Zabolicus

touag


Zone interDiTe, délimitée.. ne pas s'aventurer.. jeunes en perdition.. laissez les crever !

 

En bordure de trottoirs mêlés de dépôts de toutes natures, de grands quartiers vides de chaleur remplies quelque fois de haine aux recoins sombres, non loin d'une école primaire structurée revue et corrigée par les soins laissés entièrement à Algéco un concepteur ayant fait fortune sur le dos des autres, se trouvait mon territoire. Ceci n'est pas un post pour raconter une énième fois les misères des autres ou les miennes non juste peut-être l'envie d'écrire une bribe de ma vie de recracher des passages jamais digérés puis qu'importe ceci est mon coin ma zone de délation.

En plus d'être gamin comme si c'était une tare, bien souvent tu devais affronter les grands frères ceux qui te coursaient une lame quand c'était pas un calibre dans les mains ne sachant pas eux-mêmes le pourquoi du comment juste un 'Youpi' de joie s'extirpant de ta poitrine juvénile quand t'étais pas chopé. Mais c'était compté sur une timide trêve une halte de quelques heures.

J'ai connu de grands territoires de quelques centaines de mètres carrés occupés par d'ex taulards de la maison d'arrêt. Sans prétendre y avoir été j'ai vu ce quartier isolé aux portes de l'enfer chauffé à blanc sur des cailloux où quelques tiges de thym y poussaient comme rebelles sortant du macadam. Les ex détenus se tenaient tranquilles faisant chier personne et pour cause ils écoulaient leur came à l'écart des Zones pas très claires les soirs de pleine LuNe.


Ces mêmes 'caïds' comme ils aimaient se faire appeler vantaient leurs épopées de braquages et autres détournements de fonds. Moi j'aurais plutôt dit trous du cul car ca collait bien à ce genre de crapauds qui n'hésitaient pas entre autre à détrousser les vieilles des quartiers déformant leur chignon pétant leur dentier. Quelque fois, ces soit disant caïds détalaient assez vite en nous croisant et nous bousculant jetant par çi par là des sachets. On comprenait pas au début et ce n'est qu'à plusieurs reprises que l'on a saisi la 'chose' en apercevant les grises mines défigurées des caïds endimanchées du stYle ayant vu le bon Dieu travesti ou homologué fils de pute. C'est que les flics débarquaient.

Les condés eux-mêmes en personne dans notre quartier tenant en laisse des chiens pissant de joie à l'idée peut-être de se faire un steack de coke. Gamin tu traverses ces périodes sans troP de soucis sauf quand un grand te claques à la sortie de l'école parce que tu t'es viandé avec son morpion de frangin. La vengeance existait bel et bien étalée dans des réunions de fortune aux allures de combat. On choisissez alors nos 'cibles' prenant soin de les analyser jusqu'au terme final celui d'abattre le donneur de leçon.

Cartable au dos chaussures en manque de rajeunissement nuque recouverte de boucles couleur noisette je me rendais à cette école disparue aujourd'hui. Je le sais car je m'y suis rendu depuis. Il fallait beaucoup d'adresse pour parcourir tout ce chemin. Mon regard tourné vers mes garrigues que j'avais exploitées et qui restaient grandiOses pour moi et plein d'adresse aussi pour ne pas se faire écraser et rentrer entier au bercail.

Mais bien souvent trop souvent pas pressé de le faire car là aussi d'autres soucis attendaient ma pomme à la loge. De courage aussi il fallait quand un type cherchait à profiter des minots. La pédophilie existait bel et bien mais pas aussi diabolisée. Le cul ne faisait pas encore bien fortune. Je parle pas des soirées d'hiver où tout allait si vite quand tu traversais la route. Les murs de ma cité étaient teintés de béton et là je sais aussi, je sais qu'ils n'ont pas changés de couleur.

Le béton est solide comme un Roc.. résistant à toutes les saisons mais froid et sans aucune forme de compréhension de chaleur quand t'es jeTé entier là-dedans. Le linge étendu aux fenêtres des apparts, les pleurs des bébés, les larmes des chômeurs, les cris d'ivrognes tout cette merde rappelée à l'époque de vrais petits quartiers latins où seules les femmes détenaient d'autres langages étendant leurs culottes sans retenue les seins gorgés de lait.

Mes potos étaient tous des étrangers et j'étais devenu le leur au milieu d'eux de cette faune locale. Les couleurs étaient mélangées rien ne laissait croire que nous étions croisés seules les couleurs des shorts et bandanas étaient remises en question à l'arrière d'un parking. Une bande errante entre des tours bien élevées droites et ambitieuses des routes bîtumées de noires essentiellement graissées aux huiles 15w40 de chez Carrouf tout proche de notre territoire.

Les étés comme chaque été étaient passés au P'Ti Nice ou aux Prophètes à se ramasser au bord des rochers. On y allait à pied.. on savait tous que des 'galettes' se pavanaient dans ces coins paradisiaques de notre ville.

Des 'grands' venus d'autres quartiers avec des DonZelles de rêve comme sur les photos des magasines de femmes à poil que l'on trouvaient dans les poubelles ou que l'un de nous achetait se tordant la nuque en cachette pour comprendre les poses. Les grands ! on les emmerdait ! Le majeur pointé tout en criant le nom de notre quartier. On se mettait à courrir aussi vite juste après les jambes à notre cou et pieds nus. Peut-être qu'en y réfléchissant nous avions juste besoin de nous dégourdir.

