YMCA

Il y a des choses qu’il vaut mieux ne pas faire consciemment. Danser sur YMCA par exemple.

J’étais là à cette fête, à danser sur YMCA, et j’avais une conscience insupportable de la situation. Je nous voyais de l’extérieur, les mêmes gestes, toujours, et quand tout le monde lève les bras en Y, puis en M, etc., avec cette conscience que ça faisait plus de dix ans qu’on faisait ça, et les bras qu’on tourne ensemble en pointant le doigt, puis changement de jambe, cette conscience aigue du ridicule de la situation, et que pourtant tout était là, dans cette non-conscience du ridicule qui était indispensable à la vie, cette acceptation de l’inutile, et tout cela me faisait un mal de chien.

J’ai fermé les yeux très fort jusqu’à voir blanc. Déjà les premières notes de Billie Jean résonnaient. J’ai continué à danser.

La crise était passée.