3h du mat'

3h du mat', je ne sais toujours pas dire l'heure en allemand, je crois que je ne le saurai jamais en fait car je n'aime pas les chiffres. Oh compter jusqu'à trois en allemand c'est rigolo après c'est inutile, ou presque. Calculer, faire mon compte je ne sais pas trop, je devrais être plus vigilante, non moi mon truc c'est donner, ceux qui me lisent régulièrement ne doivent pas être étonnés. Donner des trucs du quotidien, donner une part de mon empathie, de ma sympathie, de mon coeur, non pas mon coeur. Je ne veux pas encore mourir. Je garde pour moi ce qui fait tourner la machine, mécaniquement et symboliquement, je suis un coeur emballé dans un foulard myosotis, il respire ce coeur avec tous mes souvenirs et mes espoirs. L'espoir de passer un Noël avec des gens que j'aime, pas forcément de la famille, des gens que je ne fréquente pas forcément, que je rencontre une fois tous les ans et encore. Et on aurait des tas de choses à se dire, eux surtout car je dois faire un effort pour parler la plupart du temps. Enfin, ça dépend...

Chocolats et macarons, c'est la période où l'on mange, ou l'on se fait plaisir. Plaisir d'offrir, plaisir tout court, soins et désirs, long chemin à parcourir jusqu'à l'arrivée au bercail. Se poser, réparer les bêtises, arranger les bouquets, les pièces à vivre comme de fins joyaux, fines perles de culture s'écrasant sur le sol. Partir à la recherche de soi, d'un ami, revenir avec une silhouette fatiguée qui a longtemps voyagé, haut mannequin fluide d'1 mètre 87 qu'on porterait dans ses bras comme le Jésus de la Pietà de Michel-Ange.

A Sienne, à Florence je n'ai pas suivi les explications du guide, je voulais naviguer, me laisser porter par les "flots" d'un voyage où coeur et culture se lient entre eux tels le lierre et la glycine. Petits hameaux, grandes contrées, le vide se remplit d'une fine pellicule de neige, de brouillard, avez-vous le loup dans la cité? Quand les animaux sauvages se domestiquent, c'est le début d'une socialisation un peu étrange, où la faune danse dans l'après-midi d'une barre d'immeubles. Cité des marronniers, cité des tilleuls, il y a une volonté d'humaniser le ciment et le béton, tandis qu'on se les pèle sur les bancs de bois et de froid aluminium.