Zoé en veut un Max ! chap8
karinette
Chapitre 8
Samedi 17 août : nous y voilà !
Que le temps passe vite ! J'ai hâte de revoir mon avocat bellâtre, qui se met depuis quelques jours à m'écrire des SMS très agréables : « hâte de te revoir », « tu me manques », « vivement samedi »…Je suis aux anges !
Ce soir c'est le grand soir : des heures entières à passer rien qu'entre nous, sans la foule de la ville ou les autres clients d'un restaurant ; que nous 2, Steve et moi et c'est tout ! La super soirée de séduction qui concrétisera le flirt qui nous unis depuis quelques jours déjà…la soirée de la vérité aussi : je ne fais aucune allusion sexuelle, je parle vraiment des petits mensonges sur mon lieu de résidence, mon soi-disant métier d'infirmière et j'en passe...
Même si paradoxalement pour cet instant crucial de vérité, je ne trouve pas mieux que de vouloir lui faire croire que j'ai cuisiné des Saint-Jacques et un moelleux au chocolat, roses et framboises et gingembre !
Mais c'est bien connu, avec les hommes, y a que deux trucs qui fonctionnent ; la bouffe et le sexe. Et ce qui est sûr c'est que ce soir déjà y'aura un repas…
La journée est passée à toute allure. J'ai fait un peu de sport : vélo d'appartement et une heure de marche rapide pour déstresser et penser à autre chose. Je reste nerveuse et j'ai très envie d'appeler Ambre, elle ne sait toujours pas comment ça va entre Steve et moi depuis qu'elle m'a imposé notre premier rendez-vous ensemble. Je ne la remercierai jamais assez ! J'ai envie de lui hurler depuis des jours combien je suis heureuse. J'ai envie de lui avouer que je crois à nouveau en l'amour, je pense que Steve et moi sommes faits pour être ensemble, je suis totalement séduite ! Mais j'ai peur qu'elle me dise une fois de plus que je m'emballe trop vite, que je suis naïve, ou alors le fameux « je te l'avais dit !! » que j'ai en horreur…
Mais de toute façon Ambre est en vacances pour quelques jours chez ses parents dans le Sud, je n'ose pas la déranger lorsqu'elle est en famille, même si elle me manque. Vivement son retour la semaine prochaine !
18h…J'arrive à l'appartement d'Eric, Boulevard Haussmann. Il revient la semaine prochaine aussi le frangin ! Il faut vite que je règle toute cette histoire au dîner tout à l'heure….
J'ai demandé au traiteur de venir bien plus tôt, afin que Steve ne le voit pas et que je puisse avoir le temps d'apporter ma touche très personnelle à ces bons petits plats !
La table est dressée : jolie nappe couleur chocolat, serviettes turquoise délicatement pliées en lotus, un chandelier et un soliflore, chocolat lui aussi, garni d'une superbe orchidée bleue…Je me suis même permise de sortir la belle vaisselle d'Eric et sa copine, de Villeroy et Boch !
Je suis prête aussi : peau douce et délicatement parfumée, maquillage de star à la Zoé (teint zéro défaut, œil de biche et lèvres glossy), des cheveux relevés qui dégagent ma nuque et laissent découvrir mes ravissantes boucles d'oreilles pendantes…
Et là près de moi sur le canapé, se trouve toujours ma belle robe verte d'un célèbre couturier, tentante…même en 38. Après tout c'est peut-être un grand 38 ? Ou peut-être que j'ai maigri sans même m'en rendre compte ? Je vais l'essayer tout de même.
Je saisis la robe et me dirige vers la salle de bain et son splendide miroir…Là je l'admire, juste posée devant moi…Magnifique ! C'est décidé, je la porterai ce soir, un point c'est tout!
Vite je l'enfile…
Hmmmm, mais c'est qu'elle est vraiment, vraiment très près du corps !
Je ne suis pas vraiment super à l'aise dedans. Je me tortille un peu…je tire un peu dessus : tantôt le bustier, tantôt plus bas sur la longueur…Je me tortille encore, et soupire…Rien à faire, elle me colle à la peau, le moindre petit poids avalé se verra imprégné dans le tissu !
