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Elle n'arrêtait de jouer avec ses mains et de tordre ses doigts. Même s'il restait concentré sur la route à cause de la neige, Liam voyait clairement qu'elle était très stressée à l'idée de cette soirée de Noël ; et il réussissait aussi à le ressentir. Il n'arrivait pas à comprendre si c'était sa présence dans sa famille qui la mettait si mal à l'aise.
De temps en temps, Adèle lui jetait un coup d'œil et pendant quelques minutes elle était calme et sereine, et puis le cercle infernal recommençait.
Avant qu'ils partent, elle avait vérifié plusieurs fois les paquets cadeaux pour être sûr de ne pas en oublier et surtout, qu'il y en ait au moins un pour tout le monde. Passer le réveillon avec ses parents semblait la mettre dans un énorme état de stress, ou alors était-ce simplement le réveillon qui la mettait dans cet état, elle qui voulait toujours tout contrôler.
- Est-ce que c'est ma présence qui te fait paniquer ? Parce que tu n'es pas très calme, actuellement.
- J'ai toujours peur d'oublier quelque chose pour Noël, ça ne gênerait personne, sauf moi. Je ne supporterai pas d'avoir oublié un cadeau. Et en plus, cette année, je leur présente quelqu'un. Ça n'arrive pas très souvent et ils risquent d'être exécrables et de te mettre extrêmement mal à l'aise.
- Ne t'en fais pas, ce n'est pas la première fois que je rencontre des parents. Je saurais y faire face.
Un sourire s'épanouit sur les lèvres d'Adèle et elle posa tendrement sa main sur la cuisse de Liam. Elle lui était particulièrement reconnaissante de sa douceur et de cette envie qu'il avait de toujours tout arranger. Elle avait vraiment besoin de quelqu'un comme ça dans sa vie.
Du coup de l'œil, elle reconnue les décorations et les bâtiments de la mairie ; ils étaient déjà arrivés chez elle, ou presque.
La voiture traversa la rue principale et elle dicta la route à Liam, pour qu'il les emmène jusqu'à la maison familiale. Arrivée devant, elle sentit une boule de trac dans son ventre, mais un regard vers Liam lui permit de se sentir mieux. Elle lui indiqua où se garer pour ne gêner personne ; beaucoup d'autres voitures étaient alignées le long du trottoir.
En sortant de l'habitacle, le froid glacial les gifla et ils se dépêchèrent de vider le coffre. Malgré le froid, Adèle eut besoin de s'arrêter quelques instants devant la maison. Avec tous les paquets, elle ne pouvait pas attraper la main de Liam, mais ils échangèrent un regard et ce fut tout aussi agréable.
Ils gravirent les marches l'un derrière l'autre, Adèle en tête. Elle n'eut même pas besoin de toquer pour que la porte s'ouvre, à croire que quelqu'un les attendait juste derrière. Et ce n'était peut-être pas faux, car sa mère lui sauta dans les bras dès qu'elle posa un pied dans la maison. Avec les cadeaux dans les bras, elle ne put que se laisser embrasser et fut soulagée lorsque ses frères et sœurs lui prirent les paquets des bras ; grâce à cela, elle ne casserait rien pour le moment.
Liam, qui venait juste derrière elle, fut également déchargé et ils restèrent tous les deux debout dans l'entrée. Adèle se sentait mal à l'aise en sentant le regard de ses parents les détailler.
- Je vous présente Liam. Liam, ce sont mes parents, et mes frères et ma sœur.
- On est ravis de vous avoir avec nous pour Noël, soyez le bienvenu, annonça la mère d'Adèle.
- Je vous remercie de m'accueillir parmi vous. Je ne voulais pas vous déranger, mais Adèle a insisté.
Ils purent enfin se rendre dans le salon, où les cadeaux seraient regroupés sous le sapin décoré.
En longeant le couloir jusqu'à la pièce du fond, elle enleva son manteau et l'accrocha à une patère sur le mur. Elle enjoignit Liam de faire de même avec un sourire et un regard. Il lui rendit son sourire, et en lui tendant sa veste, il frôla sa main. C'était sa manière à lui de lui apporter son soutien. Ils tardèrent un peu à revenir et la famille de la demoiselle les appela depuis le salon.
Elle leva les yeux au ciel et repartit bon gré mal gré vers la pièce principale. Mais avant, Liam la rattrapa pour glisser sa main dans la sienne. Au moment même où il collait sa peau à la sienne, elle sentit une bouffée de chaleur lui remonter dans le cœur, accompagnée d'une énergie soudaine.
Adèle se sentait tellement reconnaissante de l'avoir auprès de lui à l'heure actuelle. Elle adorait ses parents et être auprès d'eux pour les fêtes était une tradition qu'elle ne souhaitait jamais changer, mais malgré tout, venir accompagnée de Liam l'apaisait. Cette année, elle n'aurait pas à souffrir des remarques sur l'amour et les copains qu'elle ne ramenait pas assez.
Ils entrèrent dans le salon et se rapprochèrent des autres en silence. Une discussion était lancée autour du sapin et Adèle et Liam prirent place sans un bruit, pour ne pas gêner la conversation. Elle regarda Liam, qui suivait les discussions en tournant la tête vers celui qui parlait. Parfois, il jetait aussi un coup d'œil vers les autres spectateurs, qui ne participaient pas au débat ; peut-être pour voir ce qu'ils pensaient, peut-être pour observer leurs réactions.
