~5Le temps d'un été, de Paris à Beyrouth...~5~

ines-saade

LIBAN-Beyrouth

A des kilomètres de là, Layla se prépare comme chaque matin. Elle habille sa fille pour la déposer chez ses parents. La petite Naïla est encore toute endormie et a du mal à réagir. Layla redouble d'effort pour soulever ce petit corps.

Cela fait deux mois qu'elle a arrêté ses études de médecine, quand son mari Sadie est décédé. Ses parents lui ont proposé plusieurs fois de l'héberger pour qu'elle continue ses études mais fière comme elle est, elle a refusé.

« Peut-être ai-je fait la plus grosse erreur de ma vie ? »se demande t'elle souvent avant de se reprendre « Non c'était la meilleure solution, de toute façon j'aurai pu tenir un an tout au plus mais et après ? Comment aurai-je pu participer aux frais de la maison, aux dépenses pour Naïla ? Non, j'ai fait le bon choix, j'en suis sûre. C'est tout ce qu'il fallait pour ma fille.

Sadie, si tu me vois de là haut, je te déteste ! »

Layla fond en larme à chaque fois qu'elle songe à sa vie. « Mon Dieu Aide moi. » Elle sèche ses larmes et se reprend. Il n'est que 7heures du matin, la journée est encore longue.

Elle finit de se préparer et s'apprête à sortir lorsque le téléphone sonne…


Au téléphone son père parle d'une voix agitée et angoissée. Il crie pour se faire entendre parmi tout le brouhaha autour de lui. Layla réussie à capter quelques mots qu'il répète en boucle : « valises », « fuir », « guerre ».

Layla sent ses jambes trembler et son cœur est au bord de l'explosion. Serait-ce le début d'une nouvelle guerre ? Où sont ses parents ? Sont-ils en danger ? Et sa fille, sa vie, comment la protéger ? Son premier réflexe est d'allumer la télévision pour comprendre ce qui se passe.

C'est alarmant, sur son écran on ne distingue que des nuages de fumée émanant d'immeubles en ruines, effondrés comme de simples châteaux de sable. La voix de la journaliste en fond, explique que tous les habitants doivent rester chez eux et si possible dans les caves. Le voisin attaque de nouveau…

Elle sent la panique l'envahir, mais une petite voix dans le creux de son coup lui redonne un peu de force : « maman, i è ou doudou ? » .

Sadie, comment faire sans toi ?

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