Bon, positivons ! Après tout nous serons juste assis pour le diner ; je ne vais pas danser le tchatcha donc tout cela ne posera absolument aucun problème.
Il faut juste que j'arrive à fermer cette fermeture éclair dans mon dos et tout ira bien !
Mais déjà avec une robe à la bonne taille c'est le genre de chose pas facile à faire toute seule, pour nous les filles…Alors lorsque la robe est trop petite et serrée…Bon…Allez Zoé !
Je me tortille…Je commence par le bras gauche et le bas de la robe…Première étape franchie avec succès ! Je continue…Ca coince…Mince…je retente…Avec la main droite qui sait, je m'en sortirais sûrement mieux ? Outche…Non…J'insiste encore, je tire un peu le bustier vers le haut…Toujours bloquée…L'embout ne remonte pas du moindre millimètre…Mince ! Justement, « mince », si je l'étais un peu plus, grrrrrrrrrr ! Je coupe ma respiration, je me redresse et rentre le ventre…Rien ne bouge !
Je me tortille encore plus, véritable contortionniste ! Je me pince et grimace. Mes longs bras et ma souplesse n'y font rien : cette foutue fermeture refuse définitivement d'épouser mon dos ! ☹
Bon, réfléchissons…Je veux absolument porter cette robe, elle est superbe !
Alors passons au plan B : mon pashmina ! Pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt ? D'autant plus que sa couleur orange ira de paire avec cette robe verte dont le bustier est orné d'un liseré orange. Il n'y a pas de hasard ! Mon pashmina est la solution ! Quelle élégance en plus avec cet accessoire ! Parfait !
Voilà… Je mets mon pashmina sur les épaules : il couvre la majeure partie de mon dos ; impossible de voir que ma fermeture éclair est complètement ouverte car ma robe est trop étroite pour mes formes généreuses !
Formidable, je suis ravie ! Et si on passe à l'acte ce soir, alors je ferai semblant de descendre déjà ma fermeture et Steve pourra ensuite retirer ma robe délicatement ou non.
Voilà, je suis prête…Je me regarde encore dans le miroir, je suis plutôt jolie ce soir, et rassurée à présent.
On sonne. Le traiteur est là, quelle ponctualité ! J'ouvre la porte et le laisse entrer. Il est plutôt beau garçon. Très beau même. Il se présente poliment, « Max », puis entre avec la première partie de la livraison. Je me surprends à le dévisager avec peut-être un peu trop d'insistance…L'aurais-je déjà vu quelque part ? En tout cas il est très mignon et a beaucoup de charme…Le pauvre a dû faire seul plusieurs allers-retours dans ces interminables escaliers pour apporter tous les plateaux.
C'est magnifique, dommage que je doive détruire la présentation professionnelle pour la rendre plus personnelle et lui donner un style « fait maison »…
Vêtue de ma superbe tenue, je prends les plateaux, les Saint-Jacques, les ravioles, le veau…je mets cela dans plusieurs assiettes, je rajoute du poivre et du sel, j'écrase un peu le dessert pour gâcher la perfection esthétique ; voilà on dirait que c'est réellement moi qui l'ai fait, mais vraiment bien fait tout de même.
Max me regarde, mi-amusé, mi-intrigué. Il finit par me questionner et bizarrement je lui raconte toute l'histoire, de façon spontanée et naturelle, confiante, comme si je le connaissais depuis toujours et pouvais me confier à lui. Je réalise trop tard mon monologue, surprise de mon comportement impulsif !
Max lève les sourcils : « mais, mademoiselle, si je comprends bien, vous payez une fortune un repas gastronomique pour le détruire et vous souhaitez prouver ainsi que ces plats sont le fruit de votre travail ? Vous cachez votre robe qui ne se ferme pas car vous mentez sur votre taille ! Passe encore…Mais surtout vous mentez sur votre métier, votre identité, vos goûts, vos origines ! Je ne suis pas certain que ce soit un repas qui puisse arranger les choses ! Ce n'est pas honnête, il finira vite par s'apercevoir que vous n'êtes pas si parfaite que vous le dites et il va vite déchanter et vous en vouloir !! »
Là c'est moi qui fronce à mon tour les sourcils : non mais pour qui il se prend ce Max le traiteur ?