Au bout d'un moment, il croisa même le regard d'Adèle et ils se sourirent. Dans ses yeux, il avait su lire son amusement et il se doutait que c'était à son sujet. A chaque fois qu'il se retrouvait au milieu d'une conversation, il était incapable de ne pas suivre les rebonds des mots, comme au tennis.
Adèle remarqua que sa mère n'était pas assise autour de la table du salon, alors elle se leva pour la retrouver à l'endroit où elle devait forcément se trouver : dans la cuisine. Liam la suivie car il commençait à se sentir mal à l'aise dans cette conversation qu'il ne comprenait pas. Et puis, ce devait être important pour Adèle de présenter personnellement son copain à sa mère, avec qui elle s'entendait très bien de ce qu'elle lui avait confié.
- Tu as besoin d'aide, maman ? questionna Adèle, en entrant dans la pièce.
Sa mère préparait les assiettes des entrées et releva la tête en souriant quand Adèle lui posa la question. C'était toujours dans ses habitudes de proposer son aide, mais sa mère n'avait pas l'habitude de l'accepter. Elle faisait pratiquement tout toute seule, sans jamais demander l'aide de quelqu'un d'autre. Et cette fois encore, elle secoua la tête en continuant de disposer les aliments.
- Parle-moi un peu de cette rencontre. Comment vous vous êtes tombés dessus tous les deux ?
Liam et Adèle échangèrent un regard et elle en profita pour glisser ses doigts contre les siens. La table camouflait cette douce étreinte et elle se sentait plus à l'aise en sachant que personne ne les verrait.
- Tomber, c'est le mot le plus adéquat. Je suis tombée sur la place, près de mon appartement. Et Liam est venu m'aider à me relever. On s'est quitté sur un sourire ; je lui étais reconnaissante de m'avoir aidée et il avait fait sa B. A. du jour. Mais le lendemain, c'est lui qui est tombé, au même endroit. J'étais là, moi aussi, et aux souvenirs de son aide, je me suis décidée à aider quelqu'un, aussi. Ensuite, on est allé boire un café, ajouta-t-elle en haussant les épaules.
- C'est une jolie rencontre.
La maman releva la tête vers eux et leur sourit. Elle passa plus de temps à fixer Liam mais de façon bienveillante. Elle le remerciait silencieusement d'être entré dans la vie de sa fille, parce qu'il semblait la rendre extrêmement heureuse et lui apporter une énergie positive et déterminée.
Adèle et Liam furent chassés par la mère de la demoiselle. Elle ne voulait pas les voir trainer ici alors qu'ils devaient profiter de la soirée, avec les autres. Ici, il n'y avait rien à voir.
Ils haussèrent les épaules et retournèrent au salon. Avant de passer la porte du salon, la mère d'Adèle jaillit de la cuisine.
- Les enfants, attendez !
Brusquement, ils se retournèrent. Ils avaient peur qu'elle ait renversé quelque chose de brulant sur elle et qu'elle ait besoin d'aide pour se nettoyer et se soigner. Ou alors, elle avait changé d'avis et elle souhaitait leur aide.
Une fois face à elle, ils purent remarquer qu'elle allait bien et qu'il ne lui était rien arrivée. Elle était toujours aussi charmante dans ses vêtements clairs.
- Ça fait déjà deux fois que vous passez sous le gui, leur fit-elle la réflexion, en désignant le brin suspendu du doigt.
Ils levèrent les yeux pour observer le petit bouquet qui se balançait au-dessus d'eux. Adèle envoya un regard de feu à sa mère, mais celle-ci était déjà retournée en cuisine.
Liam et Adèle se regardèrent et se sourirent. Il voyait bien dans les yeux d'Adèle qu'elle accepterait qu'il soit trop mal à l'aise pour l'embrasser, là, au milieu de tout le monde. Mais il se pencha vers elle, encadrant son visage de ses mains et ils échangèrent un baiser tendre qui dura quelques secondes. Ils retournèrent s'asseoir en se tenant la main et elle se laissa aller dans ses bras, tout en écoutant la conversation.
Ils passèrent une belle soirée, ponctuée de rire et d'embrassades, de cadeaux et de lumières. A minuit, ils se regroupèrent autour du sapin pour s'offrir les cadeaux et tout le monde fut extrêmement gâté. Adèle remarqua à cette occasion que Liam avait prévu des petits présents pour sa famille et cette découverte lui gonfla le cœur de fierté et de plus d'amour, encore.
Elle-même reçue un très beau cadeau qu'elle contempla longuement. C'était une boite remplie de sachets de chaï latte, comme un souvenir de leur premier rendez-vous. Avec ça, il lui avait emballé un livre qu'elle avait longuement hésité à acheter la fois où elle était venue le retrouver à la librairie.
Liam, lui, reçu un nouveau pull de Noël, scintillant et bariolé, tout ce qui plaisait à Adèle ; lui, par contre…
Ils avaient échangé des baisers et personne ne les avait regardés d'une façon étrange. Liam avait même profité du bruit ambiant pour lui avouer que c'était la meilleure soirée du réveillon qu'il avait vécu. Et cet aveu l'avait rendu d'autant plus joyeuse.