Vrombir de délires!
Jean Claude Blanc
Vrombir de délires !
Pour m'expurger de la politique
Super réflexe automatique
Enfin trouvé la solution
Vite oubliés d'un simple clic
Manu, et ses têtes de champions
Qui se laissent conduire pour pas un rond
Alors en guise de limousine
J'ai découvert la combine
M'offrir gros cube à 2 roues
Pour me balader à me rendre fou
Sur mes sentiers malgré les trous
Amassé quelques économie
Pour ce plaisir inassouvi
Libre comme l'air désormais
A la retraite, vais pas me gêner
Bien mérité pour profiter
Cette passion qu'a pas de prix
Malgré mon âge, pas trop tard
Prendre le guidon, avec ivresse
De jouissance prendre ma part
Que l'on éprouve sans grande vitesse
Pour contempler mon territoire
Sommets de bruyère, où les vaches paissent
D'office me tente une mignonette
Sobre 125 motocyclette
Qui risque pas faire des prouesses
Car en montagne elle paresse
Mais j'ai le temps, personne m'attend
Pour me demander, si je fais la quête
Croyant que j'y gaspille mon argent
Fais le tour des concessionnaires
Envisageant casser ma bourse
Tellement m'abreuvent de commentaires
Me vendraient une bécane de course
Mais suis pas prêt me laisser traire
Pour l'usage que je vais en faire
Bien inutile moteur d'enfer
Pétaradant que sur mes terres
Vu le bruit que ça fait, n'ai pas le cœur
De déranger merles enchanteurs
J'ai repéré une charmante
Certes 4 temps, mais si docile
Comme la prudence est de rigueur
A 65 ans plus guère habile
Pour dévaler les rudes pentes
Solide châssis, fait mon bonheur
Que puis-je me payer pour peu d'euros
Vélo-solex, maigres chevaux
Comme par miracle, j'ai eu du bol
Ebloui par une modeste machine
Coûtant pas cher, sortant de l'usine
Mais y'a de la triche, venue de Chine
En ce pays où on s'échine
Durant des heures pour une bricole
Ces yeux bridés, rieurs malins
Nous concurrencent, se tannant la peau
Quitte la laisser sur le carreau
Nous font la nique ces mort de faim
Moi ça m'arrange, français moyen
Ça de gagné, pas vraiment sot
C'est pas tout ça, faut s'entrainer
Presto apprendre à piloter
Car compliqué ce drôle d'engin
Sans la notice franchement pommé
Pauvre ignorant, sourdingue l'ancien
Un jour de cours obligé
(Ça en rajoute à mes faux frais)
Mais s'agit pas de refuser
Les flics veillent, anges gardiens…
Une contredanse vite arrivée
Mais quand on aime on ne compte pas
Pour cette partie de vrai délire
Avant rejoindre le trépas
Et pas mourir bête comme une oie
Joie de recevoir, plaisir se l'offrir
Cette rutilante et fière geisha
Traduire sa marque, difficile
Juste assemblée à l'arrivée
Mais généreuse et servile
Nombres de boulons d'acier trempé
Me suis décidé, bien que pas tranquille
Après des plombes la commander
Sous garantie, sans hésiter
Car rien à foutre, pas d'opinion
Et peu m'importe d'où elle provient
Pourvu qu'elle marche en toutes saisons
Même quand il fait un temps de chien
Boude pas ma chance, c'est pas du toc
Pour une fois « vive les chinetoques ! »
Vous la décrire intimement
J'en crève d'envie, de cette jument
Comme amateur de country
L'imagine fendre les prairies
« « Bullet Hero », tout un roman
Son petit nom, au Tennessee
Moi qui adore plastronner
« Lonesome » cowboy, botté, casqué
Ça tombe à point, je reste bouche bée
Par les chemins j'irai vaquer
Comme Lucky Luke, sans me faire de bile
Sans son cabot, des plus débiles
Dès le 8 septembre, tôt éveillé
Vais pas trainer en mon plumard
Haletant d'ardeur, récupérer
Cet oiseau rare, qu'a le cafard
Seul dans son coin, d'ennui se morfond
Pas d'acheteur à l'horizon
M'étonnerais qu'elle pique un fard…
Moi son client, de l'or en barre
Une photo, la carte grise
Permis de conduire, et assurance
Mais impatient, ça me les brise
Qu'on veuille bien me la fourguer
Comme tout péquin bavant en transe
Lui serre la louche satisfait
Au VRP qui me félicite
Et par là même, de sa réussite
Riant de m'entuber, pigeon ramier
Faute de nouvelles à la télé
Que l'ordinaire vous ai conté
Pourtant m'en vante de ses pistons
Dont j'en ai fait l'acquisition
Mais je dois faire la connaissance
De cette dame dans tous les sens
Et de son ventre plein d'essence
De sa puissance, m'en balance
Ce que j'ai hâte, la chevaucher
En noble fidèle cavalier
Plus que ma femme vais l'astiquer
Sa carrosserie huilée, frottée
Fantasmez, vous mes chers copains
Comme j'ai du pot, (et d'échappement)
De m'évader de mes chagrins
Tandis que ronronne vaillamment
Cette tigresse, poignée en coin
Tintin Rusty, que baliverne
Au regard de cette cowgirl western
Ceux qui me jalousent, aucun problème
Qu'ils trottent à pieds, ça les promène
Trop cons se marrant comme des baleines
Chichement montée, cette princesse
Qu'une petite selle, qui tasse les fesses
D'un coup de clé, elle démarre
Toujours alerte pour le départ
A l'infini moi je m'égare
Car m'en faut peu, artiste bizarre
Pour m'inventer parcelle de gloire
Matérialiste le franchouillard
Gâche l'ambiance, triste braillard
En désignant ce pieux objet
(Toute ma jeunesse, à le convoiter)
« Que de la ferraille à cabosser
Pas conseillé sur route glacée »
Mais des dangers, suis protégé
De mes âneries réitérées
Tellement en manque de distraction
Que de m'envoler, j'en ai le front
Bien caréné, lunettes, et gants
Pourquoi me faire du mauvais sang
J'appuie à fond, sur le champignon
Saint Colomba, porte-étendard
Sage protecteur des motards
Pas de Triumphe, qu'une pétoire
Ne risque pas crier victoire
En panne d'essence dans le réservoir
Ne baiserai pas les radars
Comme s'en amusent les loubards
Poursuis bien droite ma trajectoire
En respectant sens giratoire
Leçon de code, d'un père pénard
Logique parti, celui des ringards
Avec mon cuir, mon cuissard
Même si me doublent les chauffards
J'arrive à l'heure à mes rancards
Le corps entier, comme par hasard
Nullement adepte du corbillard
Ni de l'hôpital broyant du noir
A pisser dans un entonnoir
Sur le circuit de Paul Ricard
En l'occurence se fait du lard
Pas très balèze, mais pas de pétard
« Y'a ma moto », reine des falaises
Pas kamikaze comme japonaises ! JC Blanc sept 2018 (caprice d'un soir)