-4- Ma crise de la cinquantaine

ecriteuse

ou mon entrée en campagne

Ce petit chemin qui sent la noisette

 L'adjoint est le guide officiel du Village, j'entends plus que je n'écoute le discours monocorde de Monsieur Marcel, qui n'a de rock an roll que ses santiags, il explique que sa bastide est fondée en 1281, que son architecture est médiévale, je la regarde cette Bastide, elle est posée au milieu de ses jardins, je suis dans la contemplation, mes yeux fouillent, cherchent, heureux de poser un regard lointain.

D'un coup d'un seul mon oreille devient toute ouie… » Une phrase résonne « Cette maison est à louer…. » Ma bouche fait l'écho « Cette maison est à louer »?

Une Bâtisse de pierre sur 3 étages…face aux jardins, un garage facilement transformable en atelier, mon imagination est en ébullition, ma vie artistique va commencer…

J'apprendrais plus tard et trop tard que cet adjoint un tantinet illuminé sera le seul à voter contre ma venue, son prétexte : - Pas d'intello au village…-. Un compliment que je ne mérite pas, un défaut que pourtant j'apprécie.

Ma décision est prise si je peux vivre dans cette maison, je vivrais dans ce village.

Mon esprit s'envole, batifole avec le rêve, je déraille et reprend mon train pour Paris.

 

L'île aux enfants

 

Plus rien ne me retiendra, je suis en crise, dans ma tête il ne reste que des rêves insensés.

Adieu Paris, la grise, je m'en vais pour le vert campagne même si jusqu'à présent mes envies étaient faites de vagues, de bleu et d'écume.

Expliquer à mon enfant, l'enfant que je suis redevenue, ne va pas être simple.

A la capitale j'informe mes colocataires de mon déménagement prochain et j'organise un repas avec mon fils pour lui annoncer ma nouvelle vie, mon prochain départ, ma fraîche aventure.

Je suis éloquente sinon convaincante, j'explique le village magnifique, mes projets : atelier d'écriture et de peinture pour enfants, mon idée de créer un jardin pédagogique, ma petite association qui se lancera dans l'édition.

Avant de claquer la porte, dans son entrebâillement, il lâchera ses derniers mots : -Tu as trouvé l'île aux enfants, tu regarderas bien, Casimir ne devrait pas être loin. Dans quelque temps pour devenir une vraie artiste tu te couperas une oreille, mais sans moi ! –

 Je suis sans lui depuis, depuis 3 ans, il a tenu parole.

 Voici venu le temps des rires et des champs.

 Dans les cartons, j'empile ma vie, je plie mes souvenirs. Je remonte le temps, le dépoussière. Je divague grave, un déménagement ça chamboule l'âme. L'envie me prend de me coller sur le front l'étiquette - Attention fragile – de m'entourer de papier bulle, je suis scotchée, emballée. Sur le colis, on écriera - Objet sans valeur, destination inconnue.-

Un de mes colocataires me propose de louer un camion, de m'accompagner et de me déposer dans ma nouvelle vie.

Je ne pars pas toute seule dans mon aventure, mon fidèle labrador fait parti du voyage.

L'air du changement n'a pas échappé à son flair, il me fixe de son regard de chien inquiet, il me surveille, renifle mes appréhensions, je le rassure et lui promet de jolies promenades dans l'herbe verte. Je sais qu'il sait -j'ai le trouillomètre à zéro- .

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