Alors je lui réponds et la conversation prend vite une ampleur que je n'aurai soupconnée :
«- Ecoutez Max, cela ne vous regarde pas, je regrette de vous avoir tout raconté !
Et moi je suis sûr que non ! peut-être que vous m'avez tout raconté parce que vous savez que ce n'est pas juste et que vous n'osez en parler à personne de peur que vos amis vous jugent ! Alors vous confier au traiteur, un parfait inconnu que vous ne verrez plus jamais, ça soulage votre mauvaise conscience.
Quoi ?? mais c'est n'importe quoi, vous ne me connaissez même pas.
C'est vrai, Mademoiselle, mais je connais les hommes, j'en suis un ! et moi une fille qui me ment depuis le début, je ne peux rester avec elle…si elle ment sur des broutilles comme un plat de cuisine, je ne vois pas l'intérêt ; si elle ment sur des choses plus importantes comme un appartement qui ne lui appartient pas ou une profession qu'elle n'exerce pas, je prends peur ou alors j'aurai de la peine pour elle et lui suggèrerais une bonne thérapie, mais en tout cas aucune attirance, aucun sentiment, aucune relation basée sur un manque de confiance ! et la fille séduisante pour moi est réellement séduisante quand elle s'assume et s'adapte, pas quand elle se cache et triche avec des gaines ou des sous-vêtements ampli formes !
Je n'ai pas de soutien gorge ampli formes, ma poitrine est naturellement généreuse !
Je vous crois, mais votre ventre n'est pas si plat ! » ricane –t-il.
L'enfoiré ! Pour qui il se prend ce minable petit traiteur de pacotilles ! Il n'est même pas si beau que ça en fin de compte !
Je lui aurais bien balancé un plat à la figure, mais au prix qu'ils m'ont coûté ! Et puis soudain, la sonnette qui retentit…..DRINNNNNNNG
Ca c'est Steve…Il a un peu d'avance, vite il faut que Max dégage ! Bye bye le traiteur insolent qui croit me connaître et qui se permet de me faire la morale !
« - Allez vous-en à présent, mon invité arrive ! Il est en bas !
Et il ne doit pas me voir je suppose ; Monsieur ne pas voir le traiteur qui vous a ramené les plats que vous avez si bien cuisinés toute l'après midi !
Mais enfin, partez je vous dis ! Je me passerais volontiers de vos commentaires !!
Je crois surtout que vous vous passerez volontiers de vous entendre dire la stricte vérité, nuance !
Mais enfin Max, quel est votre problème ?
Moi ? Aucun, mais je me permets de vous retourner la question, Mademoiselle : quel est votre problème à vous pour en arriver là ? D'où vous vient ce manque de confiance en vous ?
Quoi ? Mais moi je ne vous permets rien du tout et puis j'ai confiance en moi !
Ha oui, vraiment ?? Dites moi alors pourquoi vous sentir obligée d'en faire autant pour séduire un homme que vous connaissez à peine ? Pourquoi ne pas être simplement vous-même ? Pourquoi mentir et jouer un rôle ?
Vous ne comprenez décidemment rien ! Je vous ai dit qu'il était avocat, toute sa vie est réussite ! Je vis chez mes parents dans un logement social ! Steve est physiquement parfait et moi pleine de défauts derrière ce maquillage ! Il me plait et je veux lui plaire ! Tout ce qui attrait à la séduction nécessite mensonges et jeu de rôle, tout le monde sait ça voyons !
Dans une certaine mesure éventuellement…Alors la femme de ce soir lui plaira sans aucun doute…La femme que vous êtes les 364 autres jours de l'année, Dieu seul le sait…
Quoi ? Mais qu'est-ce que vous racontez ? Taisez-vous et partez s'il vous plait, il est en bas et je le fais attendre à écouter inutilement vos sottises !
