« La fumée envoie au pa ra dis... »

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11h 03 ce mercredi 2 mai, 50°49′59″N 4°21′59″E pour être très exact. Je m’apprête à franchir le perron de la boulangerie. Dans le schéma cortico-moteur de comment entrer dans une boulangerie, j’en étais précisément à l’attaque talon, c’est dire si effectivement, je m’apprêtais. Quand mon intention fut stoppée nette par un « Monsieur ?! » visiblement destiné à ma personne.

« Oui », m’enquis-je pensant, altruiste, que la suite m’inviterait à aider mon prochain. Activité que je ne rechigne jamais à pratiquer pour peu bien sur qu’elle se situe en dehors de mes heures de sommeil, de trajet, de travail, de repas, de repos et évidemment d’apéro, laquelle, cette dernière, commençait pourtant sérieusement à poindre.

« Oui ? », donc répondis-je, le regard interrogateur, la posture aimable et l’âme généreuse.

« VOUS VENEZ DE JETER VOTRE MEGOT PAR TERRE, C’EST INTERDIT PAR L’ARTICLE 10. MERCI DE LE RAMASSER ET DE ME PRESENTER UNE PIECE D’IDENTITE»

Oh l’enculé ! Pensai-je.

Erreur.

LES enculés. Ils étaient 3 !

TROIS « agents administratifs », gentil euphémisme signifiant « recalés au concours de flic », dont la fonction n’est autre que de battre le pavé pour traquer le fumeur, néo terroriste de nos sociétés fraîches, pures et aseptisées, arrivé à ras du filtre et le majeur fléchi, s’en débarrassant d’une pichenette souple comme l’enfant d’une vulgaire crotte de nez, laquelle, soit dit en passant, n’est, elle, bien qu’aussi dégueulasse, pas concernée par ledit article 10.

Article 10 qui, je cite, interdit de déféquer, uriner, cracher et jeter ses mégots sur la voie publique. Heureusement il laisse tout loisir d’y vomir, gerber, dégueuler, réaction première qui vient à l’esprit et à l’œsophage face à cette brigade de l’impossible, fusiliers urbains, GIGN du macadam et impôts locaux...

Et le pinard, et la viande rouge, les putes et les V6.

Mais ils vont pas nous foutre la paix un jour ? Faut plus boire, faut plus fumer, faut faire du sport. Même au supermarché, j’ai vu un mec planquer une entrecôte sous des paquets d’Ebly et de Quinoa. Véridique. A la caisse, il était à l’aise comme une mule à la douane.

Mais détend toi mon poto que j’y ai dis, JOUIS. Maintenant et ici, tout de suite. Parcequ’à ce rythme-là, on aura même plus le droit de bander quand on aura envie de bander, j’te’l’dis mon Pierrot !

Bon, le gars devait s’appeler Michel, pis il avait pas vu l’film. Du coup il a fait un drôle d’air et il a mis la p’tite barre « client suivant » bien ostensiblement. Après il a sorti sa carte de fidélité, ses bons de réduction et il a montré son cabas vide. Le type pas vraiment Pétain mais pas Aubrac non plus quoi.

Bref.

Bien pensant et propres sur vous, qu’est ce que ça peut bien vous foutre qu’on se bouche les tuyaux, qu’on s’encrasse les éponges et qu’on se laisse pousser les granules du moment qu’on sort les sacs bleus le jour des sacs bleus, les jaunes le lendemain et qu’on crève pas les pneus de vos vélos !?

Les avions, les trains, les restos, les bars. La Nouvelle Zélande qui projette de devenir le premier pays non fumeur d’ici 15 ans. Mais qu’est ce qu’on vous a fait ?! Pour mériter cet opprobre grandissant, exponentiel même ? Vous nous foutez les jetons. Moi je crains la troisième, la purificatrice, la verte, la bio. Pis pour le coup, pas besoin d’étoile, on a déjà deux doigts jaunes...

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