What separates me from you

vengenz

Écrasant sa cigarette dans le cendrier, il crache sa dernière fumée. Son regard se baisse alors qu'il se demande s'il va pouvoir sortir de ce cercle qui le consume doucement. Il étouffe, au milieu de toute la merde qu'il a réussi à installer autour de lui. Il ne sait plus où donner de la tête, parce qu'il sait parfaitement qu'il n'y a rien à faire. Son briquet au cœur de ses mains, son briquet, il allume la flamme une fois, deux fois, pour finir par le jeter sur la table. Il se lève, quitte son siège pour inspirer un grand coup et se diriger vers la fenêtre. Au loin, la Tour Eiffel semble le narguer, alors il finit par se retourner et porter son attention sur autre chose, bien que cela ne soit pas forcément aussi efficace que ça. Il ne sort pas, il décide de rester dans son appartement. Le son de la télévision lui agresse les oreilles. Mais il a perdu la télécommande tout à l'heure. Il songe un instant qu'elle est peut être passé par la fenêtre, il ne sait plus. Il ne sait plus grand chose, de toute façon. Il oublie, le temps qui passe, ce qu'il s'est passé. Tout n'est plus que vague souvenir. Il se passe doucement une main sur le visage, il se demande ce qu'il va bien pouvoir faire. Il ne sait même pas s'il a vraiment envie de faire quelque chose. Il est fatigué, assez énervé. Il décide finalement d'aller prendre une douche, il devrait aussi faire le ménage. C'est un peu bordélique ici et il ne sait plus où donner de la tête. Il est évident qu'il est énervé, cela va de soit oui. Il finit par se détourner de la douche, et pendant quelques temps, il se tourne les pouces, il reste là, debout dans son salon, il ne bouge pas, il fixe un point, il est bloqué dans ses pensées, il réalise que sa vie a pris un tournant particulier aujourd'hui, et que tout promet de vraiment partir dans un sens bien trop bizarre. Le genre de chose qu'il déteste de toute évidence. Les gens ne sont pas simples, et ne l'ont jamais été, de toute façon.

Il finit par y aller, dans cette douche, il se sent sale, souillé. IL étouffe un juron, quand il se regarde dans le miroir de la salle de bain. Il ne pensait pas s'être autant sali et pourtant, il ne peut pas avoir de doute. Il se déshabille totalement, et une fois nu, il continue de se regarder. Il se fixe, encore et encore, pendant de longues minutes, sans relâche. Il s'examine sous tous les angles. Il devrait perdre un peu de poids. Il se plaît à penser à d'autres choses, quand cela lui permet de ne pas s'arrêter sur les choses les plus importantes. Mais croire ce genre de chose serait mentir, bien sûr. Son esprit divague un instant, vers ce qui attire vers son attention mais il s'arrête tout de suite. Il n'est pas encore tant d'y penser, bien que cela ne soit pas aussi simple que l'on pourrait le vouloir, bien entendu. Il continue de s'examiner, il se trouve trop maigre finalement, il ne doit surtout pas perdre du poids non. Trop maigre, trop gauche aussi. Il n'a pas grand chose pour lui, ce n'est pas vraiment comme si on pouvait y faire grand chose. C'est déprimant, c'est un fait, mais il n'y a guère de choses à faire, au final. Un énième soupire sort de ses lèvres, il a déjà envie de fumer une nouvelle cigarette. Mais il devrait sans doute penser à se détendre déjà, à arrêter de penser à toute cette histoire. Il tourne en rond, en plus de ça. Donc dans l'idéal, le mieux, ça serait de se détendre ! Il finit, enfin, par se glisser dans sa douche. L'eau, d'abord froide, ne tarde pas à vite se réchauffer. Et une fois que l'eau a atteint un degré correct, il se glisse en dessous. La douche dure alors environ une vingtaine de minutes, il se perd une nouvelle fois dans ses pensées, sous l'eau. Et quand il sort, au final, des tâches sont encore présentes sur son cou. C'est le miroir qui les lui révèle. Il attrape le savon, frotte à même la peau jusqu'à ce que cela devienne un peu trop rouge. Mais les tâches sont enfin partis. Il n'aurait pas supporté de les voir plus longtemps. Il se sèche, grâce à sa serviette. Mais il ne met pas beaucoup de temps, l'avantage d'être un homme. Aucun cheveux à sécher, surtout que lui, il se rase la tête depuis ses années lycée. Il n'a plus la moindre raison de perdre son temps à se sécher les cheveux. Et dire qu'il n'y a pas si longtemps, il aimait les porter longs. Elle est bien loin cette époque, en plus. Et puis, le souvenir n'en est pas très heureux. Il passe une main sur sa tête rasée, il faudrait qu'il repasse un petit coup, prochainement. Mais à l'heure actuelle, c'est le cadet de ses soucis, alors pourquoi s'y attarder ?

