Y a
molly
Dehors y a la nuit pute qui se prélasse alanguie dégueulasse partout elle s'étale et gicle du noir sur le monde. Dedans y a toi y a moi. On lutte contre la nuit on veut pas qu'elle nous salope tu vois, qu'elle nous prenne sans demander la permission et nous délaisse demain matin groggy sans demander pardon, se barre avant même qu'on ait émergé laissant dans le ciel marron sale sa traînée malpropre, pour revenir au crépuscule nous courtiser encore. Elle gagnera oui mais pas ce soir. Toi moi nous, on va se battre tu sais. Autour il y a les autres, déterminés tout pareil. Y a du son dans nos oreilles y a tes mains qui m'accompagnent padam padam je bouge j'existe, l'obscurité tu m'auras pas, cherche pas, je vis trop vite.
Dehors y a la nuit pute qui se contracte énervée dégoûtante d'une transpiration sombre qui coule à flots s'immisce en tout. Dedans, derrière la vitre qui l'arrête pas y a moi et ma peau souillée par l'obscure et je suis grise, grisée aussi et je souris paf mon blanc dans la gueule des ténèbres. Y a toi t'es gris comme moi mais tu lâches rien et tu ris, tes dents mes dents c'est double blanc, en musique une blanche vaut deux noires, et toc, on domine largement. Un souffle parcourt mon épiderme grisâtre j'ai froid et j'aime, sensation qui m'arrache à l'infâme. Y a tes yeux qui brillent d'un éclat je sais pas quoi et y a ta bouche qui s'ouvre et tu romps le silence et si j'étais curé je te bénirai pour ça parce que le mutisme de la nuit me gangrène la raison m'effraie.
Dehors y a la nuit pute qui convulse à l'agonie catin vaincue aux lèvres ternes éructant faiblement. Dedans y a toi y a moi. Y a mon épaule y a ton épaule l'une contre l'autre, nos yeux amoindris mais ouverts, on se repait du sang de l'ennemie défaite qui se replie pour mieux revenir à la charge. Y a ma tête sur ton épaule et nos pupilles rivées vers le soleil qui pointe sa tête chauve et chaude au très très loin, je voudrai te remercier mais ce serait con, te dire « merci j'ai pas dormi », tu comprendrais pas, que ça me fasse peur Morphée les rêves tout ça…