Zoé en veut un Max ! Chap10

Chapitre 10

Je m'approche de Steve et apporte délicatement, un sourire aux lèvres, le repas que « je » lui ai amoureusement préparé… La soirée continue dans la bonne humeur et les discussions vont bon train. On se regarde, on se sourit, on se régale… Mais je me sens bizarre, une espèce de malaise, de mal être plutôt : la culpabilité peut-être ?

 Steve ne cesse de me complimenter sur mes talents culinaires mais moi je sais très bien que je n'ai pas cuisiné tous ces mets et surtout que je suis loin d'être un cordon bleu même pour un simple plat du quotidien ! Il me dévore des yeux et me trouve sexy dans cette robe, mais moi je sais que sous mon pashmina « cache misère », la fermeture ne se ferme pas car je fais un bon 40 et je me sens comme un saucisson prisonnier dans son filet dans cette magnifique robe et depuis presque 2h je n'ai qu'une hâte, c'est celle de l'enlever pour pouvoir respirer correctement !

 Steve admire la décoration intérieure du séjour et nous découvre d'autres points communs que les fameux tableaux de Kandinsky, mais moi je sais que ce ne sont pas mes tableaux ni mêmes mes gouts, encore moins mes intérêts et souvent même je ne connais pas le sculpteur ou peintre dont il me parle, mais qui apparemment sont à l'origine des chefs d'œuvre exposés « chez moi »…

Il partage avec moi ses anecdotes équestres, persuadé suite au discours de Max que je possédais un cheval…

Steve est de bonne humeur et fait des blagues, je souris, mais je préfère l'humour de Max tout à l'heure…Je me sens mal c'est affreux…une sensation bizarre, une boule au ventre…comme si le soufflet était retombé d'un coup sans raison…pendant que mon bel avocat me parle de ses dernières vacances au ski, je ne cesse de me demander si je lui plairais vraiment, moi en tant que « seulement et juste moi » ??

Je repense aux paroles de Max juste avant que Steve n'arrive…et si Max avait raison ? Si Steve appréciait en effet la belle infirmière pleine de qualités qui partage ses goûts artistiques et son train de vie, mais n'apprécierait pas la petite paumée au chômage qui vit dans le logement social de ses parents et qui n'a jamais entendu parler de Kandinsky avant ce soir ?

Je me sens triste et honteuse, mal à l'aise et vulnérable, comme si d'un coup Alice était revenue du pays des Merveilles…Je suis perdue, je repense à toutes les scènes de ce début de soirée, mes émotions, ma honte, mes mensonges, mes confidences à Max, un parfait inconnu, peut-être pour soulager ma conscience finalement …

Je repense à ces derniers jours, ma fausse sortie du CHU quand Steve m'attendait avec des fleurs, cette magnifique robe super chère dans laquelle je ne suis pas foutue de rentrer correctement, le tarif exorbitant du repas que je mange à peine en pensant déjà à la situation de mon compte bancaire qui est loin de pouvoir me permettre ce genre de folies !

Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Peut-être juste le ressenti de cette sensation fabuleuse avec Steve de pouvoir enfin vivre un conte de fée, d'avoir la vie idéale qui me fait tant défaut depuis ces dernières années ? Le fait de me sentir vivante et de commencer à exister dans le regard de quelqu'un ?

Depuis quelques jours qu'on se fréquente, mon quotidien est passé de mélancolies-idées négatives-mauvaises nouvelles, à excitations, découverte et bonne humeur ! Lui, il me voit comme quelqu'un, comme une personne qui a réussit, comme une fille sympa, douée et même sexy !

Lui, il m'apporte des fleurs et me fait livrer une robe de haute couture !

Lui, il me croit quand je lui raconte mes exploits ! C'est appréciable et ça me change de ma famille qui critique toujours tout ce que je fais, de mes amis qui se moquent lorsque mon repas est raté ou qui me voit comme une gaffeuse, quelque part qui les fait rire mais qui est juste « incapable ».

Mon entourage me regarde comme une femme-enfant là où Steve me voit femme fatale et séduisante.

Mes proches ne me connaissent et reconnaissent que mes doutes, mes peurs, et mes limites, qu'inconsciemment ils m'imposent eux aussi. Steve me trouve déjà un côté battant, débrouillard et courageux !

Tout ce petit monde, proche ou non, que j'aime sincèrement de tout mon cœur pourtant, tout ce petit monde qui malgré lui me fait perdre ma confiance en moi,…Eh bien tout ce petit monde là je l'oublie dès que je suis avec Steve, avec cet homme qui m'écoute, qui me charme, qui me complimente, me fait rire et sourire et découvrir tant de choses que je ne connais pas… Et surtout, avec le regard qu'il pose sur moi je me sens bien, je me sens belle, désirée et désirable, je me sens valorisée, intelligente et en confiance ! Confiance en moi mais aussi en lui…

OK Ok Zoé, alors pourquoi se prendre la tête lors de cette somptueuse soirée en amoureux ? Pourquoi secrètement tout gâcher avec mes états d'âme alors que tout se passe bien ? Pourquoi m'imaginer le négatif alors que je n'en sais encore rien ? Pourquoi douter de ne pas lui plaire lorsque je lui avouerai mon chômage et mon lieu de vi ? Après tout je reste Zoé même en HLM  de banlieue avec un beau découvert sur mon compte en banque ! Ces facteurs extérieurs font toujours de moi la même personne : la gentille nana rigolote et bavarde que tout le monde aime ! Mes mises en demeure ne changent en rien ce regard noisette qui le fait fondre et ce sourire craquant qu'il aime tant ! En quoi mon CV me rendrait moins sexy ?

Vite reste positive Zoé et profite de cette soirée avec ce bellâtre !

Steve ne se doute absolument pas de tout ce qui vient de traverser mon esprit en l'espace de quelques secondes, et continue ses anecdotes de vacances d'hiver…je lui souris, on se taquine, il me parle d'Ambre, que nous avons donc en commun : il l'apprécie beaucoup et je suis déjà rassurée de savoir qu'elle et mon nouveau petit ami s'entendent bien même s'ils se voient très rarement! Je ne supporterai pas d'avoir à choisir entre eux pour passer de bons moments.

Rassasié par ce copieux repas, Steve me dévore des yeux…De mon côté, je suis très attirée, effrayée aussi, mais surtout complètement ivre…Il m'embrasse, on s'enlace, et on finit la soirée dans nos premiers et langoureux ébats, avant de nous endormir tendrement dans les bras l'un de l'autre…