Le quartier était devenu une cellule de survie une sauvegarde de notre enfance sans support juste des coins de manches pour estomper les larmes de nos visages. Les craintes s'estompaient d'un revers de bras. La haine et la violence sous nos tee-shirt. Nos terres, un lieu où un architecte avait dit-on eu l'audace de caser des familles sans se soucier des enfants. Les siens certainement mis à l'abri.

Je pensais alors qu'un dessinateur très doué, enfin un peu, avait eu la bonne idée d'imbriquer sur des plans de ses calques des tours ceinturées de murs et encore de murs. Certainement mieux que lui en classe de dessin, quand les autres ne jouaient pas à la belotte et que la prof se refaisait les lèvres les cuisses écartées chaude comme une porno star, je m'appliquais alors sur ma planche à dessin. Plus-tard, ce même personnage, l'architecte, a certainement rajouté in extremis et souliGné au stylo feuTre pleins de fenêtres si proches les unes des autres que nous ados nous nous voyions grandir chacun dans sa salle de bain.

  

Il y avait du barbelé que nous ne distinguions pas un rempart invisible. Les enfants des rues que nous étions devenus étaient tenus à l'écart. La lèpre n'existait pas ici donc oui, il me semble à présent qu'il y avait bien du barbelé clôturant ces espaces réservés entremêlés d'autoroutes comme pour accompagner nos destins d'enfants ailleurs qu'ici. Mais l'architecte avait été bon avec nous nous distrayant de la sorte en n'oubliant pas la fameuse ligne de chemin de fer. Il devait aimer jouer au p'ti train lui aussi quand il était enfant sur une planète différente de la nôtre..l'architecte.

  

Les dimanches midis les odeurs du quartier mettaient en éveil nos narines. Nous humions des odeurs de dindes grillées que les mamans sortaient des fours. Des trucs à elles changeant l'atmosphère des lieux un temps. Sans qu'elles s'en rendent compte elles offraient que du Bonheur en parfumant les lieux de tant de douceur. Il émanait aussi les jours de fêtes des effluves de couscous dans tous les couloirs des isoloirs. J'étais de la fête juste avant d'exploser la boite-aux-lettres du gardien dont sa fille, une pute, ne nous aimait pas.

  

Parcours de gamins aux mains à peine parsemées de douceur sans parler de blessures. Nous n'en parlions pas nous n'y pensions même pas. De temps en temps on se faisait suinter les narines à coups de stup. Regardant à gauche et à droite par peur d'être épiés. Le stup.. un joint à demi consummé sale jauni que l'on se passait en se brûlant les doigts.. de vrais truands nous étions devenus.. sauf que quand mon père arrivait dans le coin je n'étais plus celui qui se faisait appeler ' graine de terreur ' non mais plutôt : ' l'est où ce p'ti con de branLeur ' !

ca me faisait chier devant les potos mais le respect était de mise et tu fermais ta gueule.

  

Pas très souvent mais ca se produisait nous invitions d'autres étrangers dans notre cité. Histoire de parfaire notre éducation en échangeant nos méthodes d'attaques de train sur cette ligne dressée non loin des clapiers. Nous astiquions alors ces lieux de miséricorde à coup de pelles et de balais trop grand pour nous. Quel plaisir nous ressentions celui de repeindre les murs de tags les plus affreux les uns que les autres. Paraît que c'était interdit. Nous le faisions afin de nous montrer entreprenant vis-à-vis du gardien et de nous faire bien voir de sa fille en les repeignant de nuit.

De vieilles bagnoles sur les parkings servaient de rendez-vous pour ceux qui avait la maîtrise de la langue. J'en ai vu plus d'un se faire éjecter par la vitre baissée de la caisse et où la pouf sortait en titubant à la John WAYNE tordue de rire parce que trop bu ou trop de colle dans ses narines de lolita de 15 ans. Je parle de la colle à Rustine.

Rustine, milliardaire avec ses colles et ses pastilles à colmater les chambres à air des vélos. Sur les boites il était marqué ' unis pour la vie '.. c'est tout con. Rustine avait compris qu'il fallait s'unir et c'est pour ca qu'il détenait à lui seul la moitié du quartier. Une sorte de dealer réGlo. Il avait sûrement le sens du commerce en engloutissant les jeunes. Une vraie Pompe à fric. Peut-être sans le savoir, Rustine, dénommé Rustin, et ou ses cousins, a brûlé des millions de jeunes. Bizarre il n'est jamais venu nous rencontrer dans les quartiers nous qui faisions de la Pub graTos pour sa colle à la boîte verte où il était marqué dessus ' unis pour la vie '.

Pour frimer la 'primavera' Vespa 50 était de mise quand elle n'était pas volée. Tellement rare d'être en 'règle' quand tu nages entre deux eaux mêlées de requins dans ces cités dortoirs.

J'ai revu ce quartier.

Toujours les mêmes types de tronches se faisant truandes au soleil en attente d'un mauvais coup,

Zabolicus,

croYants au Paradis faisant un deal avec lui. Un peu comme nous à l'époque.

Les odeurs ont disparues sauf celles d'un Kebab dans le coin rien ne semble avoir changé aucune ride ne trouble les lieux si ce n'est les mêmes cieux.

Cependant j'ai pas retrouvé les arbres maigrichons plantés dans le macadam. Disparus eux-aussi.. trop de coups de caniFs.. d'histoires inscrites à la lame trempée.. trop de cris traversant le bois se perdant en ricochets dans ces ceintures de béton.. pas assez de cran à nos âges pour que les grands saisissent nos vie en se donnant la peine de se pencher.. pour au moins Faire semBlant de déchiffrer.


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