Y'a pas d'heures pour le midi Libre

jean-fabien75

Dans le langage technique du journaliste, on appelle ça « du lourd ».

Agnès, en stage de fin d’études au Figaro magazine, confirme l’information : « ha oui, c’est assez rare en période estivale d’avoir un tel niveau d’information. On sent qu’il y a un certain degré d’investissement et qu’on n’est pas face à des amateurs. Si j’osais – mais je ne peux pas, je ne suis pas encore diplômée – je serais tentée d’utiliser le terme ‘‘journalisme d’investigation’’ ».

Eh bien, eh bien.

De quoi s’agit-il ?

La PQR, puisqu’on est parti à jargonner, aime le journalisme de fond, les sujets de société, tout ça tout ça. Juger plutôt ces deux titres sortis à quelques jours d’intervalle dans le Midi Libre :

. Avignon : une campeuse est réveillée par un inconnu qui lui lèche l'anus

. Sexe : aspirateur, grille-pain, menottes, sex-toys, les pompiers londoniens craquent !

Y’a un truc qui s’oublie (je sais plus quoi), la qualité reste

Concernant le premier article, on sent le journaliste qui n’en est pas à ses premières armes. En un titre, il a tout résumé. Inutile de lire l’article, ni même de le parcourir d’un derrière distrait, on voit à peu près de quoi il retourne (même si on peut éventuellement s’interroger sur la qualification exacte du délit : agression sexuelle, détournement d’anus, léchage de cul non autorisé, abus de bien anal, etc.).

Le journaliste précise « L’homme, conscient que sa victime était sortie de son sommeil, aurait alors rapidement déguerpi. ». Rien de mieux pour faire fuir le pervers qu’une petite flatulence matinale.

En tout cas, les policiers ont pris le sujet à cœur et ont effectué des prélèvements ADN (je n’ose demander où), et ont même identifié deux autres victimes qui ne s’étaient pas présentées spontanément au commissariat (ajouté au fait qu’il est sans doute difficile de reconnaître l’agresseur dont on ne connaît, finalement, que sa langue).

Le pervers présumé, qui se sera cru dans un remake de « Total Rectal », a vite été appréhendé par la police (pour être sans doute mis aux à-raies), et mis au trou (j’imagine qu’il n’en demandait pas tant).

La conclusion est sans appel : « Compte tenu de son état psychiatrique, l’agresseur était encore, hier soir, au commissariat, en attendant la décision du parquet. »

Euh… et celle du siège ?

Demain, j’enlève le bas


Le deuxième article est beaucoup plus subtil, puisqu’il utilise la célèbre technique du teasing. En effet, quand on lit le titre, on est bien incapable de dire s’il s’agit d’un article sur le ménage, sur l’implantation d’un nouveau magasin Ikea ou sur la constitution européenne (même si on se demande ce qu’un grille-pain viendrait faire là-dedans). Dieu merci, le journaliste connaît ses gammes et il catégorise son article en préfixant le titre d’un sibyllin « sexe ». Il faut ce qu’il faut, on n’attrape pas des mouches avec du vinaigre et tout le tralala.


Le suspens étant insoutenable, je vous donne le sujet de l’article : les pompiers londoniens craquent et estiment que depuis « 50 nuances de Grey », les interventions pour décoincer les organes génitaux des londoniens dans divers ustensiles se multiplient.


Evidemment, à ce moment-là, on veut en savoir plus. Bravo monsieur le journaliste, vous avez fait fort. D’un sujet absolument sinistre, vous avez fait un objet de captation de notre attention.


Voici la liste (non exhaustive) des ustensiles qui peuvent à la fois pimenter votre vie sexuelle et vous permettre de rencontrer de vrais pompiers :

+ aspirateur (classique, préférer la version sans sac pour une meilleure aspiration)

+ grille-pain (bon là mon ptit gars, va falloir la photo parce que je suis pas trop sûr de comprendre la manip’)

+ anneau pénien (dans ce cas précis, à la limite, c’est pardonnable, vu que c’est un peu fait pour)


Le plus fréquent restant les interventions pour délivrer les pervers en herbe de leurs menottes (mais où ai-je foutu la clef bordel ?). J’imagine bien le mec menotté au lit et à poils qui accueille gaiement les pompiers la hache à la main, juste après la destruction de sa porte d’entrée. Il doit exister quelques moments de solitude pires, mais pas des masses.


Tout cela est très inspirant.


Vive le midi. Libre.


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