vriller

cedille

récit expiatoire d'un trop plein

Cette soirée était douce aux invités.

Elle marquait le temps, un nouvel arrivant, une nouvelle dynamique. J'avais décidée de me préserver, de garder l'esprit clair, coucher 22H00.

Et pourtant, il a fallu un réveil plein de cris et d'angoisses. Elle avait tout cassé, les bouteilles, les tables avec une monstrueuse envie de se faire taper dessus, quasiment une supplique.

Entourée par une cohorte de jeunes hommes et femmes saouls. Un état où elle était dangereuse, pour elle comme pour les autres, la violence coulait de ses poings, comme de sa bouche.

Les voisins de notre quartier de banlieue, calfeutrés derrière leurs verrous n'avaient pas appelés la police malgré les cris.

Personne de chez nous n'avait appelé les pompiers, et se relayant les uns après les autres, ils avaient finit par la coucher. Elle s'était enfuie dès le réveil, toujours éméchée, le visage creusé par les larmes.

Cet appel à l'aide proche de la décompensation semblait être amené à devoir rester en suspend dans l'atmosphère, jusqu'à ...

Je craignait pour ma part que le besoin de limite qui venait d'être exprimé et auquel personne n'avait répondu de façon ferme ait été le dernier signal avant la spirale sans fin...

Je ne me sentait pourtant pas de réagir, et les autres semblaient tout autant désinvoltes. Une lâcheté qui me renvoyait a "un chacun pour soi, advienne que pourra" des plus inquiétant. Comme si le fiel de sa souffrance avait infecté mon corps mais qu'aucun mouvement d'humanité n'allait en émerger ...

Car non, ça n'était pas juste un trop plein d'alcool, c'était l'expression d'un mal de vivre et d'une colère sans fin. Faire comme si de ne rien n'était était sans doute le pire des services à lui rendre et pourtant quelques verres d'eau et heures de sommeil plus loin, un semblant de calme, trop calme régnait sur la maison.

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