ses hanches pulpeuses, pour la coller contre moi, afin qu'elle ressente l'ampleur de mon envie, parce que c'était à cause d'elle, je voulais qu'elle le sache je voulais lui faire mal comme moi j'avais souffert, alors j'ai serré plus fort, jusqu'à ce qu'elle en pleure de détresse.  Ma main s'est aventurée vers son cou, j'ai serré pour la punir de toute cette attente, j'ai avalé son souffle sans lui donner le choix, j'ai esquissé un sourire contre ses lèvres lorsque j'ai senti son cœur s'emballer et j'ai serré un peu plus fort pour qu'elle se cambre contre moi, pour sentir sa poitrine se tendre, pour avoir une vue imprenable sur sa peau blanche, écœurante de perfection, dégouté d'en aimer à ce point la douceur.

J'ai apprécié ses cheveux balayer ses reins, caresser mon bras qui l'encerclait comme un étau, là où mes doigts laissaient une marque au fer rouge, à la lisière de ses fesses. J'ai aimé être son sauveur, celui qui lui insufflait l'air, qui se raréfiait dans ses poumons.

Pendant tout ce temps, je n'aimais qu'elle, me détestant de ne pas savoir lui dire avec des mots, alors je l'embrassais, je la dévorais, pour qu'elle le comprenne à travers mes gestes. Je buvais l'écume de ses lèvres, je goûtais ses larmes parce qu'elles étaient elle, je portais à l'ivresse ses gémissements de plaisir qui se mêlaient à ceux de sa peur, parce que tout m'appartenait maintenant, ses joies comme ses peurs, ses rires comme ses larmes, ses espoirs comme ses désirs, ses fantasmes et ses orgasmes et plus que tout, son amour.

J'ai abandonné ses lèvres quelques secondes pour retrouver son regard, sans questionnement cette fois, comme si par ce baiser, elle venait de me donner son approbation, comme si avec ce baiser elle cédait enfin. J'ai essuyé les larmes avec mes pouces au coin de ses yeux que je n'avais jamais vus si brillants, j'ai léché ses pommettes pour me saouler de son goût, j'ai glissé le long de son cou, là où les empreintes de mes doigts étaient comme la carte de mes désirs.

J'ai fini par retrouver son regard qui m'appelait et j'ai fini par succomber ... j'aurais pu la détester, pourtant je ne l'ai aimé que plus fort, j'aurais pu la laisser en plein désarroi, attendre qu'elle me supplie, mais je savais qu'au final je l'aurais imploré moi à genoux, alors j'ai préféré l'embrasser encore et encore jusqu'à sentir la brûlure de ses lèvres sur les miennes, jusqu'à ne plus pouvoir me détacher d'une seule parcelle de son corps.

J'ai grignoté, j'ai mordu sa lèvre, j'ai même goûté son sang, et j'ai adoré ce son plaintif, où se mêlait douleur et plaisir, j'ai respiré avec elle, pendant que ma langue s'imposait, abusait de la sienne, dans un combat des sens. Dès que ses mains se sont aventurées sur moi, froissant ma chemise, égratignant ma nuque, j'ai su qu'elle finirait par me tuer.

Chaque gémissement comme une grenade qui explosait près de mon cœur me rendait furieux de la désirer si fort. J'aurais pu la prendre là, dans ce lieu incongru, j'aurais pu déchirer ses vêtements et la coller contre ce mur, j'en avais tellement envie, après tout j'en avais le droit, elle m'appartenait et avec sa délicatesse insoutenable, elle m'en demandait toujours plus, même si je savais que ce ne serait jamais assez.

J'aurais pu la prendre là oui, sans m'inquiéter d'érafler son joli corps contre le mur, sans morale ni respect pour ses états d'âme, pourtant je n'ai rien fait, je me suis même écarté d'elle avec une force dont j'ignorais l'existence. J'ai préféré attendre, et je me suis gorgé des reproches que je lisais dans chaque fibre de son corps, parce que je savais qu'elle avait lu en moi, je savais qu'elle avait mal de ne pas atteindre l'orgasme qu'elle me réclamait, j'ai préféré qu'elle souffre autant que moi, pour quelques heures encore. En attendant, dans les profondeurs de ces heures interminables, je pourchasserai ses rêves pour les lui offrir... et ses souffrances deviendront les miennes... parce que je suis condamné à l'aimer sans concession

Intrigante

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