Il finit par retourner dans le salon, la télévision est éteinte maintenant, elle s'éteint toute seule, lorsque l'on ne change pas de chaîne et que l'on n'appuie sur rien. Heureusement d'ailleurs, ça rend les choses plus simples. Le calme rôde dans l'appartement, un silence pesant et lourd, d'ailleurs. Il n'y est plus habitué depuis que Julia s'est installée avec lui. Mais c'est de l'histoire ancienne, ça aussi. Maintenant, elle ne sera plus trop là pour lui. Une larme roule doucement sur sa joue alors qu'à nouveau, il se laisse tomber sur le fauteuil. Il ne s'est pas habillé, il est toujours nu, mais cela ne lui a jamais posé de réel problème. Il n'a le cœur à rien, il a envie de mourir. Oui, pourquoi ne saute-t-il pas par la fenêtre ? Pourquoi ne rejoint-il pas la télécommande ? A qui pourrait-il bien manquer ? Et puis, ça lui permettrait d'éviter les problèmes à venir. Parce qu'il sait qu'il va y en avoir. De toute façon, les solutions qui se présentent à lui ne sont pas vraiment très nombreuses. Les choses promettent d'être compliquées, de toute façon. On aura beau dire ce que l'on voudra, ça ne risque pas d'être évident non ?

    Pourquoi est-ce que l'on ne peut jamais compter sur le monde qui nous entoure pour nous aider à assumer la vie ?

Il rit, de sa propre parole. De toute façon, il n'y a personne pour l'entendre. Il n'y a plus personne. Ses mains tremblent, il a du mal à respirer. Il doit se décider à prendre une solution. Il doit faire quelque chose puisque de toute façon, il n'a pas le choix. Il songe aussi que la mort serait sans doute la solution la plus efficace, la plus simple aussi. Les conséquences se font trop lourdes et du coup, il sait très bien que les choses ne se passeront absolument pas de la façon qu'elle le veut. Et s'il se fait coincer, en plus de ça, les choses seront encore moins évidentes. Il n'a pas de solution non. La seule qu'il lui reste, c'est d'en finir avec tout. Il se glisse dans sa chambre, bien décidé à enfiler quelque chose, avant de risquer une chose pareille. Oui, le mieux serait qu'il n'aille pas se prendre la tête. Il enfile une tenue simple, un jean, une chemise sobre. De toute façon, la couleur des vêtements n'importe pas, puisque tout aura la même couleur, bientôt. La même qui gît là, sur le sol. Il se met debout là, juste devant la fenêtre, il a finalement pris sa décision. Est-ce que l'on est supposé voir sa vie défiler, lorsque l'on envisage de mourir ? Il ne le sait pas, rien n'apparaît là, devant lui. C'est le néant.

Il se tourne une dernière fois vers son salon. Julia, sa tendre, sa douce. Pourquoi a-t-il fallu qu'elle couche avec cet homme ? Elle l'a amené dans l'appartement, son appartement, à lui, et elle a couché avec cet homme, dont elle ne savait rien, et elle l'a trompé, sans qu'il ne voit les choses venir, malheureusement. Au final, ce qui l'a le plus surpris, c'est sa propre colère, sa propre haine, quand il est rentré de son boulot et qu'il les a vu, l'un contre l'autre, s'embrassant dans le salon. Et il n'a pas cherché bien loin. La colère, la rage.. Au final, il s'est juste énervé. Quand il l'a frappée, il n'a pas pu s'en empêché, c'est quand elle a cessé de tenter de se dégager, qu'il a compris qu'il avait été trop loin. Et ce mec qui s'est mis à l'insulter en pensant que ça le sauverait... Leurs deux corps reposent maintenant dans le salon de cet homme. Et il n'a plus rien. Oui, il ne voit pas ce qu'il pourrait faire de la vie, maintenant. Et il vient de tuer deux personnes, qui peut survivre après une telle chose hein ? Donc oui, il préfère tout laisser, il préfère partir, quand il est encore temps de le faire. Il passe la jambe gauche, puis la droite. Et il finit par tout abandonner. Il se laisse tomber dans le vide. Au revoir le monde.

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