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Lev Hamels
BONSOIR !
Bonsoir.
Oui, il m'est maintenant impossible d'entendre ou lire ce mot sans penser à toi. Stupide ? Probablement. Délicieux ? Assurément.
Chaque souvenir auquel tu es relié l'est. Des instantanés, tu sais ? Le cerveau qui prend une photo.
Je me rue vers ton ordinateur pour changer de musique et te taquiner, et finit le cul à terre.
Je suis cramponnée à ton bras, et vois un chien. Ton soupire annonce cette phrase, devenue un gag récurrent.
"Oh, un chien !"
Je suis nue, sur ton lit, sourire au lèvres, et tu m'apportes un verre de lait avec du sirop de fraise.
Le tram approche de l'hôtel de ville, je coupe ma musique et scrute scrupuleusement à la vitre, entre les corps fatigués par la routine. Tu es sur le banc, en perfecto noir.
Nous marchons dans la rue, et un homme nous interpelle.
"Je vous regarde depuis tout à l'heure, et vous êtes une image de stabilité, vous êtes très beaux."
Rires et remerciement gênés.
"Et vous savez ce qu'il reste à faire maintenant ? Des enfants !"
"Oui monsieur, bonne journée"
Quelques mètres, et nous voilà à pouffer, les larmes aux yeux.
T'embrasser, et tes lèvres ont le gout sucré de la fraise.
Tu joues du violon, je fais le métronome. Ça m'amuse.
Tu joues du piano, je retombe amoureuse. Ça t'amuse.
Et puis ce jeu, délicieusement niais, d'embrasser les grains de beauté de l'autre. Il faut dire que les tiens sont biens placés. Le haut de la joue, la nuque... Les miens sont plus provocateurs, comme sur la cuisse, ou alors plus galant, comme celui au creux des jointures de ma main gauche. J'ai la chance d'en avoir un sur la gorge.
Quand je pense à ceux qui disent que l'on ne s'aimait pas vraiment ! Sans doute étaient-ils aveugles, ou tristement sérieux.