30.

Solitude, je crie ton nom. 

30 ans dans une semaine exactement. 

Quel est le bilan de ma vie ? Quel est le bilan de ces 30 premières années ? 

La solitude. Dimanche après-midi, seule à tourner en rond dans mon appartement de 40m2 dont je ne suis même pas propriétaire, comme un poisson rouge tourne dans son triste bocal. 

Ne jamais se fixer d'objectifs. 

Il y a 10 ans, je m'étais fixé le cliché parfait de mes 30 ans : mariée, 2 enfants, le pavillon en banlieue, le monospace, le chien, les vacances à la mer l'été, au ski l'hiver. 

Je n'ai rien de tout ça, si ce n'est mon fidèle compagnon à 4 pattes. 

Demain, ça aurait fait 7 ans avec mon ex, si je n'avais pas pris la décision d'arrêter il y a 11 mois. Mais voila, lui mon fameux cliché, il n'en avait que faire, alors j'ai tout envoyé valser. 

Je suis la, assise sur mon canapé inconfortable au possible (plus jamais acheter sur internet sans essayer), le dernier livre de Musso qui vient d'être commencé, à manger mon Banana bread aux pépites de chocolat. Certains appellent ça la paix absolue, ils envient cette tranquillité, j'appelle ça la mort à petit feu. J'envie leur vie avec leur baraque mal rangée, les jouets des gosses à droite et à gauche, les cris, les machines qui attendent, les déjeuners en famille, les diners sur le canap en amoureux à s'endormir devant le film qu'on a mis 15 minutes à choisir. 

Je ne veux pas juste une maison, je veux un foyer. Je veux du partage, des rires, des prises de tête pour des tâches ménagères, je veux gueuler parce qu'on est en retard le matin ou que mon mec a pas encore fait ce que je lui ai demandé. Donnez moi de la vie, donnez moi de l'amour. 

Quelqu'un m'a dit : "si vous n'avez pas tout ça, c'est peut être une chance". Elle est où la chance la dedans ? Les larmes qui coulent, se sentir seule, partout, tout le temps, même quand il y a du monde autour. Elle est où cette putain de chance de pas avoir ce que je veux ? Dites le moi, je la vois pas cette chance. Je vois que mon quotidien bien rodé, travailler, aller au sport, manger équilibré, ne plus boire d'alcool, faire attention à ne pas faire trop d'excès, préparer le semi-marathon, sortir le chien matin et soir. Et puis quand c'est trop, quand ça déborde, aller rouler pendant une heure, deux heures, enchainer les kilomètres à travers les routes de campagne, avec des musiques toutes plus déprimantes, rouler vite, un peu trop, se faire peur mais prendre son shoot d'adré pour avoir l'impression de vivre. 

Attendre, attendre le bon moment, la bonne personne, la bonne décision. Finalement, je crois que c'est la vie qui n'est pas faite pour moi. J'en ai tellement rêvé que je ne suis plus capable de patienter.