22h

ella

Image trouvée sur We heart it

Le ciel est aquarelle ce soir.

Le bleu est sombre au-dessus de ta fenêtre, mais quand ton regard s'éloigne, il pâlit ; comme un vieux jean délavé par d'incessants passages à la machine.

Au loin, au-dessus du toit de tuiles rouges bordant ton champ de vision, flotte un petit nuage gris, tout aplati et étiré comme une pâte à biscuit trop fine. 

Quelques lézardes rosées apparaissent çà et là, comme si un peintre féerique, perché sur un tapis de contes, s'était envolé pour marquer cette géante toile bleue de traînées roses-orangées, transformant la voûte céleste en décor des mille et une nuits.

Mais devant ce tableau, tout devant ce carré de paysage que t'offre ta fenêtre, s'étale une grande tâche noire, large à la base, fine au sommet, tel un épais point de peinture qui aurait dégouliné de tous côtés. Il s'agit d'un arbre, d'un gros chêne touffu, dont les feuilles frémissent doucement au gré du vent mais au travers desquelles subsistent toujours quelques petites pépites bleutées.

Puis la nuit tombe, encore un peu plus.

Les couleurs changent de teinte. Le nuage gris disparaît. Le rose, le dégradé céruléen sont balayés à coups de rouleau sombre. Les pépites s'assombrissent ; les contours de l'arbre sont de moins en moins définissables. Les feuilles ont arrêté de se balancer.

Alors enfin, l'obscurité emplit toute la toile. Ton bout de paysage est transformé en miroir, parfaitement lisse, parfaitement noir. Du toit rouge ne reste plus qu'une touche de lumière, provenant certainement d'un veilleur, comme toi. Le reste du tableau a été chassé. Sur ton carré de fenêtre, ta petite chambre blanche a pris place en reflet.

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