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Cette fois, c'est chez lui qu'ils allèrent. Il n'habitait pas très loin de la place qui abritait le marché de Noël et il lui avait proposé de lui montrer où il vivait. Il se sentait redevable, aussi, parce qu'il avait pu entrer chez Adèle comme un ami et il voulait lui rendre la pareille.

De toute la soirée, ils n'avaient pas quitté la main de l'autre, sauf pour manger un morceau et boire leur vin chaud avec les deux mains. C'était une sensation étrangère pour tous les deux, mais ils l'appréciaient beaucoup.

Devant chez lui, personne ne les attendait, contrairement à la fois où ils étaient allés chez elle. Ils en rirent tout en montant jusqu'à son appartement.

Adèle se sentait un peu mal à l'aise de s'introduire comme ça chez lui, même si c'était sous son invitation. Elle se doutait qu'il avait dû ressentir la même chose lorsqu'il était entré chez elle et elle comprenait maintenant pourquoi il avait eu envie de partir.

Elle se glissa à l'intérieur après lui et fut époustouflée par la vue qu'il avait depuis le salon. Avant même d'avoir déposé sa veste, elle était devant la fenêtre, à observer les toits qui laissaient peu à peu la place aux arbres du parc. C'était si beau, si poétique.

Liam s'approcha d'elle et resta debout à ses côtés, devant la fenêtre. Lui non plus ne se lassait pas de cette vue, et pourtant, il habitait ici depuis longtemps maintenant. Mais il adorait voir la nature reprendre le pas sur le béton et le ciment.

- Ça te plait ?

- Enormément. C'est très beau, entre l'urbain et le rural. On voit peu ça, en ville.

Elle se tourna vers lui, et la lune et les réverbères illuminèrent son profil. Elle avait l'impression de le voir pour la première fois, de le voir vraiment. Pour la première fois, elle glissa elle-même sa main dans celle de Liam, tout en continuant à l'observer. Elle vit qu'il souriait un peu plus depuis que leurs mains se touchaient de nouveau.

- J'ai passé une excellente soirée, merci beaucoup. Ça m'a beaucoup aidé de ne pas repenser à cette journée.  Tu m'as beaucoup aidé.

Alors seulement il se tourna vers elle et reposa son épaule contre la fenêtre. L'entendre dire cela lui faisait du bien, il était satisfait. Son but premier avait été de passer une belle soirée en sa compagnie et d'oublier tout le reste ; par chance, ça avait très bien fonctionné.

Il frôla sa joue avec son pouce et il déclencha un frisson qui secoua Adèle de la tête aux pieds. Tout de suite, il recula son doigt, mais elle lui sourit.

Sans qu'ils s'en rendent compte, ils s'étaient rapprochés de façon qu'ils puissent sentir le souffle de l'autre sur leur visage. Elle leva les yeux vers lui car il avait au moins une tête de plus qu'elle. Ce qu'elle lisait dans ses yeux lui fit monter un frisson dans les jambes. Comme souvent, il la regardait fixement, mais cette fois, son regard était plus chaud et englobant. Adèle se mordilla les lèvres et posa ses yeux par-dessus son épaule, au-delà des toits.

- Je suis content d'avoir pu t'aider. Tu peux compter sur moi.

Elle lui sourit un petit peu plus fort qu'auparavant.

Du coin de l'œil, elle remarqua qu'il se rapprochait d'elle. Elle tourna son visage dans sa direction et leurs lèvres se rencontrèrent quelque peu brutalement. Il avait prévu que son visage se trouverait plus loin, mais en tournant sa tête, elle s'était rapprochée. Tout de suite après l'impact, il était devenu bien plus doux et avait même glissé sa main dans son dos.

Liam lui faisait tourner la tête, et depuis le début de la soirée, elle avait eu envie qu'il l'embrasse. Et c'était enfin le cas. Elle avait dû être patiente, mais il finissait par se lancer. Elle se sentait avalée par les sentiments qui surgissaient si violemment en elle. Avant ce baiser, elle n'avait osé y faire face, mais, à présent, elle ne pouvait plus faire semblant de ne pas les remarquer.

Elle s'agrippa au pull de Liam pour ne pas perdre l'équilibre. Dieu seul savait à quel point elle était proche de défaillir, pourtant.

Son baiser était si doux, et pourtant, il lui semblait si féroce et avide, comme s'il attendait cela depuis longtemps. Peut-être que c'était le cas, et qu'elle ne s'en était pas aperçue avant. Il s'écarta légèrement, retirant sa bouche de la sienne pour reprendre son souffle, mais il garda le contact entre leurs fronts.

Elle croisa son regard et se sentit défaillir à la vue du regard qu'il posait sur elle.

- Pardon, c'était inapproprié.

- Plutôt inattendu.

Ils respiraient encore un peu fort, et ils n'avaient pas encore bougé. Ils voulaient rester là longtemps, ils se sentaient si bien dans cette position ; l'un auprès de l'autre.

- Je suis désolé.

- Recommence, lui dicta-t-elle.

Mais il n'eut pas le temps de réagir qu'elle s'était déjà chargée de l'embrasser. Il était resté interloqué par sa demande, il ne s'attendait vraiment pas à ce qu'elle accepte, qu'elle ait envie de recommencer. Et pourtant… Elle glissa sa main autour de sa taille pour se rapprocher de lui.

Ce second baiser fut d'autant plus agréable qu'ils eurent tous les deux une part active. La première fois, Adèle était restée stoïque, tant il l'avait surprise ; mais à présent, elle lui partageait combien elle en avait eu envie, elle aussi.

Encore une fois, ils se séparèrent l'un de l'autre, mais leurs regards ne réussirent à se quitter. Ils avaient encore trop de choses à partager pour que la soirée s'achève maintenant, même s'il était tard.

Liam lui caressa la joue, et, cette fois, aucun frisson ne lui parcourut le corps, mais elle se délecta tout de même de son contact. Il lui semblait qu'elle avait attendu ça depuis si longtemps, alors qu'ils ne se connaissaient que depuis quelques semaines. En fait, c'était lui qu'elle attendait depuis longtemps, cet étrange prince charmant qui l'avait aidé à se relever de sa chute. C'était cette attente, cette alchimie qu'elle recherchait dans chaque relation, mais qu'elle peinait à trouver. Avec lui, elle n'avait pas eu besoin de réfléchir très longtemps. Elle avait senti que quelque chose se passait au moment même où elle avait levé les yeux vers lui, ce fameux jour.

Pour la deuxième fois de la soirée, elle le prit dans ses bras et il referma les siens autour d'elle, en la serrant un peu plus fort contre lui. Il n'avait pas l'habitude d'agir de cette manière ; en général, c'était lui le plus réservé des deux, mais avec Adèle, il se sentait tellement à l'aise que ses barrières cédaient facilement.

Elle reposa sa joue contre son torse, où elle pouvait entendre son cœur battre vite et fort. La preuve qu'il se passait quelque chose de réel entre eux, qu'elle ne faisait pas que l'imaginer. Elle-même avait l'impression que son cœur allait jaillir de sa poitrine tant il s'était emballé.

Pendant un certain temps, le temps sembla passer au ralentit. Ils étaient l'un contre l'autre, à regarder dehors les flocons qui s'étaient remis à tomber, et ils ne demandaient rien de plus. Ils semblaient prêts à passer l'intégralité de leur nuit dans cette position.

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