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La boutique était pleine à craquer de personnes en tous genres. Ses clients habituels se pressaient dans un coin, alors que de nouvelles têtes ne cessaient d'entrer à mesure que la journée se déroulait. Il n'était que treize heures, et pourtant, Adèle se sentait déjà désespérément fatiguée. Annie n'arrivait que dans une heure et elle ne serait pas de trop. Toutes les minutes, Adèle se faisait interpeller par quelqu'un qui souhaitait un conseil. A croire que personne n'avait prévu ses achats de Noël à l'avance.
Quand elle avait quitté Liam, ce matin, elle s'était sentie surmotivée, prête à affronter la foule de la journée et, au fur et à mesure que le temps passait, elle s'était sentie sécher, comme un vieux fruit. Les clients happaient son énergie et elle n'arrivait plus à se régénérer.
Ce qui l'aidait à tenir, c'était les chants de Noël que des haut-parleurs installés dans la rue diffusaient en fanfare. Mais aussi l'effervescence de la rue qui entraient dans la boutique à chaque fois que quelqu'un ouvrait la porte. Les rires, les chants, les odeurs de marrons chauds et de vin chaud. C'était exactement l'ambiance de Noël qui se diffusait jusqu'à elle et ça l'aidait à garder le sourire et à cacher ses yeux fatigués derrière des clins d'œil.
A chaque fois qu'elle devait préparer un paquet cadeau, elle pensait à Liam qui s'était tellement appliqué pour emballer les cadeaux pour sa famille ou pour ses amis. Elle aurait eu bien besoin de lui pour garder la cadence ; elle n'était pas franchement une grande experte des emballages cadeaux, alors la plupart du temps elle commandait des pochettes, pour éviter d'avoir à utiliser du papier cadeau.
Aux alentours de quatorze heures, Adèle remarqua rapidement une tignasse dans la foule des clients ; c'était Annie qui venait lui apporter soutien et force pour terminer la journée. Elle ne pouvait pas venir l'aider longtemps la veille de Noël, mais elle passait toujours au moins une heure, pour lui faire un coucou et ça aidait toujours Adèle à reprendre un peu de force. Si elle avait de la chance, Liam aussi passerait pendant sa pause à la librairie. Quoique, peut-être qu'il n'avait pas franchement envie de quitter un lieu bondé pour un autre.
Annie s'approcha difficilement du comptoir où se trouvait Adèle, encore et toujours en train d'emballer des cadeaux. Elle n'en pouvait plus de fermer le papier cadeau et d'ajouter des rubans.
- Bonjour toi ! Il y a du monde, dis donc ! Pas trop fatiguée ?
- J'essaye de ne pas y penser. Mon cœur balance entre fatigue immense et joie extrême de voir autant de monde ici. Au bout de quelques années, la boutique a enfin trouvé sa place.
Elles échangèrent un sourire, tandis qu'Adèle continuait de se concentrer sur ses paquets cadeaux. Elle revisionnait les images de Liam en train de fermer les cadeaux dans le salon et elle faisait de son mieux pour reproduire ses gestes.
Soudainement, Annie la bouscula et prit sa place. Elle lui offrait quelques minutes de répit et Adèle lui pressa le bras pour la remercier. Elle choisie de prendre de l'avance et donc, d'encaisser les clients suivants, qui ne nécessitaient pas forcément un paquet cadeau élaboré ; une petite file s'était déjà formée dans la boutique.
- Alors ? Vous passez la soirée chez tes parents, à ce que j'ai entendu dire ?
- Arrête Annie… C'est moi qui te l'ai dit.
- Oui, bon, ajouta-t-elle en levant les yeux au ciel. Tu es pressée de le présenter à tes parents ?
Adèle prit le temps de réfléchir à ce qu'elle ressentait tout en continuant à encaisser les clients. Elle voyait déjà les clients qui attendaient ses conseils pour se décider, mais pour le moment elle n'avait pas le temps de s'écarter du comptoir. Elle se perdit dans ses réflexions au sujet de la boutique et Annie fut obligée de la bousculer une nouvelle fois pour qu'elle réponde à sa question.
- Je crois que ça me stresse. Ça fait longtemps que je n'ai ramené personne et Liam est si…
- Génial, mignon, adorable, attentionné, prévenant ?
Elles se regardèrent et un sourire apparut sur les lèvres d'Adèle. Elle n'aurait su quel qualificatif allait le mieux à Liam, tant il était toutes ces choses en même temps.
Adèle ne se sentait pas particulièrement inquiète que ses parents n'apprécient pas Liam, elle avait peur qu'ils fassent des remarques déplacées, qu'ils parlent de toutes ces années seules à ne pas attendre sagement un prince charmant. Pourtant, elle avait fini par le trouver, son prince charmant. Comme quoi, il ne faut jamais arrêter d'espérer.
- Je suis certaine qu'ils vont l'adorer et qu'ils vont adorer te voir heureuse avec lui. Crois-moi, tu respires la joie de vivre. Je dirais même que tu rayonnes, précisa-t-elle, avec un regard appuyé.
Elle sentit ses joues chauffer et se concentra sur les clients qui se pressaient derrière le comptoir. Elle était ravie de remarquer que ses créations personnelles partaient comme des petits pains, tout autant que les autres créations sur le thème de Noël et de l'hiver.
Pendant une bonne heure, Annie resta à ses côtés pour l'aider à endiguer le flot de clients. Seule, elle n'y serait jamais parvenue, alors elle ne cessa de remercier Annie.
Au bout d'un moment, son amie du partir mais cette visite lui avait donné un regain d'énergie et elle s'activait de son mieux pour satisfaire tous ses clients. Grâce à cela, elle réussie à terminer l'après-midi facilement, tout en ayant avalé une moitié de sandwich au poulet ; l'autre moitié trainait toujours sur le coin du bureau.
Il était dix huit heures quand elle tourna la clé dans la serrure et baissa le rideau de fer devant la vitrine. Elle était exténuée mais vraiment fière de son petit commerce qui fleurissait et voyait passer de plus en plus de clients.
A présent, elle devait se dépêcher de rentrer. Liam avait terminé plus tôt et devait normalement se trouver à l'appartement d'Annie pour se préparer. Elle avait encore un petit quart d'heure de marche avant de le rejoindre, mais ça ne l'empêchait pas de se réjouir. Elle avait hâte de lui raconter sa journée, même si elle serait parsemée d'épisodes de fatigue et de stress.
Ils n'auraient que peu de temps avant de devoir repartir pour la maison parentale, mais elle allait tout de même prendre le temps de s'arranger un peu.
A l'idée de cette soirée, elle avait un nœud à l'estomac. Elle espérait tellement que sa famille accepterait Liam, mais elle ne pouvait pas le garantir. Ils avaient toujours été agréables avec ses copains, mais, là, il s'agissait de quelqu'un de bien différent.
Elle pressa le pas pour arriver plus rapidement à son appartement ; non seulement il faisait un froid de canard, mais en plus elle avait bien besoin d'un câlin de Liam pour surmonter sa fatigue. Elle avait tellement hâte de lui raconter l'effervescence de la journée ! Il serait si fier de voir la boutique s'envoler, lui aussi ; pas autant qu'elle, mais quand même.