Voyage

Aloysius Isidore Dambert D'eaucloret

Rester c’est si peu exister, voyager même petit c’est vivre.
Il faut bouger pour se confronter au monde à ses richesses et ses beautés. Il n'y a pas d'homme plus complet, plus abouti que le voyageur changeant constamment son regard et sa forme de pensée.

Traverser ensemble un bout de la grande prairie, un bout de beaux pays comme une poésie cachée
Le hasard, nous assemble en un coin détourné, surprise amusante, dans la chaude lumière zénithale
Sautant, courant, riant, allant de place en plage, heureux, émerveillé par l'infinie richesse terrestre
Ne quittons point, nous si petits, ce séjour rêvé et fantastique à la ronde, faisons en le tour
C'est si grand, émouvant et troublant d'entrer dans le domaine des dieux, dans la nature infinie
D'yeux, nous n'en aurons jamais assez pour tout admirer et retenir, qu'importe, nous repartirons
Il faudrait pouvoir s'oublier dans l'ailleurs pour découvrir son destin et nous révéler à nous-mêmes
La vie, ce n'est pas seulement respirer, c'est avoir le souffle coupé par tant de majesté immaculée
La vie rêvée : un voyage à pied, main dans la main, les yeux tournés vers un demain qui nous sourit
Chaque pensée même minime et fugace de voyage est le rêve d'une nouvelle naissance
Pour chacun l'existence des lieux prédestinés au bonheur, des paysages où s'épanouir
Et connaître, au-delà du simple plaisir de vivre, une joie qui ressemble à un ravissement
Des panoramas, des paysages ou des rivières montent comme encens dans mon cœur
Et le souffle de toutes ces choses chantent en mes pensées comme une grandiose musique
La nature n'est surtout pas le statique comme sur une toile tendue, c'est la vie marquée
Par toutes nos sensations, nos larmes et nos cris, et qui nous tire vers une galaxie d'émotions pures
Les paysages nous attirent dans la mesure où ils sont le miroir de notre propre perception intérieure
Ces perspectives éblouissantes dont je sens la poésie énorme, farouche, primale et essentielle
Comme ces cieux alizés déployant des nuages de paysages vaporeux en gouttelettes de grâce
Rivières cristallines, flaques immenses posées telles une parure sur des bordures d'un vert presque phosphorescent
Je crois qu'un lac, une étendue d'eau sont les traits les plus beaux et le plus expressifs de la nature
Comme l'œil de la terre où l'on plonge les siens sondant la profondeur de sa propre existence
Avec les saules pleureurs comme cils délicats et les rochers mousseux comme sourcils surplombant
J'admire ce spectacle de ces formes émouvantes et sensuelles à la lumière changeante de la journée
Comme les douces courbes innombrables d'un corps de femme, pour l'homme qui en amoureux
N'en finit pas de découvrir et que chaque mouvement rend nouveau comme au jour de la création
Se faire happer par le spectacle du monde, ces sensations immenses, tout ce qui vibre autour de nous
Pour mesurer une pareille ardeur, il faut ralentir pour parvenir enfin à en apprécier l'essence même
Entendre en nous le bourdonnement du monde, la musique ancestrale qui vibre dans notre âme
Tout cet esprit caché doit se réveiller à la levée du jour où lors de l'invasion de l'ombre du soir
Pour ressentir l'émotion inconnue, vitale qui papillonnera dans nos têtes et palpitera dans nos cœurs
Cette agitation gigantesque, perpétuelle de l'univers dans nos cellules, petites poussières d'étoiles
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