Ze Bar 2

bartleby

Parce que.

Je ne bois jamais d'alcool. Ça ne me réussit pas. Ou je ne suis plus dans mon état normal. Mais aux hommes, je leur dis que j'aime le rhum, le ponch, les mojitos… Ces trucs bien sucrés, là. Pour ne pas passer pour une rabat-joie. Alors lorsque je sors dans les bars ou en boite, je me dépêche de passer au comptoir et je commande avant toute chose un coca ou un jus d'oranges, parce que là dedans, on ne voit pas ce qu'on a pu y ajouter. Ou pas. Et par exemple, du rhum. Ensuite, je vais vers le fond de la pièce, je me pose et je regarde les gens danser. Et je repère celui qui danse le plus mal. Parce que moi-même je bouge comme un pachyderme. On n'est jamais tant en sureté que parmi les loups. C'est alors que je le vis, à l'autre bout de la salle. Question danse, pas de souci. Lui était parfait pour que je puisse passer inaperçue. Je m'approchais. Il allait de soi qu'il était déjà bien imbibé. Cela expliquait sans doute ses pas hors rythme. Je me cadrai dans son champ de vision, il leva la tête et là, face à ce visage cerné, comme triste, fatigué et pas rasé, je ressentis malgré tout comme un… Je ne sais pas. Je ne sais pas comment ça s'appelle, mais j'eus le sentiment que mes jambes étaient happées par un drôle de tourbillon. Je souris, donnant le change. Mais j'avais bien du mal à respirer calmement. Son regard perdu et flou sembla s'éveiller soudainement. Et il me demanda direct en cessant de danser si j'étais venue seule. De toute façon, même si j'avais été accompagnée, j'aurais tout laissé là, en plan. Mes yeux le supplièrent de m'inviter à boire un verre, ce qu'il fit, sans que je n'aie trop d'effort à fournir par hypnotisme.
Ce fut mojito, forcément. Je cédai immédiatement. Ohlàlà… Warning !
Alors, nous avons parlé. De jazz, de danse, enfin de pseudo-danse. Je riai facilement. Tout me sembla clair et simple avec lui. Il me faisait du bien. Il riait de bon cœur, sa bouche était une invitation tacite à la prendre pour la goûter. L'alcool montait, je ne savais plus s'il s'agissait d'ivresse ou d'une envie furieuse de rester encore à parler avec lui. Même toute la nuit. Nous nous trouvions, à mon grand bonheur, des points communs. « I'm in the mood for love ? J'aime énormément ce morceau… Et d'ailleurs, je trouve qu'il vous va très bien… ». Il passa sa main sur ma joue, la fit glisser jusqu'à mon épaule. Il en reçut un baiser, que je lui offris avec tendresse. Puis je partis en coup de vent.
- « Je viens souvent ici. On pourrait se revoir… Enfin, si tu veux », lui lançai-je avant de disparaître. Il me fit un geste de la main et je n'entendis pas sa réponse. J'étais vaguement soûle, mais j'espérai qu'il le veuille, lui aussi.

  • Bravo pour ce point de vue de la fille du bar.
    C'est un exercice assez difficile, il me semble.

    · Il y a presque 7 ans ·
    Black

    le-droit-dhauteur

    • Bah... Oui et non. Le fait qu'un texte existe déjà et donne une ligne directrice facilite grandement les choses. Et puis le personnage masculin me plait beaucoup, alors c'est plus facile

      · Il y a presque 7 ans ·
      49967 4832e34b8ef74d58bc32

      bartleby

  • Merki Dédé !

    · Il y a presque 7 ans ·
    49967 4832e34b8ef74d58bc32

    bartleby

Signaler ce texte