2 souvenirs de banlieue

cheramy500

Il s'agit de deux souvenirs de la vie d'un habitant de la banlieue parisienne. L'un a trait à l'incendie d'un véhicule et l'autre aux accidents de personne sur le réseau express régional.

                                          Souvenirs de banlieue 

                                                  La journée

Le suicide par ingestion de pesticides est devenu la principale modalité de suicide dans le monde. Germain qui habite en Seine-Saint-Denis et utilise la ligne B du réseau express régional (RER) pour se rendre à son travail à Paris n'est pas concerné par ce type de suicide.

En fait, il a été gêné beaucoup plus souvent par des accidents de personnes voire des accidents graves de personne, sur la ligne B. Cette dénomination recouvre des situations différentes. Il s'agit bien sûr de suicides mais il s'agit aussi de personnes poussées sous le train ou de personnes ivres ou sous l'emprise de drogues ou de médicaments qui ont fait une chute sur les voies. Chaque année apporte son lot d'accidents de personnes qui perturbent la circulation du RER et de moins en moins celle du métro, car plusieurs lignes sont équipées désormais de portes automatiques qui empêchent ce genre d'accident. Pour le RER, cela mettra sans doute encore beaucoup de temps avant que toutes les gares soient équipées de ces dispositifs.

C'est pourquoi Germain, en sa qualité d'usager de la ligne B, connaît ce type de problème et et n'est pas surpris comme d'autres voyageurs réguliers de la ligne quand il entend les hauts parleurs du train annoncer que le trafic est interrompu en raison d'un accident de voyageur voire d'un incident grave de voyageur. Il sait ce que recouvrent ces termes et a subi occasionnellement les désagréments entraînés par ces accidents, retards des trains ou interruption plus ou moins longue du trafic. Il a ainsi le souvenir du suicide d'un couple à hauteur de La Courneuve qui avait entraîné l'interruption du trafic jusqu'au au milieu de l'après-midi. Il a remarqué que ces accidents ont souvent lieu aux heures de pointe ou dans des gares importantes assez près de Paris ou dans Paris même. Il en a déduit que ces personnes, dans le cas ou elles n'habitent pas à proximité du lieu de leur suicide, souhaitaient causer une gêne au trafic de voyageurs.

Ce matin Germain attend le train sur le quai de la gare de Sevran-Livry. Le train tarde à venir et il est saisi d'un sombre pressentiment. Le train est toutefois bien arrivé à la gare et Germain a pu monter dans le train, s'asseoir sur un siège et ouvrir son journal. Aucun message sonore annonçant un accident de personne ne s'est fait entendre et Germain, a pu lire son journal avant que son train n'arrive à Châtelet ou se trouve sa correspondance et il est arrivé à l'heure à son travail.

Toutefois, dans l'après-midi, mu par ce même pressentiment, il est allé regarder les nouvelles sur internet. Il a pu lire, qu'en effet, le matin du même jour vers 9 heures, une jeune fille s'était jetée sous le train dans une gare située à deux stations avant celle où il attendait son train ce matin. Cette jeune fille n'avait pas reproduit le scénario habituel car elle avait choisi une gare et une heure pour son suicide qui n'ont pas occasionné de gêne importante au trafic pour les usagers de la ligne B. Elle habitait sans doute près de cette gare.


                                                   La nuit


À l'époque Germain habitait dans une commune de la Seine-Saint-Denis. Il avait parmi ses voisins un commerçant sympathique et entreprenant qui avait exercé plusieurs activités indépendantes. La dernière était la vente de viandes et volailles rôties et de plats cuisinés sur les marchés. Pour son activité il entreposait dans son fourgon du matériel servant à la préparation et à la cuisson de ces produits.

Ce soir-là Germain s'était mis au lit vers 23 heures avec son épouse. Il s'était endormi et se réveilla après avoir entendu ce qui lui sembla être un bruit de verre brisé. et un autre bruit dont il compris ensuite qu'il s'agissait de d'un bruit d'embrasement . Il Il habitait au premier étage d'un immeuble d'habitation et il vit par la fenêtre de sa chambre des lumières jaunes et oranges s'agiter derrière la vitre. Il se leva, réveilla son épouse et s'approcha de la fenêtre de la chambre pour regarder à l'extérieur.

Le véhicule de son voisin brûlait et des flammes étaient en train de dévorer l'habitacle du fourgon. Il se rendit dans le salon pour décrocher le téléphone et faire le numéro des secours. Il n'eut pas besoin d'attendre longtemps pour obtenir une réponse car au bout du téléphone un pompier pris très rapidement son appel. Germain lui indiqua qu'un véhicule brûlait devant sa fenêtre. Son interlocuteur, sans doute rodé à ce genre de situation, lui demanda son adresse et lui indiqua que les pompiers allaient arriver.

Par sécurité Germain avait demandé à son épouse d'aller s'assoir dans le salon. Il retourna toutefois dans sa chambre et entendit plusieurs détonations. Les pneus du fourgon éclataient les uns après les autres sous l'effet de la chaleur et l'air était plein d'une fumée noire causée par le plastique qui brulait.

Germain n'attendit pas longtemps. Il vit clignoter l' équipement lumineux du camion des pompiers et entendit le bruit que faisait la sirène de leur camion, puis celui de l'eau projetée par leur lance à incendie sur le véhicule en flamme. L'incendie ne tarda pas à s' éteindre. L'intervention rapide des pompiers avait empêché l'incendie de prendre trop d'importance et de se propager aux véhicules voisins même s'il découvrit le lendemain que certains avaient quand même subi des dégats. Par chance, le réservoir d'essence du fourgon n'avait pas pris feu.

Quand il parla le lendemain de l'incendie du véhicule à son voisin, celui-ci lui dit: “ Tu sais, nous avons eu beaucoup de chance. Les bouteilles de gaz dont je me sert pour faire cuire mes poulets et ma paella étaient vides ou presque vides. Heureusement elles n'ont pas explosé. ..”

Germain repensa ensuite à ce que lui avait dit son voisin. Ce dernier habitait dans le même immeuble mais pas du même côté du bâtiment. Si les bouteilles de gaz dont il se servait pour son activité et qui mesuraient près de deux mètres de long chacune avaient explosé, l'explosion aurait sans doute démoli une partie de l'immeuble mais lui et sa famille aurait sans doute été saufs mais pour Germain et son épouse qui étaient aux premières loges, elle aurait peut être été fatale..

Il y a eu à cette époque d'autres voitures incendiées dans le quartier mais pas directement sous la fenêtre de Germain.

Après cet et événement, le soir, Germain mettait un certain temps à s'endormir. Allongé dans son lit, il regardait par la fenêtre la lumière jaune et orange des lampadaires et était également attentif aux bruits qui venaient de la rue. Il continuait à se demander si cette lumière et ces bruits étaient ceux d'une voiture à laquelle on venait de mettre le feu ou ceux plus habituels de la rue.

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  • oups! En voilà des histoires!!! On dirait des faits divers... un peu traumatiques.... Bienvenue!

    · Il y a plus de 3 ans ·
    One day  one cutie   23 mademoiselle jeanne by davidraphet d957ehy

    vividecateri

  • Ce qui me fascine dans cette histoire d'incendie de véhicule en guise de cri d'alarme c'est que, si ça se trouve, certains ont brûlé celle de leur voisin avec qui ils ont bu un coup quelque temps avant. Absurde. Comme les pesticides. Bien dit.

    · Il y a plus de 3 ans ·
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    enzogrimaldi7

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