Mais comment ferez-vous s'il tombe amoureux de vous telle qu'il vous voit et qu'il n'aime pas la véritable femme dans son logement social qui enchaine entretiens et rendez-vous au Pôle Emploi ? Que lui direz-vous lorsque le masque finira par tomber, le laissant entrevoir ne serait-ce qu'une partie de vos imperfections et de votre véritable personnalité si différente de celle qui l'aura séduit ? »
DRIIIIIIIIIIIING DRIIIIIIIIIIIING DRIIIIIIIIING ! C'est ce qui s'appelle être sauvée par le gong ! Steve insiste un peu à l'interphone, en bas de l'immeuble…et il n'a pas tort. En quelques secondes à peine, le traiteur m'a complètement déstabilisée et fait perdre toute confiance en moi…
J'ai l'impression d'avoir été giflée violemment là !
Non non, je ne dois pas l'écouter, qu'est ce qui m'a pris de parler de ma vie privée à un parfait inconnu, un parfait crétin qui doit lire des magazines féminins rubrique courrier du cœur pour me parler ainsi !
« Très bien Max, je vous remercie beaucoup de cette belle psychanalyse, mais vous qui savez tout, vous savez alors certainement que c'est l'instant présent qui compte ! Le futur n'a pas sa place à ce repas et encore moins dans notre conversation….Conversation, qui d'ailleurs, appartient déjà au passé, n'est-ce pas ? Alors merci beaucoup pour la consultation gratuite, et bien le bonjour chez vous ! » lui dis-je sur un ton ironique, avec un grand sourire aux lèvres, tout en lui présentant la direction de la porte et en appuyant sur le bouton de l'interphone afin d'ouvrir la porte de l'immeuble à mon homme…
J'ouvre la porte et fait signe à Max de sortir. Au même instant, Steve arrive, il est là, juste devant moi sur le palier ; mon Dieu qu'il a fait vite pour monter les étages !
« Bonsoir Zoé, finalement une voisine m'a ouvert la porte, elle a été plus rapide que toi, je ne pouvais plus attendre une seconde de plus pour te voir », me glisse-t-il avec un sourire charmeur en m'embrassant sur la bouche.
Il se retourne et aperçoit Max à mes côtés ; il lui jette aussitôt un regard jaloux et interrogateur et se retourne vers moi.
« - qui est ce jeune homme Zoé ?? me demande Steve.
Euh, ben c'est Max ! je réponds, le plus naturellement possible. Steve lui serre la main et continue ses questions, évidemment,
Et qui est MAX ??
Mon cousin ! lui dis-je spontanément.
Vraiment ? me répond-il, soupçonneux
Pourquoi te mentirais-je enfin ? je lui lance d'un air vexé…
Oui pourquoi ??? dit Max d'un ton ironique en s'incrustant dans notre dialogue !!
excuse-moi, me dit Steve, gêné.
Pas de souci, et de toute façon Max est venu me rapporter quelque chose, il s'apprêtait justement à partir quand tu es venu.
Si vite ? je ne vous ai pas fait fuir j'espère Max ? prenez donc un verre avec nous ?
Non non Steve, Max est pressé, il faut qu'il s'en aille. » là je commence à avoir la boule au ventre, à quoi il joue Steve ?
« OK » répond MAX. « juste un verre pour l'apéro alors ! »
Quoi ? Je deviens dingue ou le traiteur que je fais passer pour mon cousin s'incruste à l'apéritif dans l'appartement de mon frère dans lequel je fais croire à mon petit ami que j'habite ? Je sens que la soirée va être longue.
:) merci beaucoup :))) ben dis donc ça fait plaisir de voir que t'es très active sur mon espace :D merci ! j'ai pas fini la lecture "chez toi" encore, et quelques soucis de connexion et de dispo aussi...la suite arrive, bonne lecture
· Il y a presque 9 ans ·karinette
Excellent! Du Vaudeville à ta sauce :)
· Il y a presque 9 ans ·rainette