Zlatan : on ne place pas Dieu sur un podium

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Les salauds. Ils m’ont fait ça juste avant Noël. Et avec les compliments de la rédaction en plus. 2eme sportif suédois de l’histoire. Tu parles d’un cadeau empoisonné !
Les salauds. Ils m'ont fait ça juste avant Noël. Et avec les compliments de la rédaction en plus. 2eme sportif suédois de l'histoire. Tu parles d'un cadeau empoisonné ! J'ai le sentiment d'avoir été trahi par les miens, que j'aurai jamais les faveurs de cette Suède qui m'a pourtant érigé en héros. J'ai un sale goût amer au fond du palais, comme un roi seul en son royaume.


Et merde, tiens ! Pourquoi je balise au fond ? C'est qu'une décision bidon, une récompense imaginée par des gratte-papiers en mal de Une, une reconnaissance éphémère pour remplir les colonnes d'un journal….Non. Tu sais pourquoi tu balises Zlatan : parce que c'est un classement et que derrière chaque classement, il y a une hiérarchie. Un mec devant. Et des mecs qui suivent. Et moi, j'ai toujours été celui qu'imposait la hiérarchie, pas celui qui la subit. Si je fais ma place au soleil, tu vis dans mon ombre. Même Trezeguet a perdu son bronzage quand j'ai joué à la Juve. Et Van der Vart ? En deux ans, je l'ai envoyé en tribune, à côté de sa femme et des fans de l'Ajax, pour qu'il fasse comme eux : qu'il crie mon nom.


Putain, ouais je suis déçu. Ok, le Björn Borg c'est pas un peintre c'est sûr mais moi, bon sang ! Moi, je suis Michel-Ange, un artiste. T'as battu qui Borg ? Des mecs en un contre un ? Bravo, moi j'abats des équipes entières ! Tu me revois partir du milieu de terrain pour humilier toute une défense, partir à la cueillette aux reins et faire trembler les filets ? Ils étaient combien en face, toi, quand tu faisais tes petites foulées sur le court ? Ah. Laisse tomber. Je t'en veux pas à toi. On fait pas le même sport.
Même ces mecs que j'affronte tous les week-end ne font pas le même sport. Depuis que je suis dans le championnat de France, j'ai l'impression de faire des autographes sur le terrain pendant 90mn : mes adversaires ont mon autobiographie en livre de chevet mais aucune lecture de mon jeu. Et ca me plaît. C'est pour ça que je suis venu à Paris, pas pour gagner des titres mais un titre : celui de roi dans un Parc de Princes. C'est pas de l'ego mal placé, ni de la prétention : juste de la lucidité par rapport à qui je suis, à la vraie place qu'il faut m'accorder. Quand je pense que Guardiola voulait noyer mon génie dans le bain tiède de son collectif. Tsss…Pisse froid, ton Barca ca fait juste bander les ingénieurs syndiqués qu'aiment les angles droits et les plans de montage Ikéa. Et moi je suis pas de plan. J'improvise, je crée à l'instinct, je vole des moments et la folie du moment. Mes gestes ca s'apprend pas, ca se vit et ca se contemple comme Joe Hart devant le but de sa vie…et celui de ma carrière.


C'est peut-être ce but que les autres scribouillards auraient du mater une nouvelle fois avant de faire leur classement. Parce qu'après tout, il résume bien qui je suis : un joueur solo dans un sport collectif, qui collectionne les honneurs avant les trophées. Mais les titres sont trop importants pour les journalistes, c'est sûr. Alors forcément…J'ai gagné 4 championnats différents, conquis chaque pays dans lequel j'ai joué mais on me rappellera toujours cette Europe qui me fuit. Et si finalement ils avaient raison ces cons ?


Non ! Impossible, je vais pas douter et commencer à me remettre en question. Je l'ai jamais fait. C'est pas dans ma nature. Je reste sûr de moi. Comme toujours. Comme depuis le début, quand les gus d'Arsenal ont voulu me faire passer un essai. Un essai putain…Wenger m'avait pris pour un de ces gosses en stage d'été. Aujourd'hui, je lui rappelle qu'il n'est qu'un gardien de préau dont les équipes sont comme ses vestes : on y voit que les manches.


Non, vraiment, je vais pas me crêper le chignon : j'ai déjà tatoué l'histoire et les mémoires. Leur classement je m'en fous. Parce que je sais qu'on a déjà retenu mon nom, mon art, et qu'après moi, le football ne sera plus tout à fait le même. Même leur pays ne sera plus le même. Borg, Abba, Volvo, Ikéa : ils ont donné leur nom à la Suède. Mais avec moi, elle a un visage : certains me définissent comme un artiste, d'autres voient en moi un rebelle. Ils ne savent pas que je suis DIEU. Et Dieu ne peut être second



Article paru dans ALL EYEZ ON ME, le magazine des zoulous : https://twitter.com/All_Eyez_Mag

 
 
 
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